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Citations sur À la recherche du temps perdu, tome 3 : Le côté de Guerm.. (281)

Je remontai et trouvai ma grand-mère plus souffrante. Depuis quelque temps, sans trop savoir ce qu’elle avait, elle se plaignait de sa santé. C’est dans la maladie que nous nous rendons compte que nous ne vivons pas seuls, mais enchaînés à un être d’un règne différent, dont des abîmes nous séparent, qui ne nous connaît pas et duquel il est impossible de nous faire comprendre : notre corps.
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Vous, monsieur, dit Bloch, en se tournant vers M. d’Argencourt à qui on l’avait nommé en même temps que les autres personnes, vous êtes certainement dreyfusard : à l’étranger tout le monde l’est. — C’est une affaire qui ne regarde que les Français entre eux, n’est-ce pas ? répondit M. d’Argencourt avec cette insolence particulière qui consiste à prêter à l’interlocuteur une opinion qu’on sait manifestement qu’il ne partage pas, puisqu’il vient d’en émettre une opposée.
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L’homme, jouant perpétuellement entre les deux plans de l’expérience et de l’imagination, voudrait approfondir la vie idéale des gens qu’il connaît et connaître les êtres dont il a eu à imaginer la vie.
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D’un air souriant, dédaigneux et vague, tout en faisant la moue avec ses lèvres serrées, de la pointe de son ombrelle, comme de l’extrême antenne de sa vie mystérieuse, elle dessinait des ronds sur le tapis, puis, avec cette attention indifférente qui commence par ôter tout point de contact avec ce que l’on considère soi-même, son regard fixait tour à tour chacun de nous, puis inspectait les canapés et les fauteuils mais en s’adoucissant alors de cette sympathie humaine qu’éveille la présence même insignifiante d’une chose que l’on connaît, d’une chose qui est presque une personne ; ces meubles n’étaient pas comme nous, ils étaient vaguement de son monde, ils étaient liés à la vie de sa tante ; puis du meuble de Beauvais ce regard était ramené à la personne qui y était assise et reprenait alors le même air de perspicacité et de cette même désapprobation que le respect de Mme de Guermantes pour sa tante l’eût empêchée d’exprimer, mais enfin qu’elle eût éprouvée si elle eût constaté sur les fauteuils au lieu de notre présence celle d’une tache de graisse ou d’une couche de poussière.
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Après avoir poussé un léger soupir, elle se contenta de manifester de la nullité de l’impression que lui produisaient la vue de l’historien et la mienne en exécutant certains mouvements des ailes du nez avec une précision qui attestait l’inertie absolue de son attention désœuvrée.
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Ainsi pour nous autres cavaliers, nous vivons sur le Service en Campagne de 1895 dont on peut dire qu’il est périmé, puisqu’il repose sur la vieille et désuète doctrine qui considère que le combat de cavalerie n’a guère qu’un effet moral par l’effroi que la charge produit sur l’adversaire.
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Et au moment où je voulais me lever, j’en éprouvais délicieusement l’incapacité ; je me sentais attaché à un sol invisible et profond par les articulations, que la fatigue me rendait sensibles, de radicelles musculeuses et nourricières. Je me sentais plein de force, la vie s’étendait plus longue devant moi ; c’est que j’avais reculé jusqu’aux bonnes fatigues de mon enfance à Combray, le lendemain des jours où nous nous étions promenés du côté de Guermantes. Les poètes prétendent que nous retrouvons un moment ce que nous avons jadis été en rentrant dans telle maison, dans un tel jardin où nous avons vécu jeunes. Ce sont là pèlerinages fort hasardeux et à la suite desquels on compte autant de déceptions que de succès. Les lieux fixes, contemporains d’années différentes, c’est en nous-même qu’il vaut mieux les trouver. C’est à quoi peuvent, dans une certaine mesure, nous servir une grande fatigue que suit une bonne nuit. Celles-là du moins, pour nous faire descendre dans les galeries les plus souterraines du sommeil, où aucun reflet de la veille, aucune lueur de mémoire n’éclairent plus le monologue intérieur, si tant est que lui-même n’y cesse pas, retournent si bien le sol et le tuf de notre corps qu’elles nous font retrouver, là où nos muscles plongent et tordent leurs ramifications et aspirent la vie nouvelle, le jardin où nous avons été enfant. Il n’y a pas besoin de voyager pour le revoir, il faut descendre pour le retrouver. Ce qui a couvert la terre n’est plus sur elle, mais dessous ; l’excursion ne suffit pas pour visiter la ville morte, les fouilles sont nécessaires. Mais on verra combien certaines impressions fugitives et fortuites ramènent bien mieux encore vers le passé, avec une précision plus fine, d’un vol plus léger, plus immatériel, plus vertigineux, plus infaillible, plus immortel, que ces dislocations organiques.
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Au moment où cette seconde pièce commença, je regardai du côté de la baignoire de Mme de Guermantes.
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Plus d’une fois même le cheval abîma la devanture de Jupien, lequel indigna le duc en demandant une indemnité. « Quand ce ne serait qu’en considération de tout le bien que madame la Duchesse fait dans la maison et dans la paroisse, disait M. de Guermantes, c’est une infamie de la part de ce quidam de nous réclamer quelque chose. » Mais Jupien avait tenu bon, paraissant ne pas du tout savoir quel « bien » avait jamais fait la duchesse.
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Parfois, cachée au fond de son nom, la fée se transforme au gré de la vie de notre imagination qui la nourrit ; c’est ainsi que l’atmosphère où Mme de Guermantes existait en moi, après n’avoir été pendant des années que le reflet d’un verre de lanterne magique et d’un vitrail d’église, commençait à éteindre ses couleurs, quand des rêves tout autres l’imprégnèrent de l’écumeuse humidité des torrents.
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