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sur 122 notes
Jusque dans la terre est le premier roman de l'Irlandaise Sue Rainsford. J'ai été fascinée par ce texte. Poétique et sombre, un réalisme magique un brin gothique à tendance horrifique, un conte féministe. J'ai aimé son équilibre et sa subtilité, tout en volutes et nuances – parfois malaisant, mais toujours suintant d'une forme de tendresse.

La plume de Sue Rainsford m'a emportée dès le premier paragraphe :

« Les étés, par ici, sont faits de longues herbes négligées, d'une uniforme lumière citron, de chaleur qui cuit la terre et qui fait vibrer l'air. Les ombres sont si noires, si profondes qu'elles semblent aussi solides, aussi vivantes que les corps qui les projettent.
Par ici, l'été, même les matins, quand je me lève, je laisse la chaude confusion de mes draps pour aller dehors, sur les pavés de la cour, et j'examine la grille de la bouche d'évacuation.
Entaille, petit trou, petit ravin.
Même par ce temps, une moiteur secrète y scintille.
Moi, elle me fait peur.
Cette canalisation. »

Ada et son père vivent en marge de la société, non loin d'un village – ni nommé ni situé. Ils soignent les gens – qu'entre eux ils appellent simplement « les Cures » –, en utilisant de bien étranges méthodes. Racontées d'un verbe moins inspiré, moins naturel, elles m'auraient glacée. Mais là, bon, et bien ma foi : cela fonctionne. Depuis aussi loin que le plus vieux d'entre les Cures s'en souvienne, la jeune mademoiselle Ada et Père ont toujours été là, pour les soigner et enlever leurs maux. L'opinion publique oscille entre vénération, frayeur et répulsion.

Mademoiselle Ada et Père, présences thaumaturges, prolongements ou incarnations d'une Terre imprévisible, cruelle et guérisseuse. La Terre, que Sue Rainsford convoque ici comme un personnage à part entière, et majuscule. L'écoulement des jours semble immuable : les Cures passent, Ada et son père guérissent. Mais Ada germe et se questionne. Et lorsqu'elle rencontre Samson, un jeune homme venu se faire soigner, elle va remettre en cause ce que tous attendent d'elle.

« Enfin, je me suis créé une ouverture, à laquelle j'ai ensuite donné une bonne douzaine de noms différents, et j'ai pu accueillir Samson en moi. Il fallait pour cela que le désir soit assez fort, et quand ç'a été le cas, il est apparu :
mon gant
mon plissement
mon sac »

Au-delà de son évidente étrangeté, Jusque dans la Terre se révèle alors récit d'émancipation, et de désir. Cette lecture est un voyage marquant, et surprenant jusqu'à la fin.

Quel talent pour un premier roman ! Je viens de rajouter Sue Rainsford à ma liste d'auteurs à suivre (et je me demande si Sue Rainsford et Max Porter (La douleur porte un costume de plumes & Lanny) ne partageraient pas un souffle poétique similaire, un rapport à la Terre remarquable et incarné.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Retour à la terre.

Père et sa fille Ada, deux êtres à part, vivent à l'écart d'un village dont ils soignent les habitants – les cures – de leurs maux, même les plus terribles.
Ils les soignent en les ouvrant pour en retirer leurs affections, ou en les plongeant dans la Terre qui se chargera des les changer.
Ces visites chez eux rythment leur quotidien, bientôt bouleversé. Car Ada est amoureuse d'une cure, et rien ne sera plus pareil.

Mais qu'est-ce que j'ai lu, bon sang ?!

Des tranches de vie d'un quotidien des plus particuliers, fait de soins étranges prodigués aux cures qui viennent leur rendre visite, de l'attente entre deux patient·e·s, et désormais pour Ada de ses rendez-vous secrets avec Samson ; entrecoupées de témoignages des villageois sur leurs rapport à Père et sa fille.
Car iels leur inspirent crainte, fascination et respect mêlé·e·s. de par leurs dons, car iels ouvrent les corps pour en extraire la maladie comme iels ouvrent la Terre pour y déposer les cures trop atteint·e·s pour la laisser les guérir et les transformer. On revisite la figure de la sorcière, des guérisseureuses, lié·e·s à la terre. Mais aussi de par leur nature : lui massif et sauvage, ours-garou, elle sorte d'enfant-golem née de la Terre, personnages hors-normes toujours aussi mystérieux·euse après pourtant des générations à officier là, sans sembler changer.

Sauf que...
Ada, elle, change bel et bien. Secrètement. À travers l'histoire d'un premier amour – dont on devine pourtant quelque chose de vicié, on se doute vite des profondeurs obscures, de la pourriture qui s'y tapie –, Ada va entrer en rupture avec tout ce qui faisait son quotidien.
Car c'est un récit d'émancipation auquel on assiste. S'émanciper de la figure paternelle, quasi démiurgique, s'émanciper de son ancien soi dont elle remodèle le corps afin de vivre ses premiers émois, s'émanciper de sa solitude par une envie d'autre(s) dans un univers clos dont elle n'a jamais connu rien d'autre...

Une ambiance étrange plane sur tout le roman, dans ce décor rural plein de folklore. On flirte parfois avec le body-horror, le folk-horror. Les sensations organiques palpitent en nous dans un rouge poisseux, on sent la terre maculer nos peaux, la changer.
Pourtant le texte déjà court se fait très élusif, ne livre ni détail ni développement ni explication ; il entretient un certain flou où n'affleurent que les mystères et l'étrangeté.
S'il avait le potentiel pour être un texte incroyable et marquant, le roman ne m'aura laissé que des souvenirs évanescents.

Désormais en moi, enseveli sous ma Terre, il débute sa lente transformation. Qui sait quelle forme il prendra quand il en émergera ?
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Ada et Père vivent en bordure de forêt, suffisamment loin pour cultiver le mystère (et les ragots) mais suffisamment près pour accueillir nombre de “cures” : des gens à soigner. Ils sont guérisseurs et excellent dans leur art. Chants, ouverture “mystique” du corps, visions, enterrement des patients dans la Terre guérisseuse. Ils font peur comme ils fascinent et surtout Samson, attiré par Ada de qui elle tombe follement amoureuse.

Un ami m'a fait part de sa déception et limite de son dégoût pour ce roman qu'il n'a pu terminé et que j'ai tant aimé. de mon côté, ni malaise, ni horreur. J'ai plus ressenti le côté lugubre ou sinistre de la Nature, de la Terre comme tout naturel : la nature nous apporte la vie puis la mort, toute chose vivante meurt, c'est comme ça. Cette vision de la Terre qui absorbe tout, la maladie, la pourriture, qui transforme, rend la vie, mais qui reste dangereuse, m'a parue si juste et si en adéquation avec la réalité. Pas vraiment d'horreur car il n'y a pour moi aucune violence gratuite et pas de sang ni de massacre ou de créatures à mille dents tapies dans l'ombre. Certes, l'ambiance est lourde mais ça ne m'a pas déplu du tout, bien au contraire. J'ai même trouvé une forme de pureté mélangée à de la tristesse : ces créatures issues de la nature, qui imitent l'humain et qui les soignent de façon extraordinaire et qui voudraient, tout du moins pour Ada, ressembler, ressentir comme ces humains qu'ils soignent. Les pires des êtres ne sont pas ceux auxquels on pense, comme souvent! Alors c'est peut être ce caractère étrange, cette différence qui rend mal à l'aise et qui fascine tout en dégoutant les cures qui fait que ce roman peut déplaire mais tout cela a résonné à l'unisson avec mon être. Oui, je peux avoir un côté mystique aussi.

En plus de l'histoire et des personnages qui m'ont touchée, j'ai beaucoup apprécié la façon de conter de Sue Rainford. Il y a zéro contexte à part la forêt et la Terre. On ne sait pas où ni vraiment quand. Mais peu d'importance. Les non dit nous laissent aussi combler ce qu'on s'imagine être. L'histoire, du point de vue d'Ada, est entrecoupée de témoignages de cures ou d'habitants sur Ada et son Père, ce qui donne des éclairages parfois intéressants. Et l'histoire ne se limite pas à la trame principale mais va aussi explorer le rapport de la Femme à l'autre, à la société : comment est traité le corps de la femme enceinte, de la femme ménopausée, la solitude, la femme-objet, la mère qui passe avant la femme…

Un coup de coeur, un coup de foudre pour cette histoire fantastique, mystique, magique…cela faisait longtemps que je n'avais pas lu si vite un roman si prenant.
Prix : Imaginales - Roman étranger 2023. Je ne suis pas forcément attirée par les prix mais là, je suis conquise.
Je suis toute chamboulée par ce voyage étrange et je ne manquerai pas de me pencher sur la production littéraire de Sue Rainsford s'il y a.
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Premier roman de Sue Rainsford aussi bizarre qu'étrange, ce qui n'est pas pour me déplaire.
À mi-chemin entre le réalisme magique, le merveilleux et le folk & body horror, ce roman ne peut laisser indifférent. Il faut accepter de se laisser embarquer dans ce conte monstrueux d'un nouveau genre pour complètement apprécier le récit.

Ici, on suit Ada et son père, des marginaux car considérés comme sorciers. Dans le village à la chaleur étouffante et à l'ambiance moite dans lequel ils vivent, Ada et son père soignent les habitants - les « cures » comme ils les appellent - avec des méthodes bien à eux : en ouvrant les corps des souffrants pour ôter leurs maux avec leurs mains et en les enterrant parfois dans leur jardin, une petite parcelle de terrain dont la terre peut « réparer ». Après tout, ce duo original vient de la terre (littéralement !)…

Roman envoûtant et fascinant, conte horrifique et poétique, « Jusque dans la terre » raconte la passion amoureuse et le désir d'émancipation sur fond de brutalité animale et de métaphores organiques et végétales.
Déroutant, ensorcelant, mais carton plein pour moi !
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Rarement lu quelque chose d'aussi étrange, aussi envoûtant.
Un roman fantastique, dans tous les sens du terme, merveilleusement écrit - et d'ailleurs non moins merveilleusement traduit, avec pléthore de notations poétiques, de métaphores indéchiffrables (sur l'odeur de l'eau, le toucher d'une limace…).
Quel étrange roman, en effet, que celui-ci. Où le danger est partout: sous l'herbe roussie d'une pelouse-cannibale, à la fois rédemptrice, régénératrice, et néanmoins profondément mauvaise.
Dans ce duo père-fille de guérisseurs aux pouvoirs supra-naturels; créatures plus qu'hybrides, inquiétantes, et qui pourtant n'ont rien de maléfique. Mises au service de l'humanité souffrante (Par qui? Pourquoi?) . Dont le «travail « est de soulager la douleur, mais qui ne sont en rien des sorciers, en tout cas pas au sens banalement péjoratif du terme.
Danger, surtout, dans la survenue du désir féminin, ou tout simplement le besoin d'amour, avec la cohorte de transgressions qui peuvent l'accompagner.

Évidemment, le livre reposé, on peut se poser la question : dans cette réinvention du genre fantastique, le récit ne pourrait-il pas se lire comme une fabuleuse reconstruction autour de la révélation d'un inceste problématique? [[ non, non, non, il ne s'agit pas ici d'une relation père/ fille. Mais admettons que je n'aie rien dit…]].

Mais au diable les lectures rationnelles, asséchantes! de ce magnifique roman je ne veux retenir que son atmosphère vénéneuse: cette méchante pelouse qui « rote » , après qu'on lui a jeté un petit bout d'organe malade; ces « en-terrements » dont les souffrants , après un petit laps de temps, émergent régénérés, guéris; et la re-naissance annoncée d'un ancien amoureux, enseveli sous la pelouse pour qu'il s'y métamorphose.
Quand bien même ce serait en monstre, en créature chthonienne incontrôlable.
Un Frankenstein sans la science, que le récit nous laisse entrevoir, mais sans rien nous en dire.
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Premier roman de l'autrice et critique d'art irlandaise Sue Rainsford, Jusque dans la Terre faisait partie de la rentrée littéraire 2022 des Forges de Vulcain. Serait-ce une énième histoire de sorcière recluse aux marges ? Assurément pas.

Ada et son père vivent à l'écart du monde, à une époque non précisément définie, mais qu'on imagine dans une rurale première moitié de XXe siècle. On les craint autant qu'on les nécessite. On les évite autant qu'on les sollicite. Car Ada et son père guérissent les maladies. À leur manière aussi douce que brutale, si besoin avec le concours de la Terre. C'est d'ailleurs de là que vient Ada – dont le prénom et la provenance rappellent qu'adam signifie aussi « terre » en hébreu.

Le Père, qui n'est jamais autrement nommé, ne quitte jamais la maison, dit-on. Et il aimerait bien que sa fille en fasse autant. Qu'elle se concentre sur leur mission. Malgré son grand âge, elle a toujours l'apparence d'une jeune femme, son corps n'étant pas soumis à la même réglementation biologique que nous autres. Ainsi donc, un jour, se présentent des problématiques nouvelles pour le binôme, liées à ce qui pourrait sembler attendu d'une personne de sa génération.

Cet étrange duo, qui s'installait sans dépareiller dans le village des Saisons de Maurice Pons, dévoile ses talents autant que ses liens au fil des pages et des interventions auprès de leurs visiteurs. Les chapitres sont entrecoupés, façon documentaire, de témoignages de leurs patients, reflétant bien les divers dégradés de crainte ou de malaise inspirés par Ada et son père, et faisant en creux avancer l'histoire.

Une histoire, justement, un univers, que n'aurait pas reniés Claude Seignolle. Mais ici la gouaille du fameux folkloriste est remplacée par la plume épurée et mystérieuse, sautant dans le temps comme dans un jeu, de Sue Rainsford, qui signe une entrée remarquable sur la scène de nos genres. du body horror qui tache tendrement, cadre de cette improbable relation fille-père.

Une lecture douce comme un sourire sincère, les mains plongées dans nos entrailles. Pour notre bien.

Critique parue dans Bifrost 109
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La formidable poésie tellurique d'une sorcellerie du soin, résolument autre – et de la perturbation radicale qu'y introduit le désir. Un grand roman surprenant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/12/17/note-de-lecture-jusque-dans-la-terre-sue-rainsford/

Elle vit avec son père dans une maisonnette un peu à l'écart du village, à la lisière de la forêt. Tranquillement, tout en conduisant ses expériences très personnelles d'adolescente et de jeune femme, elle apprend ce qui leur tient lieu de métier semi-officiel, ici : soulager les maux des villageois, simples humains que son père comme elle appellent, dans ce contexte, des « cures ». Ni lui ni elle ne sont humains. Créatures fantastiques vivant presque benoîtement à la frontière d'une nature tellurique et secrète qu'ils savent maîtriser occasionnellement, ils vivent plutôt bien leur puissance potentiellement si dangereuse, puissance tolérée par les villageois pour ses bienfaits, d'autant plus qu'elle demeure largement dissimulée. Jusqu'à ce que la découverte de l'amour – ou de quelque chose qui s'en approche discrètement – vienne chahuter cette organisation rationnelle d'un travail ô combien irrationnel…

Publié en 2019, traduit en français en 2022 par Francis Guévremont chez Aux Forges de Vulcain, le premier roman de l'Irlandaise Sue Rainsford s'inscrit d'emblée parmi ces relativement rares coups de tonnerre dont on se demande soudainement comment la littérature avait pu patienter sans eux jusqu'ici. Superbe « collision d'horreur, de féminisme et de folklore » pour Justine Jordan dans The Guardian (à lire ici), incroyable transformation « d'une amourette adolescente en tout autre chose » pour Molly Dektar dans The New York Times (à lire ici), distillant une « poésie de l'horreur sachant éviter le gore qui lui confère déjà une voix bien particulière » pour René-Marc Dolhen dans Noosfère (à lire ici), déployant « une prose tellurique et hypnotique » pour Ann Dunne dans The Independent Dublin (à lire ici), une plongée « dans une forme de roman initiatique empruntant autant à la mystique et la philosophie qu'à la body horror ou aux quêtes d'identité de genre et d'émancipation » pour Teddy Lonjean dans Un dernier livre avant la fin du monde (à lire ici) : « Jusque dans la terre » est tout cela, et pas mal d'autres choses encore, et ce n'est pas le moindre de ses mérites que d'offrir ainsi une étrangeté radicale et pourtant dégustable et interprétable.

Il faut peut-être que je remonte aux chamanes clochards à faces multiples, créés par Scott Baker dans sa fabuleuse nouvelle « Variqueux sont les ténias » de 1989 (reprise en recueil dans « Nouvelle recette pour canard au sang », dont on espère toujours autant une réédition française, un jour), pour me souvenir d'avoir éprouvé un tel frisson à la fois physique et intellectuel, lorsqu'il se passe quelque chose de radicalement différent au niveau de la perception du corps, de son rapport à la nature et à l'environnement apparent, et de ce que cela signifie potentiellement en termes de vivre-ensemble et de politique. Bien sûr, le travail indiciel d'un Carlo Ginzburg autour des pratiques de sorcellerie, de mise à l'écart, de ritualisation et de retournement punitif au Moyen-Âge et à la Renaissance (telles qu'il les analyse notamment dans son « Sabbat des sorcières » de 1989) ne sont pas si loin d'ici, mais Sue Rainsford les propulse au coeur d'un fort impressionnant concassage charnel, osseux et lymphatique, dans la boue et dans l'humus, et dans une fabuleuse confusion des sentiments et du désir. Un grand roman, monstrueusement surprenant, indéniablement.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Jusque dans la terre est le premier roman de Sue Rainsford. L'autrice met en scène deux personnages de guérisseurs non humains, Ada, narratrice autodiégétique, et son père, qui vivent en marge d'une ville dont ils soignent les habitants, qu'ils appellent les cures. Leurs méthodes de soin, qui consistent à ouvrir les patients grâce à leurs capacités surnaturelles ou les enterrer dans leur jardin pour que la Terre les guérisse, font entrer le roman dans le champ de la Weird Fiction et les coupent de l'espèce humaine. Ils ne la comprennent que difficilement, ce qui est réciproque. Les deux personnages apparaissent alors comme des marginaux étranges mais utiles, ce que va ébranler une relation amoureuse entre Ada et Samson, un humain qu'elle tente de sauver.

J'ai beaucoup apprécié ce roman pour les rituels et les personnages étranges qu'il décrit, et je vous le recommande !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Je découvre avec plaisir ce titre des éditions auxforgesdevulcain. Ce roman m'a tout de suite attiré d'une part car sa couverture est magnifique et d'autre part car il relate l'histoire d'un ours-garou et de sa fille s'improvisant « médecins » de village. J'en ressors à la fois captivé mais également un peu frustré par une fin de roman ouverte.

Il comporte cependant énormément de bons points:

- J'ai trouvé l'histoire en elle-même très originale. Elle expose le quotidien d'Ada et de son père soignant de manière plutôt spéciale les gens du village (qui acceptent sans hésiter cela). Mais c'est aussi l'occasion de mettre en avant la découverte de l'amour, de ses plaisirs du point de vue féminin d'Ada. Tout est amené en finesse petit à petit par l'autrice qui évoquera les relations complexes qu'Ada aura avec son père et la soeur de Samson (son amour). Comme je l'ai mentionné, la fin (plutôt ouverte) ravira certains lecteurs et pourra poser quelques problèmes à d'autres. J'avoue, j'aurais aimé avoir plus de précisions sur la suite des événements et j'en ressors avec un peu de frustration.

- J'ai énormément apprécié la plume de l'autrice et la structure du texte. J'ai littéralement dévoré les 200 pages du livre en une journée. L'univers est fantastique et très sombre et entraîne en permanence un certain malaise de la part du lecteur (sans qu'il sache vraiment d'où il peut provenir exactement). L'alternance des chapitres où l'histoire avance et de courts passages, dans lesquels des patients relatent certains événements, permet de garde cette ambiance gênante et de dynamiser la lecture (vite, vite je veux savoir la suite).

- Les personnages sont très bien décrits et contribuent à cette ambiance particulière. On retiendra bien entendu Ada qui est au centre de l'histoire. J'ai adoré ce personnage car on n'arrive pas particulièrement à le situer du bon ou du mauvais côté. le lecteur aura envie de la plaindre de ne pouvoir vivre son amour librement en début de roman mais changera probablement d'avis en cours de route. Son père (l'ours-garou médecin tirant ses pouvoirs de la Terre), son bien-aimé Samson et sa soeur ne déméritent pas non plus et restent finalement assez complexes et difficiles à cerner.

Je repars ainsi avec une très belle lecture portée par une autrice talentueuse. Sue Rainsford réussit à immerger son lecteur dans une histoire fantastique et originale enveloppée dans un sentiment de malaise permanent. Je vous la recommande vivement.
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Naître de la Terre tel un golem sans jamais vieillir, et guérir les maux des humains grâce à cette même mère. Celle-là même qui soigne, transforme, remodèle et fait bien ce qu'elle veut. Voilà à quoi se résume l'existence d'Ada et de son père. Ada qui s'humanise pourtant, s'interroge, et cherche l'émancipation jusqu'à s'attacher à Samson. Un Samson qui a ses propres secrets et démons.

Un roman étrange dans une atmosphère oppressante, poisseuse, organique, qui aborde beaucoup de sujets sensibles et tragiques. J'ai été immergée dans un univers évoquant le vaudou, et la conclusion a confirmé cette impression.

Exploration des thèmes de la nature, de la transformation, de la quête de soi jusqu'aux extrêmes, mais également des relations toxiques pouvant devenir de véritables prisons émotionnelles jusqu'au cycle destructeur, le tout dans un contexte riche en symbolisme et en ambiance.

Une fois de plus, je demeure indécise quant à mon appréciation de ce livre qui, cependant, se distingue suffisamment pour me pousser à suivre les futurs écrits de cette autrice.

Lu dans le cadre du pumpkin autumn challenge 2023 dans la catégorie automne douceur de vivre - La dame chouette des îles bouillantes - mots-clefs : sorcière, magie, malédiction.
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