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Critique de ODP31


ODP31
16 septembre 2019
22, v'là Quiriny !
Ne pas fuir. Au contraire, je me suis offert le menu « Dégustation » proposé par ce recueil. Comme dans beaucoup de restaurants étoilés, il n'y a pas grand-chose dans l'assiette mais la finesse des 22 nouvelles proposées rassasiera bien des appétits.
Bernard Quiriny n'a aucun lien de parenté avec Marcel Aymé mais nul besoin d'un test ADN pour valider une descendance littéraire.
Pas de passe-muraille entre chaque histoire, ni de risque d'électrocution dans la recherche d'un fil conducteur, chaque nouvelle tient à son indépendance. Il faut lâcher la prise, lâcher prise et accepter comme une évidence ce village dont les habitants ont cessé de mourir, ce bouleversement mondial qui pousse les humains à regagner leur lieu de naissance à l'approche de la mort ou ces cinq enfants sosies échappés d'un roman de Stephen King qui terrorisent une école.
Dans un autre registre, je ne me suis pas interdit de ressentir une sincère pitié pour cet homme qui se réveille chaque jour avec une nouvelle maladie et de la tendresse pour ce pauvre bougre qui répond toujours à côte des questions qui lui sont posées. Des réponses à contre-temps qui prennent la forme d'une poésie inconsciente.
Bernard Quiriny ne donne aucune explication aux phénomènes surnaturels qu'il introduit dans ses textes. Il ne décrit que les conséquences rationnelles du déraillement d'une loi physique sur un individu, un pays ou une société.
Et quand l'auteur ne franchit pas les frontières du fantastique, il nous fait voyager dans l'absurde.
L'association des sédentaires de Paris organise une course gagnée par celui qui s'éloignera la plus de la Capitale sans crise de panique.
Bienvenue aussi en Poménie, où deux ethnies partagent une Capitale sans jamais se croiser, même dans les escaliers. La nouvelle s'intitule Vivre-ensemble...
Dans Usus, Fructus, un couple achète une maison dans une île paradisiaque avant de découvrir que l'hospitalité y prime sur la propriété.
Quelques textes interrogent enfin la création littéraire. Que penser de ce livre dont le succès de la préface ombrage le roman qu'elle introduit ou de cet écrivain qui n'a rien publié de son vivant et planifie sa carrière posthume ?
Si les idées originales de Bernard Quiriny s'essoufflent parfois un peu dans ses romans ( « Les assoiffées » et « le village évanoui ») après une centaine de pages, et que certains textes du recueil sont oubliables et oubliés aussi vite qu'ils sont lus, je trouve que son imagination foisonnante est taillée sur mesure pour les nouvelles.
En somme, plus une dégustation d'idées lumineuses qu'un gueuleton inoubliable.
« Vies conjugales », titre pluriel qui célèbre le mariage de l'absurde et du surnaturel avec le consentement lointain de Borges.

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