Citations sur À la croisée des mondes, tome 3 : Le miroir d'ambre (91)
Le premier fantôme à quitter le pays des morts faut Roger. Il fit un pas en avant, puis se retourna pour regarder Lyra et, soudain, il éclata de rire, au moment où il se mettait à tournoyer dans les airs, le ciel, les étoiles... et il disparut, laissant derrière lui une explosion de bonheur, si vive et pétillante que Will songea aux bulles dans un verre de champagne
- Mais où est Dieu s'il est vivant ?... Au commencement du monde, il est entré dans le jardin et il a parlé avec Adam et Eve. Et puis, il s'est retiré, et Moïse n'a entendu que sa voix. Où est-il maintenant ? Est-il toujours vivant, à un âge inconcevable, décrépit et sénile, incapable de réfléchir, d'agir, de parler, incapable de mourir même, semblable à un vieux rafiot pourri ?
Ce lieu ressemblait moins à un immense rocher qu'à un champ de forces qui manipulait l'espace lui-même pour l'envelopper, l'étendre et le superposer sous forme de galeries et de terrasses, de chambres, de colonnades, de tours de guet faites d'air, de lumière et de vapeur.
Mais vos daemons ne sont pas retournés au néant; ils font partie de toutes les choses. Tous les atomes qui les composaient se sont dispersés dans l'air, le vent, les arbres, la terre, et dans toutes les créatures vivantes. Ils ne disparaîtront jamais. Ils sont dans chaque chose. Et c'est exactement ce qui vous arrivera, je vous le jure, sur mon honneur. Vous vous disperserez, en effet, mais vous serez à l'air libre, vous ferez partie du monde vivant, comme avant.
Nous ressusciterons dans un millier de brins d'herbe, un million de feuilles, nous tomberons du ciel avec les gouttes de pluie, nous volerons avec la brise, nous scintillerons dans la rosée sous l'éclat des étoiles et de la lune, là-bas dans ce monde physique qui est notre véritable foyer, depuis toujours. Alors, je vous en conjure, suivez cette enfant vers les cieux !
Les anges rêvent d'avoir des corps. Et ils ne comprennent pas pourquoi nous ne sommes pas plus heureux de vivre sur terre.
Pour eux, posséder notre chair et nos sens serait une sorte d'extase
Et quand nous nous retrouverons, nous nous serrerons si fort que rien ni personne ne pourra plus nous séparer. Tous nos atomes se mélangeront... Nous vivrons dans les oiseaux, les fleurs, les libellules, dans les sapins et les nuages, et dans ces minuscules particules de lumière qu'on voit flotter dans les rayons du soleil... Et quand ils utiliseront nos atomes pour fabriquer de nouvelles vies, ils ne pourront pas en prendre qu'un seul, ils seront obligés d'en prendre deux, un de toi et un de moi, tellement nous serons soudés
Nous avons découvert que nous amenions tous notre mort avec nous. Nos morts étaient à nos côtés depuis toujours, mais on ne le savait pas. Vous voyez, tout le monde en a une. Elle nous accompagne partout, durant toute notre vie, tout près.
J'ai entendu parler de gens comme vous, qui maintiennent leur mort à l'écart. Vous ne l'aimez pas, alors par politesse elle reste en retrait. Mais elle n'est jamais très loin. Chaque fois que vous tournez la tête, elle se glisse derrière vous. Et chaque fois que vous essayez de l'apercevoir, elle se cache. Elle peut se dissimuler dans une tasse de thé. Dans une goutte de rosée. Ou dans un souffle de vent
Elle a réussi à te dompter et à t'adoucir, ce n'est pas une mince affaire. Elle t'a vidé de ton venin, Marisa. Elle t'a limé les dents.
Une petite bruine de piété sentimentale a éteint le feu qui brûlait en toi. Qui aurait pu imaginer ça ? Toi, l'impitoyable oratrice de l'Église, le procureur fanatique des enfants, l'inventeur d'effroyables machines conçues pour les découper en tranches, afin de rechercher à l'intérieur de leurs petits êtres terrifiés les preuves du péché! Voilà que débarque une sale gamine, ignorante et grossière, avec les ongles sales, et tu glousses comme une mère poule, tu lisses tes plumes. Je le reconnais: cette enfant doit posséder un don que j'ignore. Mais s'il n'a réussi qu'à faire de toi une mère éperdue d'amour, c'est un don médiocre et misérable.
Les premiers anges sont nés d'un condensé de Poussière, et l'Autorité fut le premier de tous. À ceux qui sont venus ensuite, il a dit qu'il les avait créés, mais c'était un mensonge. Parmi eux se trouvait une créature plus intelligente que lui et elle a compris la vérité, alors il l'a bannie.
L'Autorité, Dieu, le Créateur, le Seigneur, Yahvé, El, Adonaï, le Roi, le Père, le Tout-Puissant... tels sont les noms qu'il s'est donnés. Mais il n'a jamais été le Créateur.
C'était un ange, comme nous; le premier ange, certes, le plus puissant, mais formé de Poussière comme nous, et le terme Poussière n'est qu'un mot pour désigner ce qui se produit quand la matière commence à comprendre ce qu'elle est.