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Critique de Goudal


Une histoire personnelle de l'ultra-gauche.
De Serge Quadrupani.

Comme les commentaires de plus de 3 lignes ne sont pas lu, commençons par la fin :
Courez acheter et lire l'Histoire Personnelle de Quadrupani.
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En premier lieu, nous ne somme pas trompés sur la « marchandise ». Il s'agit bien d'une histoire personnelle, même très personnelle et aussi courageuse.
En second lieu, il s'agit bien de la mal nommée « ultra-gauche » même si cette dénomination, outre le fait de ne pas être très vendeuse, me paraît peu appropriée. Communisme conseilliste me paraît plus signifiant et moins dépréciatif. On pourrait dire aussi la Gauche qui pense et qui agit, la vraie gauche.

Le livre s'ouvre sur deux ciattions que voici :
Même les rêves doivent lutter pour survivre
Et vous vous demandez: où sont passés tes rêves?
Et vous hochez la tête et vous vous dites: commeles années s'envolent vite
Et vous vous demandez encore: qu'as-tu donc fait de tes années?
Où as-tu enterré la meilleure part de toi? As-tu vécu ou non?

Dostoïevski, Les Nuits blanches.

La science sociale d'aujourd'hui est semblable à l'appareil productif de la société moderne:
tous y sont impliqués et en font usage, mais seuls les patrons en tirent profit.
On vous dit: vous ne pouvez pas le briser sans rejeter l'homme dans la barbarie.
Mais d'abord qui vous dit que nous tenions tellement à la civilisation de l'homme?

Mario Tronti, Ouvriers et Capital

Tout est dit mais le Tout reste à découvrir.
Dès le prologue , Quadrupani nous plonge dans le débat politique.
Puis il débute par la très belle « Lettre à un jeune révolutionnaire » qui décrit les deux moments fondateurs qui ont déterminés son engagement. Ces moments que nous avons tous vécu sont indispensables pour identifier, sinon ce que nous voulons, au moins ce que nous ne voulons pas..

Suit un long cours d'histoire sur 68 et l'après 68 mais surtout sur les débats sur l'histoire et les références nécessaires pour accomplir la révolution. Les conseillistes comme les léninistse et les trotskistes se réfèrent à Marx.. Les conseillistes en appellent plutôt au jeune Marx (les manuscrits de 1844, la Critique de Hegel et les thèses sur Feuerbach. Ils abhorrent Lénine, Trotski (les auteurs du coup d'état qui a réussi) ainsi que Staline et Mao bien évidemment. L'autre grande référence est Rosa Luxembourg du parti social démocrate allemand (la révolution qui a raté).
Cette importance donnée à Marx influent énormément sur le contenu des débats et des écrits produits par la petite bande de militants dans la revue confidentielle Spartacus .
Le point fondamental qui sépare les conseillistes des léninistes repose sur le fait que la révolution ne sera effectuée que par le prolétariat. Il n'y a pas besoin d'avant garde d'intellectuels bourgeois qui leur enseignera comment faire.
La discussion est approfondie au travers de références multiples et variées, de Kautski à Lafargue qui commence à ébranler la référence et la valeur travail avec son droit à la paresse.
L'autre question fondamentale, la disparition de l'état (et de sa police), sans doute conçue comme une évidence, n'est pas discutée.
Puis, soudainement, Quadruppani revient sur sa vie privée d'adolescent monté à Paris. Il déballe, presque sereinement, et surtout sans aucune haine ce qu'il a subi. Une claque !

Et on passe à autre chose, la vie dévorante de militant. Les débats, les idées, Socialisme et Barbarie, Castoriadis (cité deux fois), les situs et bien d'autres .
Le bouquin alterne ainsi les références politiques, les évènements et les engagements, les écrits ainsi que les rencontre, les joies et les déboires personnels.

Ainsi il écrit : « Le communisme a besoin de ce qui nous pousse à l'empathie pour quiconque refuse l'écrasement. le «règne de la liberté », tel que le définit Karl Marx, a besoin de la résistance aux despotismes. Réduire cette dernière à une «lutte pour les libertés bourgeoises » est un réflexe idéologique d'ultragauche avec lequel il m'a été vital de rompre. ».
Il répète plusieurs fois « un réflexe idéologique d'ultragauche avec lequel il m'a été vital de rompre. ».
Nous cheminons avec lui sur toutes les luttes importantes qui ont émaillées ses vies d'écrivain, de traducteur et de militant.
Il critique, s'auto-critique souvent, prend de la distance jusqu'à devenir un « compagnon de route ».
Il est à Notre Dame des Landes.
Il n'a rien lâché depuis sa « Lettre à un jeune révolutionnaire ».
Je ne cite pas sa très belle conclusion. Acheter le livre.


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