L'égaré demande son chemin, l'affolé demande l'heure, la minute, l'année, le mendiant l'aumône, le condamné grâce.
Certains ne demandent rien.
Ils ont insulté les vaches
ils ont insulté les gorilles
les poulets
Ils ont insulté les veaux
Ils ont insulté les oies les serins les cochons les maquereaux les chameaux
Ils ont insulté les chiens
Les chats
Ils n’ont pas osé.
Ils sont marrants les êtres
Vous tout comme moi
Moi tout comme vous
Et c’est pas du théâtre c’est la vie c’est partout
Ils sont marrants les êtres
En entrant chez les autres il y en a qui tombent bien il y en a qui tombent mal
A celui qui tombe bien on dit
Vous tombez bien et on lui offre à boire et une chaise où s’asseoir
A celui qui tombe mal personne ne lui dit rien
Ils sont marrants les êtres qui tombent chez les uns qui tombent chez les autres ils sont marrants les êtres
Celui qui tombe mal une fois la porte au nez retombe dans l’escalier et l’autre passe dessus à grandes enjambées
Quand il regagne la rue après s’être relevé il passe inaperçu oublié effacé
La pluie tombe sur lui et tombe aussi la nuit
Ils sont marrants les êtres
Ils tombent ils tombent toujours ils tombent comme la nuit et se lèvent comme le jour.
Malgré l'horreur journalière audiovisuelle ou imprimée, ils ne peuvent escamoter la beauté. On dirait que tout cela est trop laid pour être vrai.
L'amour de la musique mène toujours à la musique de l'amour.
Ne rêvez pas
(l'ordinateur)
Ne rêvez pas
pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne rêvez pas
l'électronique rêvera pour vous
Ne lisez pas
l'électrolyseur lira pour vous
Ne faites pas l'amour
l'électrocoïtal le fera pour vous
Pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne vous reposez pas
le Travail repose sur vous.
Ne rêvez pas
Ne rêvez pas
pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne rêvez pas
l'électronique rêvera pour vous
Ne lisez pas
l'électrolyseur lira pour vous
Ne faites pas l'amour
l'électrocoïtal le fera pour vous
Pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne vous reposez pas
le Travail repose sur vous
Fatras/succession Jacques Prévert, droits numériques réservés.
Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières. (J'ai toujours été intact de Dieu...)
LE BOUQUET
Pour toi pour moi
loin de moi près de toi
avec toi contre moi
chaque battement de mon coeur
est une fleur arrosée par ton sang
Chaque battement c'est le tien
chaque battement c'est le mien
par tous les temps tout le temps
La vie est une fleuriste
la mort un jardinier
Mais la fleuriste n'est pas triste
le jardinier n'est pas méchant
le bouquet est trop rouge
et le sang trop vivant
la fleuriste sourit
le jardinier attend
et dit Vous avez le temps !
Chaque battement de nos coeurs
est une fleur arrosée par le sang
par le tien par le mien
par le même en même temps.
LE VAUTOUR : Un oiseau qui promettait.