Ca sentait l'huile, le tabac à priser, la sueur des jeunes corps d'hommes.
Ils se chuchotaient des mots doux à l'oreille, comme le font les amants -- comportement on ne peut plus énervant pour les autres, sauf pour ceux qui ont encore en mémoire l'état de psychose dans lequel on se trouve quand on est amoureux.
Je me sens toujours un peu mal à l'aise avec les Japonais et leurs sourires automatiques qui semblent venir de je ne sais où, sans raison apparente. Comment font-ils quand ils sont vraiment heureux?
Les experts se chamaillent sur la psychologie de la haine de l'étranger. Ils feraient mieux de passer une journée dans le hall d'un aéroport, et le phénomène leur apparaîtrait clair comme de l'eau de roche.
J'ai toujours observé avec dédain les gens qui, dans un aéroport, s'agglutinent comme des moutons autour d'une personne brandissant une pancarte avec un nom ou un message. Un groupe se forme, et gare à ceux qui n'en font pas partie! " Dégage! T'as rien à faire ici!" semble dire leur regard.
De vieilles montagnes immuables, présentes depuis des siècles, pour les yeux de personne.
Pas un mouvement. Le calme total. ni arbres, ni végétation qui auraient pu bouger au gré du vent et amener des changements de couleurs.
L'avion s'est penché sur le côté, j'avais maintenant les montagnes en face. De larges vallées entre les parois nues, lisses, couvertes de velours sombre qui engloutissait la lumière.
Le panorama était complètement irréel, au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer. J'en étais bouche bée. Jamais je n'avais vu un paysage aussi fabuleux.
Des montagnes. Partout. Plates, larges, enchevêtrées, brunes avec des cols noirs, entrecoupées de ruisseaux scintillants formés par la fonte des neiges.