AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 57 notes
5
7 avis
4
7 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Anglais Alistair Cox était jusqu'alors le plus grand horloger et constructeur d'automates que le monde ait jamais connu. Mais c'est aujourd'hui un homme brisé : maître des horloges mais non pas maître du temps, il n'a pas su retenir la vie d'Abigaïl, sa fille chérie, décédée de la coqueluche à l'âge de cinq ans… et le temps depuis sa mort, deux ans auparavant, continue à s'écouler, ironique, inutile et indifférent, tandis que son épouse, une femme-enfant de trente ans sa cadette et désormais mutique, l'a rejeté et s'est enfermée dans sa solitude et son chagrin.

A l'autre bout du monde, en Chine, dans sa capitale de Beijing, l'Empereur despote Qianlong qui se fait appeler “le Très-Haut”, “Seigneur des Dix Mille Ans”, “Fils du Ciel et Seigneur du Temps” inflige sa toute-puissance capricieuse et cruelle à ses sujets. Comme beaucoup de despotes ivres d'eux-mêmes et de leur pouvoir, la finitude inévitable du temps humain et l'implacable écoulement des jours contrarient fortement Qianlong qui rêve, comme bien d'autres avant lui, d'un temps à sa mesure - et à sa démesure - rythmé, apprivoisé, dompté peut-être par l'horloge des horloges : le mécanisme miraculeux, prodigieux et surnaturel, capable de capturer la nature-même du temps, sa quintessence, de réguler son cours et d'ouvrir à son détenteur la porte d'une possible éternité.

Raison pour laquelle l'Empereur a invité Cox, le maître des horloges, à le rejoindre en ses terres lointaines, avec son associé - Joseph Merlin - et ses assistants ; raison pour laquelle ils ont traversé la moitié du monde afin de concevoir pour Qianlong, au péril de leurs vies, un fabuleux mécanisme horloger susceptible de moduler, sur la partition infinie du temps, des pulsations nouvelles et subtiles exprimant aussi bien le temps subjectif d'un enfant à l'orée de ses jours que celui d'un condamné à mort à quelques heures de son exécution… et, bien plus encore, de créer, dans le temps objectif, le mouvement perpétuel, “une horloge pour l'éternité”.

Dans le secret de la Cité interdite où d'innombrables horloges solaires, d'eau et de sable dictent chacun des actes de ses habitants ; dans ce “monde soumis à des règles immuables” où l'ordonnancement de chaque seconde revêt une importance extrême ; au coeur de cette enceinte qui est tout entière “comme une gigantesque horloge de pierre maintenue en mouvement non par une pendule mais par un coeur invisible” - Cox, aidé de ses assistants, saura-t-il satisfaire à l'extravagant caprice de l'Empereur et, dans le même temps, résister à la pulsion de nostalgie érotique que suscite en lui la concubine interdite et par là-même dangereuse de l'Auguste, une femme-enfant qui lui rappelle douloureusement son épouse et sa petite fille perdues ?

Avec "Cox ou la course du temps", Christoph Ransmayr nous propose un très beau conte philosophique, une méditation sur le temps, sa mesure et son impossible maîtrise, sur le pouvoir également, ses excès et ses limites, sur la solitude, la perte, la passion et la mort. Écrivain-voyageur, il nous entraîne dans la Chine du XVIIIe siècle, mêlant réalité et fiction pour dépeindre en une fresque somptueuse un univers exotique et dépaysant, un monde asiatique totalitaire aux moeurs cruelles, étranges et terrifiantes, et brosse le portrait d'un dictateur à la toute-puissance dérisoire que l'écoulement obstiné du temps réduira fatalement en poussière et celui d'un maître-artisan de génie au destin singulier, passionné par son art qui est aussi sa seule consolation.

L'excellent travail de traduction de Bernard Kreiss laisse par ailleurs deviner au lecteur francophone une écriture originale d'une grande beauté chez cet écrivain que je ne connaissais pas et qui est, paraît-il, l'une des plus grandes voix de la littérature autrichienne contemporaine. Une excellente découverte et assurément, pour moi, une belle lecture.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
Commenter  J’apprécie          422
Alister Cox un horloger constructeur d'automates et ses trois compagnons abordent les côtes chinoises le jour où l'empereur fait couper le nez à vingt-sept fonctionnaires des impôts.

Qianlong, fils du ciel et seigneur du temps suivit d'une cohorte de quarante et une épouses, cinq mille courtisans et trois mille concubines, entend tout,voit tout, même quand il dort, il peut décider de la vie ou de la mort de tout un chacun. L'égal des dieux demande à Cox de construire des horloges qui mesurent la course variable du temps, car le temps ne passe pas à la même vitesse, selon que l'on est un condamné à mort, ou un enfant.

Une horloge alimentée par la force variable du vent comme le mouvement du temps de l'enfance.

Une horloge mue par la braise pour indiquer l'heure de la vie d'un condamné qui part en fumée.

Mais surtout une horloge capable de mesurer l'éternité, un mouvement qui ne s’arrêterait jamais, sans avoir besoin de le remonter, une horloge tirant son énergie de la variation de la pression atmosphérique avec un noyau fait de mercure. L'horloge des horloges.
Cox et ses compagnons se mettent à l'ouvrage sans se rendre compte que cette horloge risque de sonner leur dernière heure.

Même si tout est inventé, l'histoire, les personnages, on entre avec plaisir dans ce récit dont la fuite du temps est le thème central. L'auteur nous fait pénétrer derrière les murs infranchissables de la cité interdite la ville pourpre et à Jehol la résidence d'été de l'empereur. le Seigneur des Dix Mille Ans, qui détermine les saisons, qui possède tout sauf la maîtrise du temps. Une écriture précise comme le mouvement de l'horloge pour décrire les fastes de la cour impériale, les tortures que subissent ceux qui ont osé porter un regard sur le Très-Haut, la beauté de la nature enneigée et le désespoir d'un homme brisé par la mort de sa fille unique. Une parabole sur le temps qui représente la vie et le désir fou d'un homme d'atteindre l'éternité.
Commenter  J’apprécie          240
« Ô temps, suspends ton vol et vous, heures propices
Suspendez votre cours
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Ces vers d'Alphonse de Lamartine m'ont accompagnée tout au long de ma lecture, embarquée dans un voyage où le temps mesuré par les horloges sert aussi de repère à un homme endeuillé ainsi qu'à un empereur chinois de la dynastie Qing.
Nous sommes en 1753 : l'horloger et constructeur d'automates célèbre à travers le monde, Alister Cox, accompagné de trois assistants, fait voile vers l'Empire du Milieu afin de satisfaire les voeux exprimés par Qianlong, Fils du Ciel et Seigneur du Temps, de fabriquer rien de moins qu'une horloge éternelle, au mouvement perpétuel, libérée ainsi de toute intervention humaine.
Dès l'abord, ce roman captive par son écriture poétique et évocatrice, compliquée parfois par des constructions de phrases alambiquées, mais dès lors que l'on a commencé, une forte impression de voguer dans l'intemporel et de se poser dans une bulle hors du temps attend le lecteur. Enfin, c'est ce que nous avons ressenti mon mari et moi, sortis de cette lecture comme au réveil d'une nuit chargée de rêves.
Le rythme est lent, assurément, pour cette intrigue qui n'en est pas une. On dit souvent que l'important c'est le voyage et non la destination et c'est exactement ce qui s'apparente le plus à ce roman.

Commenter  J’apprécie          150
Un roman particulier sur la Chine du 18e siècle. Un horloger anglais célèbre et vivant un deuil très douloureux est invité par l'empereur Qianlong à Beijing pour lui construire une, puis une deuxième et enfin une troisième horloge dont le mouvement perpétuel serait un défi au temps. Véritable réflexion sur le temps qui passe, ce livre rend bien compte des désirs totalement extravagants d'un empereur despotique, véritable tyran pour tous les humains qui l'entourent.
J'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire car le style est un peu difficile au premier abord : les phrases sont un peu longues et très détaillées, la ponctuation inattendue ; mais lorsque l'on entre dans le coeur de l'histoire, on est pris par la poésie du texte et par la réflexion philosophique qui en émane. Un roman intéressant, qui pose des questions qui sont toujours actuelles sur la « course du temps ».
Commenter  J’apprécie          50
L'épopée du plus célèbre horloger d'Europe défié par l'empereur dans la Chine magnifique et cruelle du XVIIIème siècle.

«Cox aborda la terre ferme chinoise sous voiles flottantes le matin de ce jour d'octobre où l'empereur de Chine, Qianlong, l'homme le plus puissant du monde, faisait couper le nez à vingt-sept fonctionnaires des impôts et agents de change.
Des nappes de brouillard s'étiraient par cette agréable journée d'automne sur l'eau lisse du Qiantang dont le lit sablonneux, se ramifiant en bras secondaires, avait été profondément excavé par plus de deux cent mille travailleurs forcés munis de pelles et de corbeilles afin que, conformément aux voeux de l'empereur, une erreur de la nature fût corrigée et que ce fleuve, rendu navigable, reliât la mer et la baie de Hangzhou à la ville.»

«Horloger et constructeur d'automates en provenance de Londres, maître de plus de neuf cents micro-mécaniciens, bijoutiers-joailliers, orfèvres et ciseleurs», Alister Cox a parcouru pendant sept mois les mers depuis Southampton pour se rendre en Chine à l'invitation de l'empereur Qianlong. En compagnie de son bras droit Jacob Merlin et de deux assistants fidèles, il débarque en 1753 dans le port de Hangzhou puis à la cour de l'empereur, monarque absolu qu'on appelle le Très-Haut ou le Seigneur des dix mille ans.

La suite sur le blog Charybde 27 ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Dans une langue exigeante, où le souffle tient une grande place Christoph Ransmayr nous plonge dans un univers qui se tient à mi-distance du conte et de l'histoire vécue. Son écriture sensible nous fait toucher du doigt aussi bien le froid et la légèreté des flocons de neige, que celle des mille et un rouages qui vont mesurer le temps. A travers l'histoire personnelle d'Alister Cox, l'histoire se teinte des sentiments humains, amour et perte, et il faudra attendre pour découvrir de plus près cet empereur aussi impitoyable qu'énigmatique.
Une belle découverte - je ne connaissais pas cet auteur - je vais me plonger dans "atlas d'un homme inquiet".
Commenter  J’apprécie          30
Je ne connaissais pas ce grand auteur autrichien, j'en ai entendu parlé dans une librairie et l'ai trouvé à la bibliothèque du quartier. Je l'ai emprunté avec l'intention de le lire en diagonale mais en fait je l'ai lu entièrement et avec plaisir.
Cet homme qui a perdu sa fillette est d'autant plus inconsolable que sa femme s'enferme dans le mutisme depuis cette tragédie aussi est-il compréhensible qu'il accepte la proposition de l'empereur de Chine qui l'invite en tant qu'un des meilleurs créateurs d'horloges au monde. Cet empereur me parait détestable, despotique et capricieux. Ses désirs disparaissent avant satisfaction; il veut une horloge difficile à concevoir mais ce défi plait à Cox.
Une méditation sur la tempolarité; une découverte de la minutie du travail demandé, un foisonnement de richesses...je m'attendais à ce qu'il se passe quelque chose avec An, cette femme-enfant qui trouble le héros.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (162) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
129 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}