AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de migdal


Tout Babeliote et tout lecteur trouvera intérêt et plaisir à méditer les coups de coeur de Marcel Proust « sur la lecture » :
• Comment se souvient-on de nos lectures ? Nos souvenirs associent un livre à des lieux, des jours, des personnes, des atmosphères qui, par les sons, les parfums et les images que nous en conservons, ancrent leurs contenus dans nos sens et notre mémoire. En se remémorant ses lectures d'enfance, Marcel Proust revit les déjeuners et les gouters, qu'il a partagés avec sa famille, ses amis, ses camarades, et revoit le cadre de ces agapes. Et cette recherche des lectures perdues fait revivre ces personnes et ces lieux.
• La lecture est-elle « une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs » ? Cette affirmation de Descartes, partagée par Ruskin, est contestée par Proust qui affirme que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit et distingue donc les « conclusions » de l'auteur des « incitations » pour le lecteur. « Le terme de leur sagesse ne nous apparait que comme le commencement de la nôtre ».
• Pourquoi la préférence des grands écrivains va-t-elle aux livres des anciens ? Parce que « la langue où ils furent écrits, est comme un miroir de la vie ». Cette recherche du temps perdu ne se réduit pas à la lecture et l'auteur élargit son propos à la musique, à l'architecture et conclut en nous menant à Venise contempler les colonnes de la Piazetta qui exaltent dans leur splendeur un temps enseveli et inégalé.

Comme on le constate Marcel Proust évoque des questions qui, un siècle plus tard, malgré les apparences, sont au coeur de nos préoccupations :
• Lire, comprendre, retenir sont-ils synonymes ?
• La mémoire enregistre-t-elle identiquement un texte lu sur un livre (papier) et sur une liseuse (écran) ? (certains départements replacent les livres scolaires par des ordinateurs portables ou des tablettes).
• La lecture est-elle un gavage imposant ses diktats ou un aliment nourrissant le coeur et la réflexion ?
• Retraduire tous les cinquante ans les oeuvres étrangères et « adapter » les textes de Victor Hugo et Zola pour « faciliter » leur lecture est ce légitime, est ce utile, ou est ce un moyen de gommer le passé ?

La lecture peut être salutaire ou dangereuse observe Marcel Proust qui parie, malgré tout, sur le progrès intime de notre pensée et l'effort de notre coeur.

Un pari qui rappelle que pour notre écrivain national la lecture, plus qu'une démarche intellectuelle, est un cheminement d'amoureux.

Un opuscule que je relis au fil des ans, que je prête, sans espoir de retour, et que je rachète toujours avec le même intérêt car je le considère comme une base de toute bibliothèque.
Commenter  J’apprécie          1145



Ont apprécié cette critique (111)voir plus




{* *}