_Tu te rends compte? Le seul homme qui tient ses promesses aujourd'hui est un serial killer, explosa Mara.
Il y avait une phrase qu’il aimait à répéter à ses étudiants en criminologie, et qui constituait la règle d’or du profilage criminel : « Si vous voulez comprendre un peintre, étudiez ses tableaux ; ils vous en diront beaucoup plus sur lui que n’importe quel témoignage. » Le même principe, expliquait-il, valait pour les tueurs en série. En analysant leurs crimes, en découvrant comment et pourquoi la victime avait été tuée, on avait beaucoup plus de chances de déterminer qui l’avait tuée.
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Piazza Giuseppe Garibaldi, Cagliari
C’était une nuit magnifique. Vito Strega se rendit compte que cela faisait des années qu’il n’avait pas vu un ciel aussi pur et serti d’étoiles.
— Moi aussi, elles m’ont toujours fascinée, dit Eva en le surprenant le nez en l’air à contempler les constellations. Ces cathédrales d’astres infinies.
— Belle définition. C’est toujours comme ça ? demanda-t-il, ébloui.
— Presque toujours, oui. C’est une des particularités de ce paradis terrestre.
(...) on a la lumière et les ténèbres qui dansent ensemble, échangeant les rôles.
c’est comme s’il connaissait à la perfection le tempo médiatique.
Chaque fois que la distance avec Strega se réduisait à moins d’un mètre, Mara s’emballait comme une boussole à proximité d’un aimant et sentait son sang bouillonner.
La manière dont l’État opère son magistère punitif est totalement inadaptée aux cas individuels. Prenons celui-ci. Les causes ? Un système saturé. Des effectifs exsangues. Un arriéré judiciaire insoutenable. La loi impose de donner la priorité aux procès avec des détenus. Dès lors, ceux qui comparaissent librement sont relégués au second plan, et la moitié des dossiers finissent en prescription, comme dans le cas de notre ami. Ce système en crise produit de l’injustice au quotidien, dans une sorte de cercle vicieux… Pour moi, l’heure est venue de dire stop.
- Elle nous a contaminés pendant des années avec ses diatribes incendiaires qui mettaient une telle pression sur la justice qu'on a incarcéré plus d'un innocent dans le seul but de satisfaire les instincts réactionnaires de l'opinion. Et lorsqu'une affaire venait à lasser le public, elle l'abandonnait pour se jeter sur du sang frais. Ce n'est pas du journalisme, mais de la prostitution. Et vous devez comprendre que les jurés sont des gens comme vous. Ils lisent les journaux et regardent la télévision. Il est évident qu'ils se laissent conditionner par ce matraquage et arrivent en cour d'assises remplis de préjugés envers les accusés, et tant pis pour l'impartialité...
On a la lumière et les ténèbres qui dansent ensemble, échangeant les rôles. La lutte éternelle entre le bien et le mal.
_Il est coupable, parce que trop de preuves et de témoignages le confondent. Mais c'est comme s'il avait suivi un plan préparé par d'autres, continua l'inspectrice.