C'est parce que
Marguerite Duras évoque dans « Césarée » la destruction de la ville antique, ses ruines, et l'histoire de
Bérénice, reine des Juifs que j'ai eu envie de relire «
Bérénice », magnifique tragédie de
Jean Racine. Et puis il y a aussi la
Bérénice du roman de
Louis Aragon «
Aurélien » que j'apprécie particulièrement.
Cette pièce de théâtre de 1670, en alexandrins, est une merveilleuse histoire d'amour, tragédie qui n'est pas grecque mais bien romaine.
Ah, quelle femme cette
Bérénice ! Enfin une tragédie qui ne baigne pas dans le sang et la mort, enfin une reine qui ne se laisse pas mourir parce que
l'amour de sa vie préfère régner et l'abandonne !
Alors qu'ils s'aiment passionnément, Titus doit annoncer à
Bérénice qu'il doit renoncer à elle car le Sénat n'acceptera jamais que l'empereur épouse une reine étrangère.
Il confie à Antiochus le soin de ramener
Bérénice chez elle, ignorant que ce dernier vient de déclarer sa flamme à la reine de Judée, et doit finalement annoncer sa décision, face à face, à
Bérénice :
« Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir
Bérénice. »
Mais la belle ne va pas se laisser faire : non seulement elle ne va pas se consoler avec Antiochus qui n'attend que ça mais elle va décider de sa vie :
« Sur Titus et sur moi réglez votre conduite: Je l'aime, je le fuis; Titus m'aime, il me quitte. Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers. Adieu. Servons tous trois d'exemple à l'univers. »
Alors je l'admire et je comprends pourquoi
Marguerite Duras adorait ce personnage.