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Citations sur Dernier royaume, tome 10 : L'enfant d'Ingolstadt (15)

Tout ce que nos yeux ne peuvent voir et que nos yeux ne peuvent toucher n’est pas absent du monde.
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Le groupement humain est une chose dangereuse. ... La densité entraîne un stress dans le groupe qui provoque ou le suicide de celui qui est oppressé ou l’éviction de la victime qui s’ignore sanctionnable. La médiation qu’apporte l’exclu aux survivants, voilà ce qui fonde la société humaine et qui modélise ses joies principales. C’est ce que pensait Étienne de La Boétie.
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Celui qui a tord (tordu) est celui qui est contraire au droit. Par la torture le vrai sort du tort. On tord le corps telle une éponge en sorte d’exprimer la ligne de sang du vrai, pour produire le gémissement de la vérité dans le champ rouge de l’ordalie. C’est cet étrange gémir que Descartes appelle l’évidence.
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Comme la pluie tombe…


Comme la pluie tombe.
Comme l'automne tombe.
Ce qui choit avec le corps naissant, c'est aussi le
délivre. L'arrière-faix du monde ancien.
Comme la neige qui s'étend sur le lieu en silence et
accorde la couleur et la lumière solaire prodigieuse-
ment répercutée et l'étrange étouffement sonore de
l'hiver.
Miraculeuse tombée.
L'étrange poche assourdie et blanche de l'hiver.
Son nom même vient et l'ouverture de la bouche
en hiver. Ab hiatu hiems. En latin le mot hiver désigne
ce morceau de brume qui se lève dans le froid sur la
bouche vivante des hommes et des bêtes qui traversent
la neige.

p.180-181
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Nie K'iue demanda à Wang Yi:
- Connaissez-vous une vérité unanimement admise par tous les êtres?
-Comment pourrais-je la connaître? répondit Wang Yi.
-Connaissez-vous que vous ne la connaissez pas? demanda Nie K'iue.
-Comment le pourrais-je? répondit-il.
-Alors les êtres ne connaissent rien? demanda Nie K'iue.
-Comment le saurais-je? reprit Wang Yi.
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Michel-Ange s'exécute, s'agenouille, amasse entre ses bras la neige silencieuse, la dresse de ses mains, travaille toute la journée. Puis y consacre toute la nuit. Il appelle le duc à l'aurore. C'est sa plus belle œuvre. Ils la regardent tous deux s'anéantir dans le soleil de l'aube qui monte.
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Rapaces qui tournez en rond…


Extrait 1

Rapaces qui tournez en rond,
danseurs, sorciers, chamanes fous,
enfants,
qui tournez vertigineusement en rond jusqu'à la
syncope,
ou jusqu'à la mort,
au cour de la danse, de la
transe.
La tête tombe en arrière,
renversée dans le plat rond,
in disco,
in tondo,
de Salomé la Sainte
ou de ducia l'Aveugle,


p.231
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CÛDAPANTHAKA


Extrait 1

     Il y a un refrain très simple et très beau dans une chanson que composa Malherbe qui dit avec beaucoup de vigueur et de brusquerie ce que je cherche à définir ici ‒ et au fantôme de quoi il faut fournir sans fin à force d’offrandes alimentaires, de trésors monétaires, de gloire et de défi, de colliers et de brassards, de broches, d’agrafes, de parures, de perles, de dents, de larmes.
     « Qui me croit absent, il a tort :
     Je ne le suis point, je suis mort. »
     Je me souviens qu’André du Bouchet offrit ‒ dans un état enfantin d’enchantement ‒ ces deux vers à Paul Celan, dans son petit appartement rue des Grands-Augustins, quand il les découvrit. Francis Ponge venait de faire paraître son livre sur Malherbe. J’assistai à ce don enchanté avant que Paul Celan se jette dans le fleuve.
     Les larmes constituent ces libations naturelles que le corps verse sur les vides, sur les abandons, sur les sauts, sur les plongées, sur les ruines, sur les absences, sur les détresses que la langue parlée ne sait pas dire.
     Une narration « dotée de sens », voilà ce qui cherche à s’opposer à l’absence du souffle tiède d’un vivant. Une biographie. Mais la vie n’est pas une biographie. Mais être mort, c’est cesser de ternir le miroir. Tel était le geste que les Anciens faisaient pour s’assurer du décès de leurs familiers. On allait quérir un petit miroir de bronze qu’on approchait des lèvres des êtres immobiles.
     Le défaut de buée ou, si l’on préfère, le reflet sans défaut, le contact sans écran de réel à réel, témoignait de la perte de la vie.
     Ce petit miroir fait en bronze, frotté de laine, tout brillant, ce reflet pur c’est-à-dire vide, net de vapeur ou bien de brume lointaine ou bien de silhouette indécise sur la surface métallique et polie permettaient d’éloigner définitivement le mort dans son nom.
     Alors ils l’appelaient trois fois.
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CÛDAPANTHAKA


Extrait 2

     Les hommes de l’Antiquité criaient très fort trois fois le nom du mort dans la chambre silencieuse où son corps avait été allongé. C’était comme une dernière danse où se soulevaient trois fois les ailes des grands oiseaux dévoreurs des chairs et porteurs des âmes dans l’ombre de l’Éther. C’étaient comme trois très lents et très grands coups de rame sur le fleuve mort qui traverse l’Érèbe. Baptême inversé comme l’était ce repas des pavements qui ne faisait rien pénétrer de solide à l’intérieur des lèvres. Dans une triste et triple clameur ils donnaient trois fois son nom à cet être pour qui ni le souffle ni le langage ni le faux ni le désir ni la faim ne faisaient plus écran à sa propre vision.
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L'enfance - ce qui ne parle pas - consiste à apprendre à parler. Mais ce qui "se tient" avant tout ce qui parle continue de se taire au fond de celui qui parle.
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