Citations sur Les annales du Disque-Monde, tome 30 : Timbré (67)
p.146.
Il n'avait jamais, mais jamais levée la main sur quiconque. Il avait toujours préféré la fuite à la bagarre. Quant au meurtre, ça relevait du tout ou rien, non ? On ne pouvait pas commettre 0,021% d'un meurtre. Mais Lapompe avait l'air de croire qu'on pouvait tuer avec un mètre de couturière. D'accord, peut-être que, quelque part en aval, des gens subissaient les... désagréments d'un délit, mais... et les banquiers, les propriétaires, ou même les serveurs de bistros ? « Tenez, votre double cognac, monsieur, et je vous ai tué à 0,0003%. » Tout ce qu'on faisait avait une incidence sur tout le monde, tôt ou tard.
p.117.
Il pourrait se faire de l'argent !
Il était membre du gouvernement, non ? Les gouvernements prennent de l'argent aux citoyens. C'est à ça qu'ils servent.
p.23-4.
« La perspective de la liberté ? Railla-t-il.
- Exactement, fit le seigneur Vétérini. On a toujours le choix.
- Vous voulez-dire... je pourrais choisir une mort certaine ?
- C'est quand même un choix. Ou, peut-être, une alternative. Vous voyez, je crois à la liberté, monsieur Lipwig. Peu de gens y croient, même s'ils protestent du contraire. Et aucune définition pragmatique de la liberté ne serait être complète sans la liberté d'en supporter les conséquences. En réalité, c'est la liberté sur laquelle se fondent toutes les autres.
Ne pas pratiquer la magie du tout, c'était la principale tâche des mages -- ils ne la pratiquaient pas, non pas parce qu'ils ne savaient pas la pratiquer, mais parce qu'ils savaient et s'en abstenaient.
- J'Ai En Fait Essayé De Nettoyer Votre Costume Avec Du Détachant, Monsieur, répondit monsieur Lapompe. Mais Comme Il N'Était En Réalité Qu'Une Seule Grosse Tache, C'Est Tout Le Costume Qui Est Parti.
Ça l'avais secoué de découvrir que la vie après la mort, c'était celle dans ce monde.
Conformément à la loi et à la tradition, la grande bibliothèque de l'Université de l'Invisible est ouverte au public, même si les visiteurs ne sont pas autorisés à s'avancer aussi loin que les rayonnages magiques. Ils ne s'en rendent pas compte, cependant, parce que les règles du temps et de l'espace y sont faussées et qu'on peut donc aisément dissimuler des centaines de kilomètres de rayonnages dans un volume de l'épaisseur d'une couche de peinture.
Les visiteurs y viennent néanmoins en masse, en quête de réponses que seuls les bibliothécaires, pensent-ils, sont capables de donner aux questions qu'ils se posent, comme : "C'est ici, la blanchisserie ?" Ou : "Comment est-ce que vous écrivez subrepticement ?" Et régulièrement : "Est-ce que vous avez un livre que je me rappelle avoir lu dans le temps ? Il avait une couverture rouge, et en fin de compte ils étaient jumeaux."
Et, à vrai dire, la bibliothèque l'aura... quelque part. Quelque part, elle a tous les livres qui ont été écrits, qui seront écrits, et, notamment, tous les livres qu'il est possible d'écrire. Ceux-ci ne se trouvent pas sur les rayonnages publics de crainte que les manipulations de lecteurs non avertis provoquent l'effondrement de tout ce qu'il est possible d'imaginer (Une fois de plus).
Moite écoutait d'une oreille morne. Le voyage dans le temps n'était qu'une espèce de magie, après tout. Voilà pourquoi ça tournait toujours mal.
Voilà pourquoi il y avait des facteurs avec de vrais pieds. Voilà pourquoi les clic-clac formaient une chaîne de tours onéreuses. A ce compte-là, voilà pourquoi les paysans cultivaient la terre et les pêcheurs traînaient des filets. Oh, on pouvait accomplir tout ça par magie, assurément. On pouvait agiter une baguette pour obtenir des étoiles qui scintillent et une miche de pain frais. On pouvait faire sauter des poissons déjà cuits hors de la mer. Puis, quelque part, la magie présentait la note, qui excédait toujours les moyens dont on disposait.
C’étaient des salades, mais cuisinées par un grand chef. Oh, oui. Il fallait admirer de quelle manière des expressions parfaitement innocentes étaient agressées, violées, dépouillées de toute véritable signification et de toute décence, puis envoyées faire le trottoir pour Jeanlon Sylvère, même si « en synergie » devait déjà être une racoleuse.
Monsieur Moite, ce matin vous manquiez d'expérience pour faire un défunt, et pourtant, sans mon intervention, vous vous seriez quand même révélé un expert, lança le seigneur Vétérini d'un ton cassant. Ce qui prouve qu'on ne sait jamais tant qu'on n'a pas essayé.