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Critique de OverTheMoonWithBooks


J'approche de plus en plus du moment fatidique où cette fois, ce sera la bonne, je m'attaquerai au 1er tome d'A La Recherche du Temps Perdu. Ce n'est pas tellement le titre qui fait peur : du côté de chez Swann, ça ressemblerait plus à une petite invitation sympa pour passer un dimanche après-midi, non ? En fait c'est plutôt son auteur qui donne la chair de poule : Marcel Proust et ses phrases à rallonge ! Tellement longues et avec tellement de digressions qui faut s'y reprendre à plusieurs fois pour se rappeler quel était le sujet de la phrase.

Bref.

Commencer par un essai, que j'avais lu en plus il y a à peu près 10ans, sans bien tout saisir d'ailleurs, s'annonçait comme une étape "raisonnable".
Alors, oui, il y a des phrases dont seul Proust a le secret. Je me demande d'ailleurs comment il faisait pour ne pas se perdre dans sa propre prose dans la digression est une règle plus qu'une exception à celle-ci.
Pourtant, il nous parle d'un sujet que les Babeliotes connaissent bien : la lecture ! Et oui, mais là encore, Proust n'échappe pas à ce qu'il est et à l'éducation qu'il a eu.

Derrière son point de vue très petit bourgeois intellectuel, on sent bien les frustrations du petit garçon malade qui devait rester enfermé et était limité dans ses déplacements. Ce qui l'a sans doute beaucoup frustré.
Pour Marcel Proust, la lecture est une démarche purement intellectuelle qui s'inscrit profondément dans le Temps, à la manière des monuments anciens. Les récits qui nous restent du passé abolissent donc les limites du temps du fait qu'il nous donne accès à ce qui n'est plus et ne se dit plus. Un instant d'éternité… Ainsi, pour l'auteur, la lecture en elle-même est presque secondaire et ne vaut que par le souvenir des lieux qu'elle nous laisse : que ce soit le lieu où nous, lecteurs, nous trouvions ou le lieu où se déroule le récit.
Un tel jugement l'amène à être très dur vis-à-vis des contemporains, ou d'auteurs classiques comme Alfred de Musset, par exemple.

La seule part d'émotionnel que Proust concède à la lecture, c'est le moment où il compare celle-ci à une "amitié sans contrainte" où l'autre (étant un objet) ne peut se vexer de notre opinion ou d'être délaissé.
Une esthétisation très intellectuelle quand même !

Certes, cet essai n'est pas complètement inintéressant, mais je ne partage pas vraiment le point de Marcel Proust, ce qui a rendu cette lecture un peu laborieuse.
Pas moyen de faire aimer la lecture aux jeunes générations avec de tels arguments ! Mieux vaut se tourner vers les Britanniques pour cela, avec Ruskin que Proust critique très vivement dans son essai d'ailleurs, ou plus récemment, Neil Gaiman.

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