Histoire, Géographie et Littérature : voilà le programme de cette magnifique anthologie consacrée à la Normandie.
L'ouvrage est paru en 1914.
A cette époque, les géographes modernes n'étudiaient jamais la Normandie dans son ensemble comme une région constituée.
Il y avait toujours eu une Haute et une Basse Normandie.
Tout le monde était d'accord sur ce point, même si quelques divergences d'opinion apparaissaient lorsqu'il s'agissait d'en tracer les limites.
Alors qu'aujourd'hui ! ...
L'ouvrage est illustré de 121 gravures et d'une carte.
Le choix des textes est précédé d'une étude qui est signée par Henri Prentout, professeur à la faculté des lettres de Caen.
L'étude est fouillée.
Elle creuse un sillon profond dans la culture normande.
Elle s'intéresse, entre autres choses, à l'habitation, au mobilier, aux repas, aux costumes ... mais aussi aux foires, aux jeux, aux veillées, au patois et aux légendes.
Elle s'ouvre sur de la Géographie d'abord, puis sur de l'Histoire avant que ne vienne la Littérature :
Il n'y a pas de littérature normande mais les normands ont leur part dans la littérature française.
Et c'est cette part que la présente anthologie s'engage à préciser ...
Il est probable, qu'à la fondation du duché, des "scaldes" aient célébré leurs héros.
Mais cette poésie, avec la langue même des scandinaves, a disparu dès le temps du second duc, Guillaume Longue-Epée.
Le berceau de la Littérature française, disait Hermann Suchier, a été l'héroïque Normandie.
Parfois, on lui attribue, en effet, la naissance de nos chansons de geste ...
De nombreuses plumes prestigieuses nous invitent à un beau voyage.
Celles de Michelet, de Guy de Maupassant, d'Anatole France, de Théophile Gautier, de Barbey d'Aurevilly, de madame De Sévigné, de Flaubert, de Victor Hugo et de Jules Simon n'en sont que les plus célèbres.
L'album est magnifique.
Il est orné de mots et de gravures.
Il est un hommage au "génie normand" dont il trace les contours autour de ses écrivain, de son art et de son histoire ...
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Quand de Saint-Sauveur le Vicomte, cette bourgade jolie comme un village d’Écosse et qui a vu Duguesclin défendre son donjon contre les anglais, ou, du littoral de la presqu'île, on avait affaire à Coutances, et que, pour arriver plus vite, on voulait prendre la traverse, car la route départementale et les voitures publiques n'étaient pas de ce côté, on s'associait plusieurs pour passer la terrible lande ; et c'était si bien un usage, qu'on citait longtemps comme des téméraires, dans les paroisses, les hommes, en très petit nombre, il est vrai, qui avaient passé seuls à Lessay de nuit ou de jour.
On parlait vaguement d'assassinats qui s'y étaient commis à d'autres époques ...
(Barbey d'Aurevilly - "la lande de Lessay)
C'est la mer qui a formé la Normandie.
Elle lui a donné son climat humide, partant, sa fertilité.
Elle lui a donné son activité commerciale.
Comme on l'a justement remarqué, la Normandie est tournée vers la mer ; elle s'incline vers elle par le grand fleuve dont elle possède le cours inférieur, par les nombreus cours d'eau de la Basse-Normandie, Touques, Dives, Orne, par les terres découpées qui terminent au nord le Cotentin.
Par là, elle devait attirer les conquérants saxons, puis scandinaves.
C'est à la mer qu'elle doit une partie de sa population et que celle-ci doit encore aujourd'hui la vie .
Ce sont les marins, les hommes du Nord, les "Northmen" qui ont fait la Normandie, ont baptisé ses baies, ses villes maritimes, ses îles.
Mais bien auparavant bien d'autres hommes étaient apparus sur le sol ; Ils avaient, eux, nommé les fleuves : Dives, Dromme, Oudon.
Quels furent ces hommes ?
Demandons-le à l'Histoire ou plutôt à la Préhistoire ...
Le XIXème siècle aura été pour la Normandie le siècle de la peinture et des conteurs ...