L'esthète dans toute sa splendeur ! Quand
Quignard vous pond -c'est Pâques, pardon, mais je n'avais pas d'autre verbe en bouche, oeufs en chocolat obligent, mais avec délice, vous l'aurez compris- quand il vous pond, dis-je, un ouvrage sur le sexe dans l'iconographie et les textes antiques (grecs et romains s'il vous plaît), ça donne un feu d'artifice de références les plus passionnantes qui soient. Choisir l'édition de luxe, accompagnée des images, parce que celle en poche vous prive de l'essentiel ! Il m'épate toujours un peu plus avec le temps,
Quignard. Si profondément nourri d'histoire, si familier des textes sources qu'il vous donnerait envie d'y plonger vous-même! le fascinus : that is the question ! C'est plus joli que"pénis", vous en conviendrez, même si ce dernier résonne lui aussi très latin! N'empêche que si notre société a toujours tourné autour de cette même chose-là, c'est bien à cause des romains! On tourne autour, on regarde en biais, jamais bien en face... Tiens ça me rappelle ce visiteur d'Orsay croisé il y a quelques années devant L'origine du Monde, dont les yeux ont été renvoyés comme un ressort à l'extérieur du tableau, comme si ça lui avait brûlé la pupille! Il était un spectacle à lui tout seul à vouloir regarder sans regarder! Incroyable tout de même que cette chose qui nous engendre, le sexe, soit ainsi voilée, périphrasée, métaphorisée ! Les grecs, eux, n'y allaient pas par quatre chemins! Et on a mis la pruderie occidentale sur le dos de la religion, pas du tout !
Quignard l'explique parfaitement, et c'est si incroyable de richesses à la fois littéraires, linguistiques et iconographiques qu'il faut prévoir un peu de temps pour le lire, lentement, doctement, histoire de faire honneur à tout ce travail et à cet écrivain vraiment épatant.