AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 213 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
5 avis
1
0 avis
Tout Babeliote et tout lecteur trouvera intérêt et plaisir à méditer les coups de coeur de Marcel Proust « sur la lecture » :
• Comment se souvient-on de nos lectures ? Nos souvenirs associent un livre à des lieux, des jours, des personnes, des atmosphères qui, par les sons, les parfums et les images que nous en conservons, ancrent leurs contenus dans nos sens et notre mémoire. En se remémorant ses lectures d'enfance, Marcel Proust revit les déjeuners et les gouters, qu'il a partagés avec sa famille, ses amis, ses camarades, et revoit le cadre de ces agapes. Et cette recherche des lectures perdues fait revivre ces personnes et ces lieux.
• La lecture est-elle « une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs » ? Cette affirmation de Descartes, partagée par Ruskin, est contestée par Proust qui affirme que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit et distingue donc les « conclusions » de l'auteur des « incitations » pour le lecteur. « Le terme de leur sagesse ne nous apparait que comme le commencement de la nôtre ».
• Pourquoi la préférence des grands écrivains va-t-elle aux livres des anciens ? Parce que « la langue où ils furent écrits, est comme un miroir de la vie ». Cette recherche du temps perdu ne se réduit pas à la lecture et l'auteur élargit son propos à la musique, à l'architecture et conclut en nous menant à Venise contempler les colonnes de la Piazetta qui exaltent dans leur splendeur un temps enseveli et inégalé.

Comme on le constate Marcel Proust évoque des questions qui, un siècle plus tard, malgré les apparences, sont au coeur de nos préoccupations :
• Lire, comprendre, retenir sont-ils synonymes ?
• La mémoire enregistre-t-elle identiquement un texte lu sur un livre (papier) et sur une liseuse (écran) ? (certains départements replacent les livres scolaires par des ordinateurs portables ou des tablettes).
• La lecture est-elle un gavage imposant ses diktats ou un aliment nourrissant le coeur et la réflexion ?
• Retraduire tous les cinquante ans les oeuvres étrangères et « adapter » les textes de Victor Hugo et Zola pour « faciliter » leur lecture est ce légitime, est ce utile, ou est ce un moyen de gommer le passé ?

La lecture peut être salutaire ou dangereuse observe Marcel Proust qui parie, malgré tout, sur le progrès intime de notre pensée et l'effort de notre coeur.

Un pari qui rappelle que pour notre écrivain national la lecture, plus qu'une démarche intellectuelle, est un cheminement d'amoureux.

Un opuscule que je relis au fil des ans, que je prête, sans espoir de retour, et que je rachète toujours avec le même intérêt car je le considère comme une base de toute bibliothèque.
Commenter  J’apprécie          1145
J'approche de plus en plus du moment fatidique où cette fois, ce sera la bonne, je m'attaquerai au 1er tome d'A La Recherche du Temps Perdu. Ce n'est pas tellement le titre qui fait peur : du côté de chez Swann, ça ressemblerait plus à une petite invitation sympa pour passer un dimanche après-midi, non ? En fait c'est plutôt son auteur qui donne la chair de poule : Marcel Proust et ses phrases à rallonge ! Tellement longues et avec tellement de digressions qui faut s'y reprendre à plusieurs fois pour se rappeler quel était le sujet de la phrase.

Bref.

Commencer par un essai, que j'avais lu en plus il y a à peu près 10ans, sans bien tout saisir d'ailleurs, s'annonçait comme une étape "raisonnable".
Alors, oui, il y a des phrases dont seul Proust a le secret. Je me demande d'ailleurs comment il faisait pour ne pas se perdre dans sa propre prose dans la digression est une règle plus qu'une exception à celle-ci.
Pourtant, il nous parle d'un sujet que les Babeliotes connaissent bien : la lecture ! Et oui, mais là encore, Proust n'échappe pas à ce qu'il est et à l'éducation qu'il a eu.

Derrière son point de vue très petit bourgeois intellectuel, on sent bien les frustrations du petit garçon malade qui devait rester enfermé et était limité dans ses déplacements. Ce qui l'a sans doute beaucoup frustré.
Pour Marcel Proust, la lecture est une démarche purement intellectuelle qui s'inscrit profondément dans le Temps, à la manière des monuments anciens. Les récits qui nous restent du passé abolissent donc les limites du temps du fait qu'il nous donne accès à ce qui n'est plus et ne se dit plus. Un instant d'éternité… Ainsi, pour l'auteur, la lecture en elle-même est presque secondaire et ne vaut que par le souvenir des lieux qu'elle nous laisse : que ce soit le lieu où nous, lecteurs, nous trouvions ou le lieu où se déroule le récit.
Un tel jugement l'amène à être très dur vis-à-vis des contemporains, ou d'auteurs classiques comme Alfred de Musset, par exemple.

La seule part d'émotionnel que Proust concède à la lecture, c'est le moment où il compare celle-ci à une "amitié sans contrainte" où l'autre (étant un objet) ne peut se vexer de notre opinion ou d'être délaissé.
Une esthétisation très intellectuelle quand même !

Certes, cet essai n'est pas complètement inintéressant, mais je ne partage pas vraiment le point de Marcel Proust, ce qui a rendu cette lecture un peu laborieuse.
Pas moyen de faire aimer la lecture aux jeunes générations avec de tels arguments ! Mieux vaut se tourner vers les Britanniques pour cela, avec Ruskin que Proust critique très vivement dans son essai d'ailleurs, ou plus récemment, Neil Gaiman.

Commenter  J’apprécie          3010
Entre deux épisodes de la recherche, je fais une petite pause relaxation avec "Sur la Lecture". Et ce texte me laisse mitigé. Il y a bien des réflexions intéressantes, il y a même le style, le style enchanteur de Marcel Proust, mais ce livre ( et c'est ce qui me déplaît ) est aussi un essai renflé, pompeux, qui n'a rien à voir avec mon expérience de la lecture, expérience qui ne saurait se réduire à la sèche théorie proustienne, expérience bien plus sensible que celle exprimée par les thèses contenues dans cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          210
Bonheur de l'édition voilà un livre que vous pouvez trouver sous plusieurs costumes, en mélange dans Pastiches et Mélanges, en petite édition simple chez Sillage ou alors en livre audio.
j'ai choisi la version sonore car elle est lue pas quelqu'un pour lequel j'ai une passion coupable : André Dussolier.

Je ne vais pas m'étendre sur le sujet du livre, je crois que vous le connaissez tous, la lecture, les livres, le bonheur de lire lorsque l'on est enfant et au delà.
Proust nous parle de ces livres qui nous donnent envie de passer la soirée avec eux, ce petits grincement que constitue le « chapitre interrompu » car « On aurait tant voulu que le livre continuât ».

Le rôle de la lecture « une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés » disait Ruskin, ce à quoi Proust répond

« la lecture ne saurait être ainsi assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sage des hommes; que ce qui diffère essentiellement entre un livre et un ami, ce n'est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la manière dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous à recevoir communication d'une autre pensée, mais tout en restant seul »
Pour lui c'est d'abord et avant tout un accès à soi.
Le livre qui console de tout disait Montesquieu, qui tient enchaîné la ronde des heures dirait Proust, ce petit texte devenu très célèbre est ici porté par André Dussolier, un plaisir ajouté.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          200
Ses mots sont doux et délicats, ses phrases n'en finissent pas, les yeux clos on se plaît à imaginer les lieux qu'il décrit, on se laisse emporter par ce flot de paroles, on avance à ses côtés, on parvient à frôler le message, et c'est lui qu'on touche, Proust.
Lire Proust est un voyage. le décor se met en place avec lenteur, révélant chaque détail, chaque nuance ; couleurs, formes, contrastes, matières, il nous offre son regard, pleinement. le cadre posé – l'extérieur – on entre alors dans l'intime, le spirituel. Les deux sont liés, indéfectiblement.
C'est ainsi qu'il nous parle de la lecture au temps de son enfance ; le contenu de l'ouvrage n'est pas l'intérêt principal. Ses souvenirs se portent davantage sur des lieux, des odeurs, des paysages, des sensations. Une chambre, un parc, un instant précis, une lumière particulière, un bruit familier, des effluves étourdissantes. Enfant, le livre est un ami, qui l'accompagne partout. D'ailleurs, il est bien déçu quand à l'âge adulte il relit ce livre qu'il quittait rarement, le capitaine Fracasse de Théophile Gautier.
Lire est un bonheur et un arrachement quand arrive l'ultime page. Mais, le livre ne remplace pas l'échange avec l'autre. Lire est un plaisir solitaire qui favorise l'introspection.
Si Proust fait l'éloge de la lecture, il la met à distance de la vie : «  La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas. » Elle permet de mieux comprendre le monde, l'ancien et celui qui est en marche et soi-même mais elle n'est pas la vie.
Un merveilleux petit livre. À savourer.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
Commenter  J’apprécie          160
J'ai un peu de mal, je l'avoue, avec Proust, que je trouve assez indigeste à la lecture. Pourtant, au fil des pages de ce tout petit ouvrage, j'ai trouvé de bien belles phrases, de bien belles réflexions sur le plaisir de lire. Ceci dit, je me contente de savourer la lecture et cela m'ennuie un peu de savoir pourquoi j'aime tant cela!
Commenter  J’apprécie          131
Voilà un texte prodigieux pour qui souhaite donner du sens au mot lecture. Il s'agit en fait d'une préface que Marcel Proust a rédigée en 1905, pour la traduction de « Sésame et les Lys » de John Ruskin. En une cinquantaine de pages, sans compter les notes ajoutées à la fin, l'auteur s'interroge sur cette nécessité et l'envie de lire. Que ce soit, comme dans son enfance (sublimes pages du début) où l'on s'isole de tout et de tous, pour mieux se plonger dans un autre univers, où dans un esprit frondeur et curieux partir à la recherche d'un savoir… s'agit-il de manière individualiste d'une conversation privée entre un illustre écrivain et son modeste lecteur, où source d'enrichissement spirituel que l'on se doit de partager, se donnant alors une mission d'altruisme, ou tout simplement un vecteur indispensable du développement de l'esprit. La musique des mots des Proust et son style si particulier, balaient ces différents aspects, avec force de citations, d'interprétations et surtout nous livrant sa passion effrénée. Car si Marcel Proust est un génie littéraire il l'était tout autant comme lecteur. 110 ans après, ses mots ont encore un écho et flattent notre envie de nous plonger à nouveau, comme un adolescent rêveur et malicieux dans de nouvelles aventures qui vont de Théophile Gautier à William Shakespeare et bien au-delà, de nous instruire ou de nous enthousiasmer… Un beau préambule à « La recherche du temps perdu » !
Commenter  J’apprécie          110
Un court texte que tous les membres de Babelio devraient lire, puisque c'est un éloge de la lecture, la raison pour laquelle nous nous sommes inscrits sur ce site.
En effet, Marcel Proust présente la beauté de la lecture. Mais il n'évoque pas la lecture savante, théorique, ou la lecture philosophique… Non, ce n'est pas la lecture intellectuelle, mais c'est la lecture comme plaisir. Proust présente la lecture comme plaisir d'enfance, lorsque le livre est le meilleur ami d'un enfant, quand celui-ci répugne à rejoindre sa famille pour dîner pour rester avec ses personnages favoris, ou lit en cachette dans sa chambre le soir. Marcel Proust puise dans ses propres souvenirs, lorsqu'il lisait tout le temps le Capitaine Fracasse de Théophile Gauthier et qu'il admirait à la fois les personnages et leurs aventures romanesques et le style d'écriture de Gauthier. On comprend qu'il a changé d'avis sur ce style, mais qu'il garde toujours au coeur le souvenir profond et attendri des émotions ressenties dans sa jeunesse - ce qui est très proustien. Car les lectures d'enfance font de nous l'adulte que nous sommes, déterminant nos goûts et nos pensées. Je ne peux qu'approuver, après tout, c'est le sens de la citation de profil. Et j'approuve aussi cette idée de la force de nos lectures d'enfance. J'ai toujours un goût pour le romanesque et l'épopée, j'ai fait des études d'histoire, car, ma lecture d'enfance à moi a été les Trois Mousquetaires – et elle reste ma lecture d'adulte, que je relis au moins une fois tous les ans.
Commenter  J’apprécie          100
Proust se rappelle ses lectures d'enfance. Elles sont une madeleine, la renaissance d'une chambre et d'un parc, le retour d'un temps où tout devait cesser de vivre pour permettre la lecture.

Puis il réfléchit à ce qu'il reste de la lecture à l'âge adulte. Il se demande – du moins est-ce ainsi que je le lis; il faudrait écrire « je me demande » - pour quelles obscures raisons les adultes lisent encore, alors qu'il y aurait tant à faire.

La lecture est-elle une forme épurée de l'amitié qu'on entretiendrait avec des morts sans souci des convenances ? Est-elle le carburant d'un esprit qui bientôt parlera par lui-même ? Est-elle un moyen de faire revivre le passé ?

La lecture est – il ne l'écrit pas encore mais nous l'avons lu entre les lignes et à travers le temps – une recherche du temps perdu, et c'est en cela justement qu'elle n'est pas du temps perdu.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
Commenter  J’apprécie          90
Anxieuse à l'idée de découvrir Marcel Proust, j'ai volontairement opté pour un texte très court et sa lecture fut plus agréable que prévu. Je me suis effectivement retrouvée, quand, plus jeune, j'étais obligée d'abandonner un livre pour obéir à certaines consignes barbantes, ou quand je refusais une soirée ou une sortie pour rester dans ma chambre, seule en apparence mais en si bonne compagnie (je parle de livres évidemment).
Je suis loin d'avoir retenu l'intégralité du texte mais je me suis laissée porter par une certaine poésie des phrases. Est-ce que j'apprécierai toujours ce style au long d'un roman de plusieurs centaines de pages, il est trop tôt pour le savoir mais je ne regrette pas cette première approche.
Merci
Commenter  J’apprécie          80





Lecteurs (530) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
534 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur ce livre

{* *}