ANTIOCHUS
[...]
Adieu : je vais, le cœur trop plein de votre image,
Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage.
Surtout ne craignez point qu'une aveugle douleur
Remplisse l'univers du bruit de mon malheur,
Madame ; le seul bruit d'une mort que j'implore
Vous fera souvenir que je vivais encore.
Adieu.
Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.
JOAD, à Joas.
Venez, cher rejeton d'une vaillante race,
Remplir vos défenseurs d'une nouvelle audace ;
Venez du diadème, à leurs yeux vous couvrir,
Et périssez du moins en roi, s'il faut périr.
Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux !
Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ?
JOAD
[...]
Jérusalem, objet de ma douleur,
Quelle main en un jour t'a ravi de tous ses charmes ?
Qui changera mes yeux en deux sources de larmes
Pour pleurer ton malheur ?
MATHAN
[...]
J'approchai par degrés de l'oreille des rois,
Et bientôt en oracle on érigea ma voix.
J'étudiai leur cœur, je flattai leurs caprices,
Je leur semai de fleurs le bord des précipices.
JOSABET
[...]
Enfants, ma seule joie en mes longs déplaisirs,
Ces festons dans vos mains et ces fleurs sur vos têtes
Autrefois convenaient à nos pompeuses fêtes.
Mais, hélas ! en ce temps d'opprobre et de douleurs,
Quelle offrande sied mieux que celle de nos pleurs ?
HIPPOLYTE
[...]
Quelle peur vous retient ? Vous semblez balancer ?
Votre seul intérêt m'inspire cette audace.
Quand je suis de tout feu, d'où vous vient cette glace ?
Sur les pas d'un banni craignez-vous de marcher ?
HIPPOLYTE
[...]
Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.
[...]
On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur.
Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur.
PHÈDRE
[...]
Je connais mes fureurs, je les rappelle toutes.
Il me semble déjà que ces murs, que ces voûtes
Vont prendre la parole, et prêts à m'accuser,
Attendent mon époux pour le désabuser.
Mourons. De tant d'horreurs qu'un trépas me délivre.
Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ?
La mort aux malheureux ne cause point d'effroi.