Les annales du Disque-Monde, Tome 31 : Jeu de nains

Un des plus beaux Pratchett que j'ai lu. Émouvant j'entends. La paternité de Vimaire, la chanson pour s'endormir, le risque de céder au racisme. L'héroïsme de Vimaire. Les "Ténèbres qui gardent".
Il est vraiment triste que le grand Terry Pratchett nous ai quitté. LA MORT aurait vraiment été sympa de nous le laisser en bonne santé encore quelques années pour qu'il continu à nous délecté de ses histoires...

Un Terry Pratchett, ça fait toujours plaisir à lire, d'autant plus s'il s'agit d'une des aventures du disque-monde, qui se déroule à Ankh Morpok dans le guet.

De tous ses héros, j'ai toujours eu une préférence pour Mémé Ciredutemps et Sam Vimaire, je trouve que les livres les mettant en scène sont les meilleurs de la série, et « jeu de nains ne fait pas exception à la règle ».



On retrouve tout ce qui fait le charme du disque-monde : l'univers à la fois barré et très bien construit, avec une logique interne implacable, des personnages bien campés, de l'humour, des clins d'oeil… On retrouve bien évidemment Sam Vimaire, jeune papa qui prend ses devoirs très au sérieux, Carotte et Angua, qui doit composer avec l'arrivée d'une nouvelle venue : Sally la vampire, ce qui a tendance à la hérisser. Détritus est également de la partie, et on remarque combien ce personnage a évolué depuis sa première apparition. Colon et Chicard sont toujours là, et fidèles à eux-mêmes. Vétérini n'a pas changé d'un iota.

Ça fait plaisir de retrouver ces personnages qui, au fil des romans, sont presque devenus comme de vieux amis.



Comme souvent dans les romans du guet, l'intrigue démarre comme une enquête policière, avant de s'élargir au fur et à mesure que l'enquête dévoile de nouvelles ramifications. Je dois dire que j'ai été happée dans l'histoire, j'en ai suivi tous les rebondissements, et que la fin a constitué une réelle surprise. C'est aussi pour ça que j'aime Pratchett : pour sa capacité à surprendre et à sortir des sentiers battus. Sérieusement, je n'aurais jamais pensé que la phrase « ce !! N'est !!! Pas !!!! Ma vache !!!! » puisse un jour être utilisée dans un contexte épique. Et pourtant… (pour savoir à quoi je fais référence, il va falloir lire le livre).



Derrière tout l'humour, l'univers du disque monde, l'intrigue trépidante, se niche aussi une réflexion plus profonde, sur l'identité des exilés, le fondamentalisme religieux, le rôle de la police, les choix personnels… Comme toujours chez Pratchett, aucune morale n'est assénée, tout est délivré par petites touches, mais quand on referme le livre, on se prend à réfléchir à son contenu bien plus qu'on n'y aurait cru.



En résumé : un très bon Pratchett, passionnant du début à la fin, avec une mention spéciale pour le final.
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Il y a 2000 ans dans la lointaine et ô combien dangereuse vallée de Koom, les nains et les trolls se sont affrontés (ou du moins ont essayé très énergiquement avant d'être engloutis par plusieurs tonnes de flotte, mais ceci n'est qu'un détail). Un épisode historique qui se révèlerait sans importance, si les deux peuples ne se mettaient pas en tête chaque année de célébrer l'événement à coups de haches et de gourdins. Et cette année, les choses se présentent fort mal à Ankh-Morpork, la tentaculaire et nauséabonde cité-état : un des principaux leaders nains a été retrouvé, le crâne fracassé par un coup de gourdin.

Comme on s'en doute, ça gueule et ça s'énerve pas mal au sein de la communauté naine – un nain est mort : un troll est forcément dans le coup ! – et la ville ne tarde pas à se trouver au bord de la guerre civile. C'est sans compter sur le commissaire divisionnaire Vimaire, sa hargne, sa colère, sa soif de justice et ses réserves inépuisables d'obstination. Alors comme ça ces petits salopards barbus / ces grands salopards rocailleux veulent foutre le feu à SA cité ? On verra ce qu'on verra… Et si ces salopiauds souffrent de myopie morale, Vimaire se fera un plaisir de leur rectifier la vision à grands coups de lattes et de gueulantes.

C'est toujours avec un immense plaisir que je retrouve mon copain Samuel Vimaire – le plus attachant des flicards de toute la littérature populaire – surtout dans un opus aussi réussi. Dans la continuation de « Ronde de Nuit » (l'un des romans les plus sombres et les plus matures du disque-monde) « Jeu de nains » est indubitablement un excellent bouquin. A coups de situations burlesques et de traits d'humour noir, Terry Pratchett parodie allégrement les conflits raciaux qui gangrènent notre société. Avec son énergie et son optimisme inépuisables, il pointe du doigt les imbéciles, les hypocrites, les haineux, les médiocres et désamorce, par le rire et le sarcasme, les sujets les plus douloureux. Je ne clamerai décidément jamais assez fort mon amour pour la superbe série du disque-monde : c'est drôle, actuel, intelligent, un des fleurons de la littérature anglaise. A lire et à relire jusqu'à plus soif !

Un des meilleurs Pratchett. Indispensable.