« C’était mal connaître Onyx qui ne perdait jamais de vue qu’elle était une personne quelconque. Foutue ni bien ni mal, une gueule passe-partout, elle ne pouvait inspirer que des sentiments quelconques à des êtres dépourvus d’intérêt. C’était en fait son unique folie, l’orgueil : un mal qui lui rongeait les sens. Être belle, ô mortels, être belle, ô mortels, comme un rêve de pierre…, pour les voir tous baver, se traîner à ses pieds. » (p. 172)
Parfois, bipés un soir en train de câliner maman, rentrés chez eux à l'aube, ayant pris entre-temps des hélicoptères furtifs, changé de fuseau horaire, sauté en parachute, essuyé des tirs et traité des cibles bien comme il faut, ils se retrouvaient bâillant et poussant le caddie familial au supermarché, hésitant devant les prix, reniflant les melons en promotion, farfouillant parmi les steaks surgelés, écoutant maman piapiater sur la cherté des choses ou les priant de se montrer plus attentifs, de se comporter en maris normaux.
“Et après ? Après, t’as la gamme infinie des hasards malencontreux. On n’est plus en démocratie, cocotte, chez nous. C’est fini, Sarko, les petits arrangements…[…] je vois mal comment tu pourrais échapper au intérêts supérieurs de l’Etat…Moi non plus d’ailleurs..On aura chacun son tiroir à l’institut médico-légal. On sera tout bleu, tout froid, vachement glamour.”
- “Vous viendriez parler à l’antenne
- Ce pays est assez morose, inutile de l’accabler davantage. Ajouter le beurre à l’argent du beurre…En fait, on ne sait plus trop si le devoir est d’informer ou de cacher les faits.”
“Le même parcours du combattant. Quand on leur demandait comment, la guerre finie, ils avaient pu souhaiter intégrer le GIGN, puis le corps des Chats Maigres, ils répondaient honnêtement que, oui, la guerre leur manquait. Ils n’étaient ni des brutes, ni des fous sanguinaires, ni des excités, ils étaient doux comme des chats angoras, mais la guerre leur manquait. Ils haïssaient la guerre, la violence, la rage des hommes entre eux, l’imbécillité des frappes ou du corps à corps, l’arrogance du métal aveugle déchirant des familles ou ce qu’il en restait, la peur éprouvée en croisant le regard d’un forcené guère plus fautif que vous, celui d’un vrai tueur. Ils ne pouvaient plus s’en passer. ”
“Les femmes savent tout, mais elles veulent des mots. Tant que les phrases n’ont pas franchies nos lèvres, elles n’existent pas.”
« Dire oui, c’était contraire à ses principes. Elle faisait des choses, éventuellement elle agissait, mais dire oui, c’était plier, s’aligner, commencer à demander pardon à quelqu’un qui méritait qu’on lui tranche les nerfs, pour la peine. Dire oui, c’est balancer. Dire oui, c’est perdre et elle était déjà assez perdue comme ça. » (p. 168)
« Les femmes savent tout, mais elles veulent des mots. Tant que les phrases n’ont pas franchi nos lèvres, elles n’existent pas. » (p. 130