Il y a un truc que je n'ai jamais compris dans la saga des Royaumes du Nord. On commence par un très bon premier tome avec des idées intéressantes, un univers original, un monde qui ne demande qu'à se développer. Et puis après pendant deux tomes cela devient... N'importe quoi.
Toujours une foule d'idées mais balancées en vrac, s'entassant sans soucis de cohérence ou d'homogénéité. Au lieu de développer l'univers du premier tome il en rajoute toute une collection. Il en commence un, le laisse en plan, passe au suivant. De ce fait, beaucoup d'éléments introduits restent bancales. On passe un temps fou avec les Mulefas, qui sont bien braves mais ne servent quasi à rien dans l'histoire. En revanche les Gallivespiens y jouent un rôle important, mais on n'aura pas le plus petit aperçu de leur monde.
Le couteau qui permet de couper des fenêtres entre les mondes m'a paru un élément narratif trop gros et trop facile. Le monde des morts a l'air d'être là uniquement pour montrer que, d'après lui, s'il y a une vie après la mort elle n'est pas cool, et en cela sonne comme une très pâle copie de la magnifique nouvelle de Supervielle ‘Les Boiteux du ciel'.
Les retournements de Lord Asriel et de Mrs Coulter sont presque aussi subtiles que dans le catch. Tiens il est gentil, les méchants veulent le tuer. Tiens il est méchant. Tiens il est gentil. Tiens il y a deux chapitres elle était tellement méchante qu'elle pouvait contrôler les ombres, et maintenant elle se sacrifie pour tuer le grand méchant...
La détestation de Philip Pullman pour le religieux au sens très large l'amène également à de bizarres contradictions, qui encore une fois auraient pu être à peu près évitées s'il s'était cantonné à son univers de départ. Pour plusieurs de ses peuples il est amené à reprendre le concept d'athéisme primitif, totalement abandonné depuis Durkheim. Surtout, il s'embrouille complètement les pinceaux entre rationalisme et merveilleux. Il explique les caractéristiques des Mulefas via l'évolution ; mais par quel résultat improbable cette même évolution aurait conduit les humains à avoir un daemon et une mort qui les suit partout, il n'essaye même pas de l'expliquer.
Il semble perpétuellement hésiter entre matérialisme et fantastique avec ou sans symbolisme, ce qui l'emmène à des mélanges improbables ; mais il n'a pas non plus l'air de trop savoir s'il vise un public adolescent ou adulte. Dans le premier tome il arrivait à maintenir un équilibre global ; dans les suivants ça penche tantôt d'un côté tantôt de l'autre.
Philip Pullman peut dire ce qu'il voudra sur C. S. Lewis, l'univers de Narnia reste largement mieux construit que le sien, et la saga nettement mieux écrite. Reste, bien entendu, le clivage idéologique entre les deux oeuvres. Mais là, c'est à chacun de se faire son idée...
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J'ai eu beaucoup plus de mal à entrer dans ce second tome. Il faut dire que la transition entre la fin des Royaumes du Nord et La Tour des Anges est assez abrupte. Pour ma part, je m'attendais à revoir aussitôt Lyra et continuer à découvrir ce qui lui était arrivée, mais au lieu de cela nous découvrons un nouveau personnage qui se trouve dans ce qu'on pourrait appeler « notre monde ». du coup, on perd de la magie du premier tome et je me suis demandée si je n'avais pas sous les yeux une tout autre histoire. Cela ne dure pas longtemps, c'est certain, mais je n'ai pas vraiment apprécié ce début de roman.
L'arrivée de Lyra au bout de quelques chapitres mais aussi la présence de Lee Scoresby et Serafina Pekkala donne tout de suite une toute autre dynamique à l'histoire. On retrouve peu à peu ce qui fait le charme des Royaumes du Nord, et personnellement, j'étais ravie de les retrouver. J'ai d'ailleurs été fort surprise de les découvrir sans Lyra, car dans le premier tome (si mes souvenirs sont bons), rien ne se passe sans la présence de l'enfant. Et c'était une très bonne chose car il faut dire que les adultes rendent la première partie du roman beaucoup plus palpitante. Les passages avec Will et Lyra contrastent assez au tout début, car ils sont plus dans une phase de découverte comme dans les premières pages d'un roman. Ils sont importants pour l'évolution de la relation entre les deux jeunes héros mais j'avoue m'être un peu ennuyée à certains moments. Fort heureusement, la suite est beaucoup plus aventureuse avec de nouveaux mystères, des rencontres, le danger qui se rapproche et des réponses à beaucoup de mes questions.
Lyra, bien moins présente, est beaucoup plus agréable à voir évoluer. Je l'avais trouvé très arrogante dans le premier tome, et j'avoue qu'elle a changé. Elle est plus mature, plus réfléchie. Elle commet des erreurs, mais contrairement au premier tome, je trouve qu'elle décide très rapidement de se repentir. Elle appréhende ses erreurs, les comprends et fait tout pour les corriger. Elle est toujours aussi impulsive et parfois très changeante, mais j'ai plaisir à la voir évoluer. Peut-être est-ce aussi le fait qu'elle n'est pas réellement le héros de ce roman. Pour moi, ce rôle incombe à Will qui m'a bluffée par sa maturité et ses actions tout au long du roman. J'ai beaucoup aimé ce personnage si adulte malgré sa jeunesse. Il est très fragile du fait qu'il ait du grandir trop vite mais en même temps, il rappelle le courage de Lyra et la force qu'elle dégage elle aussi. Les deux forment une très bonne combinaison, surtout que Will a une très bonne influence sur elle. du coup, la dynamique de ce duo est fort plaisante et donne une autre allure à l'histoire. Ce n'est plus seulement l'histoire de Lyra. Il y a d'autres enjeux tout aussi importants. Et puis, La Tour des Anges est plus sombre aussi. La perte de certains personnages est douloureuse, et les actions d'autres sont révoltantes au possible. Ce n'est plus seulement l'aventure d'une petite fille, nous sommes dans une épopée dangereuse qui meurtrit profondément ses protagonistes. Un monde plus adulte où l'innocence et les jeux n'ont plus leur place.
Du coup, dans l'ensemble, j'ai bien aimé ce second tome malgré la faiblesse du début. La saga ne sera définitivement pas un coup de coeur ou un roman que j'aurais envie de relire, et la lecture du troisième tome ne changera probablement pas mon avis, mais la complexité de l'oeuvre jusqu'à présent et les sujets traités en font un très bon roman d'aventures. Je trouve d'ailleurs que l'idée globale du combat contre l'Eglise et ce qu'elle représente toujours aussi audacieuse. Elle est très bien menée encore une fois, et il est facile de haïr le Magisterium et ses actes, car ils sont concrets. L'Autorité, par contre, reste encore un concept assez vague pour moi. J'ai mon idée d'un Dieu omniscient en quelque sorte, mais je ne vois pas comment le combat qui se profile peut avoir lieu. Pour moi, c'est une « idée ». du coup, je suis très intriguée par la suite des événements. Je me pose de nombreuses questions sur ce tome trois, car en fin de compte, il y a toujours cette grande part de mystère qui plane autour de l'histoire. C'est palpitant de ne pas tout appréhender. Mais je pense que je ferais une pause car j'ai peur que la lecture des trois tomes à la suite ne me fasse pas apprécier à sa juste valeur la fin de la trilogie (ce qui serait fort dommage).
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J’ai entammé la lecture de ce nouvel opus avec scepticisme, ayant d’emblée jugé défavorablement le dessin, très différent de celui d’Oubrerie. Mais j’ai été agréablement surprise. L’ensemble fonctionne. Et même très bien.
Lire la critique sur le site : LaFabriqueaBulles
Ils avaient ralenti et tournoyaient maintenant à moyenne altitude, tels des aigles. Ruta Skadi regarda dans la direction que lui indiquait l'un des anges. Les premiers scintillements du soleil, encore faibles, éclairaient l'horizon à l'est, bien que les étoiles au-dessus de leurs têtes continuent de briller avec le même éclat sur le velours noir profond des cieux inaccessibles. A la lisière même de ce monde, là où la lumière s'intensifiait à chaque seconde, une grande chaîne montagneuse érigeait ses sommets ; des éperons de roche noire déchiquetés, d'énormes blocs de pierre brisés et des arêtes en dents de scie, empilés dans le plus grand désordre comme les vestiges d'une catastrophe universelle. Mais sur le point culminant, que venaient frapper les premiers rayons du soleil levant et qui se détachait dans la lumière éclatante au moment où la sorcière y posait les yeux, se dressait une silhouette aux formes régulières : une gigantesque forteresse dont les remparts étaient constitués de blocs de basalte aussi hauts que la moitié d'une colline, et dont la taille ne pouvait se mesurer qu'en temps de vol.
— Mes sœurs, dit Ruta Skadi, laissez-moi vous raconter ce qui est en train de se passer, et vous expliquer qui sont nos ennemis dans cette affaire. Car une guerre se prépare. J'ignore encore qui seront nos alliés, mais je sais qui nous devons combattre. Il s'agit du Magisterium, de l'Église. Depuis qu'elle existe, c'est-à-dire très peu de temps à nos yeux, mais très très longtemps d'après les critères des mortels, l'Église a toujours cherché à supprimer et à contrôler toutes les pulsions naturelles. Et quand elle ne peut pas les contrôler, elle les détruit. Certaines d'entre vous ont vu ce qu'ils faisaient à Bolvangar. C'était épouvantable, mais ce n'est malheureusement pas le seul endroit, ni la seule pratique de ce genre. Mes sœurs, vous ne connaissez que le Nord ; moi, j'ai voyagé dans les contrées du Sud. Il y a là-bas des Églises qui mutilent les enfants elles aussi, comme les gens de Bolvangar, pas de la même façon, mais de manière tout aussi horrible. Ils leur coupent les organes sexuels, oui parfaitement, aux garçons comme aux filles ; ils les tranchent avec des couteaux. Voilà ce que fait l'Église, et toutes les églises ont le même objectif : contrôler, détruire, anéantir tous les bons sentiments.
Il trouva une boîte de Coca qu'il lui tendit, avant de sortir une boîte d'œufs. La fille coinça le soda glacé dans ses mains avec délice.
- Vas-y, bois, dit Will.
Elle regarda la boîte en fronçant les sourcils. Apparemment, elle ne savait pas comment l'ouvrir. Will souleva la petite languette métallique et la boisson jaillit en moussant. La fille lécha la mousse avec méfiance, puis ses yeux s'écarquillèrent.
- On peut le boire ? demanda-t-elle d'une voix où l'espoir se mêlait à l'appréhension.
- Oui. Visiblement, ils connaissent le Coca ici aussi. Tiens, regarde, je vais en boire pour te prouver que ce n'est pas du poison.
Il ouvrit une autre boîte. L'ayant vu boire l'étrange breuvage, elle l'imita. De toute évidence, elle mourait de soif. Elle but si vite que les bulles lui remontèrent dans le nez ; elle s'étrangla, rota bruyamment et fronça les sourcils quand Will la regarda.
Il remit l'argent dans sa caisse et ouvrit sa bouteille avec le décapsuleur fixé sur le comptoir ; après quoi, il ressortit du café et marcha dans la rue, en tournant le dos au boulevard. De petites épiceries et boulangeries alternaient avec les bijouteries, les fleuristes et les portes masquées par des rideaux de perles qui s'ouvraient sur des maisons dont les balcons en fer forgé, chargées de fleurs, dominaient les trottoirs étroits. Le silence, ainsi enfermé, semblait encore plus profond.
Elle avait demandé : « Qui est ce garçon ? Un ami ou un ennemi ? »
L’aléthiomètre répondit : « C’est un meurtrier. »
Lyra se sentit immédiatement soulagée. Il savait où trouver à manger, il lui montrerait comment rejoindre Oxford, autant de qualités fort utiles ; ce qui ne l’aurait pas empêché d’être un froussard, un garçon à qui on ne peut pas faire confiance. Un meurtrier, en revanche, faisait un excellent compagnon. Avec lui, elle se sentait aussi protégée qu’elle l’avait été aux côtés de Iorek Byrnison, l’ours en armure.
La quête de la jeune Lyra touche à sa fin, puisque cette troisième saison devrait logiquement être la dernière : À la croisée des mondes est une trilogie. Même si Philip Pullman, à l'origine de cette adaptation pour le petit écran, a signé d'autres opus en lien avec les aventures de la jeune fille dans des mondes parallèles… On la retrouve ici en bien mauvaise posture, tombée entre les griffes de sa mère, la cruelle Marisa Coulter, qui la drogue pour la retenir captive dans une chapelle abandonnée… Qui de son père, l'impulsif et ambigu Lord Asriel, en conflit ouvert avec la tyrannique Autorité, ou de son ami Will, armé du redoutable poignard subtil, parviendra le premier à la secourir ?
Un vent de révolte et de castagne souffle sur ces inédits qui poursuivent honnêtement l'entreprise des précédentes saisons. Des épisodes peuplés d'anges noirs et d'ours en armures, de terrifiants inquisiteurs et de valeureux aventuriers, d'enfants courageux et d'adultes corrompus, semés de clins d'oeil à de grandes épopées de la pop culture (d'Indiana Jones à Star Wars). Où les fans d'Harry Potter mesureront une nouvelle fois à quel point J.K. Rowling s'est inspirée de Pullman pour imaginer le destin du jeune sorcier à lunettes…
#hisdarkmaterials #séries #ocs
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