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Critique de Toots4ever1


On ne présente plus Corto Maltese, mais ce n'est pas une raison pour ne pas chercher à comprendre comment il est — au-delà de son énigmatique personnalité et du trait incomparable d'Hugo Pratt — devenu ce personnage à part, qui déambule nonchalamment entre mythes et réalité. Avec Corto Maltese Histoire et histoires se mêlent au point de prendre une dimension authentiquement fantastique.

Dans LA JEUNESSE, album couleur qui ne sort qu'en 1981, Pratt revient sur les origines de son héros. L'histoire, courte, mais dense, se déroule au tout début du XXe siècle pendant la guerre russo-japonaise. Et Pratt ne se presse pas pour la raconter. Il prend même tout son temps pour présenter la genèse de son personnage et de sa stratégie narrative, où l'entre deux tient une place fondamentale.

La couverture nous présente Corto et celui que l'on peut considérer comme son double : Raspoutine. L'un séduisant et idéaliste, l'autre cynique et cruel. Ces deux-là ne se jugent ni ne s'affrontent, mais s'opposent et se complètent en bonne intelligence comme un Ying à son Yang.

La double page d'ouverture se compose d'un dessin, bien sûr, mais aussi d'un texte. Corto, clope et sourire aux lèvres, avec, en fond, le soleil rouge et levant (notre héros n'a que 17 ans) et les soldats japonais, fusil à l'épaule et baïonnette au canon. Lui va d'un côté, eux vont de l'autre.
Le court texte qui suit plante le décor. Une guerre entre deux mondes, à cheval sur deux siècles où déboulent nos deux comparses :
« Les jeunes Corto Maltese et Raspoutine se rencontrèrent pour la première fois au beau milieu de cette guerre ».

Puis vient la première partie. Des gravures d'époque présentant grades, uniformes et belligérants, puis des aquarelles reprenant les mêmes thèmes. Photos, dessins, cartes et textes se succèdent ensuite.
Le « portrait du marin adolescent » est en fait l'occasion de présenter Corto comme un personnage historique. Son nom serait apparu dans les souvenirs de Joseph Conrad et de Jack London ou dans la biographie de John Reed. Bref, à la lecture de ce texte, le lecteur se demande si Corto est vraiment un personnage de fiction.

La partie narrative débute sur un dessin de Corto et sur c/ses mots : « je peux vous raconter deux ou trois choses… »

La guerre s'achève, Jack London et Raspoutine, personnages centraux de cette aventure, cherchent à survivre dans le chaos quand Corto apparait (pour la toute première fois chronologiquement) dans les vapeurs d'une pipe d'opium ! « Tiens, un revenant ! » s'esclaffe London. Calme et mystérieux, l'adolescent jette un oeil amusé et distant sur la folie qui l'entoure. Il fait le trait d'union entre le russe et l'américain, mais ne prend parti que pour le respect et l'amitié qu'il éprouve pour ces deux hommes.

Laissant derrière lui les continents qui se déchireront bientôt à l'échelle mondiale, il embarque pour l'Afrique non sans répondre à la question « Comment avez-vous compris ? » par un malicieux « parce que nous sommes intelligents ».
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