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sur 122 notes
Humus et sortilèges

Jusque dans la terre est un récit qui manie l'étrangeté et le mystère allié à une certaine pudeur. Un concept auquel il vaut mieux adhérer dès le début de la lecture pour en apprécier tout le sel.

Le style de l'autrice se veut avare en mots, une manière d'en dire beaucoup sans trop en faire et il ne faudra pas compter sur les interludes en forme de témoignages des villageois pour en savoir plus. C'est entre les lignes, dans les non-dits des dialogues que le lecteur devra discerner le vrai du faux, le merveilleux du banal, la vérité des mensonges. Un jeu narratif qui pourra décontenancer certains lecteurs autant qu'il en charmera d'autres.

La plume se veut très sensitive concernant la faune et la flore, le champ lexical de la terre et de la nature est omniprésent. Au contraire de celui des corps, des hommes et femmes qui viennent se faire soigner, qui sont plus souvent des présences évanescentes, sans consistance malgré les soins que leur apporte Ada.

C'est pourtant lorsqu'elle évoque le corps souffreteux de ses “patients” que la plume se teinte d'un merveilleux poétique alors que tout ce qui se rapporte à la terre et aux racines reste formel, voire clinique, renforçant l'élégante étrangeté du récit.

Inutile d'aller plus loin dans la chronique de ce récit hors norme, qui laisse une impression étrange dans l'esprit du lecteur à la conclusion, comme si l'on avait marché longtemps en forêt et que l'on ne savait plus très bien où l'on se trouve. À chacun de se faire une idée avec cette lecture aussi élégante qu'étrange.
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Dans ce récit, Sue Rainsford a su dès les premières pages attirer mon attention jusqu'à sa dernière page. Ce court roman dérange avec ces guérissons si particulières, questionne sur le rapport aux autres et sur l'amour. Une très belle découverte littéraire.
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"Il me racontait comment il avait assemblé les différentes parties de moi, et comment il avait tout mis dans un sac, fermé avec une corde, et attendu un orage avant de me mettre dans le trou."

Ada n'est pas comme le commun des mortels. Née de la terre, Ada est une conception de son père, un homme solitaire qui connait les propriétés uniques de la terre qui les entoure.
C'est au coeur d'une clairière qu'Ada a grandi, elle a vu les cures défiler chez eux toute sa vie. Son père est le guérisseur des environs, il est connu pour ses pratiques étranges ; on admire ce qui nous soigne, mais de loin seulement, parce que ça fait peur.

Sue Rainsford s'encombre peu des genres, elle mélange pour donner un roman fulgurant. L'horreur des scènes « d'opération » est annihilée au profit d'une beauté, d'un soin qui étonne. La crudité de certaines scènes comme celle de la conception d'Ada est choquante, mais étonnamment elle ne dégoûte pas. Les faits sont là, mais ils n'ont pas l'aspect rebutant qu'ils devraient avoir — le passage de la création de la fente d'Ada est remarquable, on oscille entre étonnement, dégoût et compassion.

Les choses auraient pu demeurer telles quelles, elles auraient pu rester figées dans le temps, Ada et son père à l'épreuve de la vie et des autres.
Ça aurait pu si le désir ne s'était pas immiscé, si Ada n'avait pas rencontré Samson, si ce dernier l'avait évité comme les autres.
Ça aurait pu s'il n'y avait pas eu ces choses qui sont là mais que l'on ne nomme pas.

Jusque dans la terre est un sacré roman d'ambiance, Sue Rainsford créer une atmosphère obscure, parfois malsaine, jamais étouffante. Elle nous raconte le parcours d'Ada comme si elle tissait une toile, avec minutie et attention. Et quand les années passent, quand la dernière page arrive on ne sait plus ; que doit-on retenir ?
La force et la résilience d'une femme pour s'émanciper et s'accomplir ou l'élan d'un premier amour destructeur ?
Roman admirable pour sa capacité au contraste entre l'horreur des événements et la beauté de l'écriture (on doit d'ailleurs cette super traduction à Francis Guévremont), roman magnifique sur la différence et la naissance du désir, Jusque dans la terre est une très belle découverte. Un immense merci à Babelio et Aux forges de Vulcain pour l'envoi !
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J'étais très intriguée par le résumé de ce roman, mais aussi par sa couverture qui a tout son sens une fois la lecture terminée. Et je vous avoue que je suis ravie de m'être laissé tenter, car j'ai passé un bon moment et je suis totalement sortie de ma zone de confort.

Il est bien difficile de qualifier ce bouquin et de le faire rentrer dans une case ou dans l'autre et c'est ce qui le rend si intéressant. On oscille entre fantastique et contemporain et on en arrive souvent à se demander de quel côté on est. L'horreur est aussi présente mais plus dans le sens de la noirceur humaine et du côté sombre et étrange de l'histoire.

On va suivre Ada qu'on a du mal à cerner, tout comme ce roman. Elle semble être une sorcière et nous allons découvrir au fil des pages le pourquoi du comment, qui est très intéressant. On va s'attacher à notre héroïne, car elle va nous rendre curieux. Elle vit avec son père qui, lui aussi, a sa part d'étrangeté et de bizarrerie. Cette histoire de guérisseurs et de cures est vraiment bien tournée et j'ai aimé découvrir ce que les cures pensent de ce père et de cette fille. Nous allons aussi faire la connaissance de Samson qui va faire naître une légère romance certes, mais l'autrice va nous emmener bien plus loin que ça dans la relation entre Samson et Ada.

Ce roman, c'est aussi tout un lien autour de la terre, cette terre de leur jardin qui a un pouvoir spécial et j'ai trouvé l'idée très originale. Une fois qu'on a commencé notre lecture, on se sent embarqués dans un monde totalement immersif et il est difficile de quitter nos personnages.
Lien : https://geek-o-polis.com/202..
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Un roman étonnant, poétique, parfois malaisant sans pouvoir vraiment définir son origine.

J'ai apprecié les débuts de chapitre à la manière d'un docu fiction avec l'intervention des personnages secondaires, les villageois, ces cures qui témoignent de leur rencontre avec Ada et Père, à un moment ou à un autre de leur vie.

J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, le rapport à la Nature, la Terre, ses entrailles vivantes, son souffle créateur, guérisseur mais dont il faut aussi se méfier.
Et cette couverture sublime !
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De l'importance d'une couverture de livre… j'ai bien aimé cette image de racines qui s'enfoncent profondément, cet espace souterrain source d'énergie.

Mais penchons nous sur le texte lui même, des chapitres cours à la première personne, des chapitres « témoignages » aussi à la première personne mais d'autres narrateurs, leur nom apparaît dans l'intitulé du chapitre, donc pas de soucis de repérage.

Dans un premier temps, on présume qu'on va partir sur un procès ou une chasse aux sorcières, avec les « témoignages » des « cures » (ceux qui viennent se faire soigner) que l'autrice insèrent au fur et à mesure entre les chapitres, avec des Ada par-ci des Ada par-là… Il est beaucoup de question de femmes et de féminité… Je vous laisse découvrir…

Les séances de soins sont fortes et prenantes, cette plongée dans les corps des scènes puissantes. On a la thématique de la pénétration et de la dévoration. le retour à la terre pour ce ressourcer, renaître…

C'est un roman tellement fort que j'ai ressenti parfois l'impression de me retrouver dans cette terre qui aspire les corps et les maux. Sue Rainsford a su donner vie à la matière, on sent l'odeur de la terre (tantôt sèche, tantôt mouillée) on ressent la texture. C'est un roman très visuel et sensoriel.

C'est un roman avec plusieurs niveaux de lecture. On a aussi le rapport père-fille, créateur et créature/création. de plus le père porte en lui une part de mystère et d'animalité qui le rend encore plus inquiétant quant à ses réactions. On a la jeune fille qui découvre le désir, et l'amour pour quelqu'un d'autre que son père. C'est le grain de sable qui va enrayer la machine. [blog]
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Il y a certaines histoires difficiles à décrire. Celle ci en fait partie.
Ada vit avec son père dans une petite maison. Ils soignent les gens du village depuis toujours, qu'ils appellent les cures. Ils ne sont pas comme eux. Ils ne vieillissent pas. Ils restent à part. Mais Ada voit Samson. Lui n'a pas peur d'elle. Il lui fait ressentir des choses. Mais son père n'est pas d'accord. La soeur de Samson n'est pas d'accord. Mais Ada fera tout pour ne pas le perdre.
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"Inclassable'' est bien le mot pour définir ce roman. Quoique, même le mot "définir" ne sied pas à cette histoire qui trempe dans tant de genres différents, à la fois conte, roman initiatique, récit fantastique...on ne sait plus et on s'en fiche pas mal. C'est surtout un texte qui gratte, qui remue, qui nous ouvre et s'installe là, sans nous demander notre avis.
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La nature a une place toute particulière dans cette histoire. Ada est née de la Terre, comme son père. La Terre les aide à soigner les cures. Mais la Terre est aussi parfois dangereuse. 🍁
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Cette histoire, elle s'incruste sous nos ongles, comme si l'on avait trop creusé la terre. Elle se pose sur notre langue et si l'on se lèche les lèvres, on peut goûter son arôme doux-amer, qui ressemble parfois à un conte.
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D'une certaine manière, nous sommes nous aussi des cures. Ada nous ouvre avec ses doigts agiles, mais elle n'enlève rien. Elle dépose son histoire, juste là, dans nos entrailles, dans nos poumons, et à chaque inspiration, elle ressort un peu, sans jamais partir. Mais elle ne laisse aucune cicatrice.
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Je n'ai pas d'autres mots pour décrire ce roman atypique, dérangeant, et pourtant beau, à sa manière. ❤ Sombre, magnétique, poétique, féministe, envoûtant. Voilà d'autres mots, maintenant c'est à vous de le découvrir par vous même.
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Ada vit avec son père dans la forêt. Lui peut se transformer en ours, elle est… autre chose. Ensemble, ils officient en tant que guérisseurs pour les gens qui vivent aux alentours. Mais un jour, Ada va commencer à vivre ses premiers emois amoureux et sa vie va s'en trouver bouleversée.

J'ai dévoré ce roman en juste une matinée (ce qui ne m'arrive jamais, même pour un roman aussi court). J'ai passé un excellent moment mais j'ai quand même été assez dérangé par cette lecture, ce qui me semble être une réaction somme toute assez logique à ce roman.

Dès les premières pages, on se rend bien compte qu'il s'agit d'un roman assez atypique. On y retrouve une vraie ambiance, à la fois poétique, sombre et malaisante. On ne sait pas trop à qui on a à faire, notamment en ce qui concerne Ada dont la nature est on ne peut plus mystérieuse.

Très vite, on découvre sa relation naissante avec Samson et on comprend assez rapidement que quelque chose cloche. Pourtant, Ada est très naïve et déconnectée de la réalité. Malgré tous les avertissements qu'elle reçoit, elle peine à comprendre ce qui se passe autour d'elle. On pourrait penser que cela susciterait une frustration chez le lecteur, mais je n'ai pas ressenti les choses de cette manière. Peut-être parce que ça aide à installer cette sensation de malaise qu'on ressent vraiment du début à la fin.

Je ne souhaite pas en dire plus sur cet étrange petit roman, mais sachez que je l'ai beaucoup apprécié. L'ambiance sombre et poisseuse est parfaitement réalisée et sert complètement l'intrigue. On se sent un peu sale en ressortant de cette lecture mais c'est, je crois, aussi ce qui fait son charme.
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Que j'ai aimé ce roman !
Par certains côtés, il me rappelle le "coeur cousu" de Carole Martinez.
C'est le récit incroyablement passionnant de deux êtres à part qui observent le monde des humains (les "cures") avec curiosité.
Mais voilà, à y regarder de trop près on se brûle ailes et Ada, notre héroïne tombera dans un amour malsain et destructeur !
Court mais magnifique !
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Une lecture intéressante pour ses usages assez audacieux du fantastique, entre allégorie et inquiétante étrangeté.
Pas ce que je préfère personnellement, mais indubitablement captivant et prometteur pour son autrice dont je devine qu'elle en a encore pas mal en réserve. Je serai curieux à l'avenir.
Lien : https://syndromequickson.com..
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