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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une libraire passionnée, qui soit dit en passant est aussi fan que moi des oeuvres singulières de Yoko Ogawa, m'a chaudement et sans hésitation recommandé ce récit. N'en ayant pas du tout entendu parlé, j'ai donc jeté un oeil curieux à la quatrième de couverture.

-La Chine du XVIIIe siècle : un peu d'exotisme, pourquoi pas.

-Un empereur despote, Qianlong, dont le dernier caprice est de faire fabriquer « une série d'horloges conçues pour mesurer les variations de la course du temps » : la toute puissance du pouvoir absolu s'imaginant maîtriser le temps, intéressant. Promesse éventuelle de développements philosophiques, si l'auteur tient la route bien entendu. Bingo : Il a fait des études de philo - l'auteur, pas l'empereur !

-L'auteur justement : le pitch marketing promet un « écrivain à la langue somptueuse, une voix exceptionnelle de la littérature autrichienne ». Christoph Ransmayr !
Je confesse mon ignorance, jamais entendu parler. Une occasion donc de découvrir un nouvel auteur, autrichien…tiens tiens…comme Rilke et Zweig. Talent fantasmé ? Sûrement, mais pourquoi pas (bis). Mes choix ne sont pas toujours rationnels.

-Dernier ingrédient annoncé : le plus célèbre horloger de l'époque, Alistair Cox, en direct de Londres, invité à venir réaliser l'irréalisable au coeur de la Cité interdite.
J'achète !

Quelques heures de lecture plus tard, je suis entièrement convaincue, charmée. Ce texte est une réussite : envoutant, singulier et remarquablement écrit - donc remarquablement traduit ne l'oublions pas.
J'ai découvert et apprécié la plume d'un authentique orfèvre littéraire et sa capacité à mêler réalité historique et trame onirique pour aboutir à ce que j'appelle un conte philosophique un brin rococo sur la fuite du temps et son fascinant mais impossible contrôle.
Il précise d'ailleurs lui-même en fin d'ouvrage :
« Durant notre périple dans ces montagnes, une conversation s'est engagée, qui aura mené pour finir à l'invention d'un pays. Ce pays partage son nom avec la réalité : la Chine. »

Liberté de l'artiste d'inventer, de fantasmer et de partager sa vision d'une Chine revisitée. J'utilise volontairement le terme revisitée car j'ai découvert que Christoph Ransmayr est un véritable écrivain voyageur. Ce roman serait donc en quelque sorte son cabinet de curiosités, à l'image de ces meubles ou pièces qui rassemblaient des collections d'objets rares rapportés d'explorations au XVIIIe siècle justement.
L'auteur a imaginé pour les besoins de ce récit des horloges étonnantes, trésors d'inventivité, qu'il faut découvrir en lisant les péripéties d'Alistair Cox, personnage inspiré par James Cox, le fameux horloger et concepteur d'automates qui a bel et bien existé et dont certaines oeuvres sont toujours visibles dans de grands musées.

Les objets d'une collection aussi incroyables soient-ils révèlent souvent des questionnements essentiels. Les horloges illustrent magnifiquement ici la confrontation de la démesure du pouvoir absolu et de la mesure de l'éternité.
Une oeuvre magnifique selon moi, signée Christoph Ransmayr dont je suis sûre de lire rapidement d'autres ouvrages.
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Le plus célèbre constructeur d'horloges et d'automates du monde occidental , Alistair Cox, en provenance de Londres, maître de neuf - cents micro- mécaniciens, bijoutiers, joailliers, orfèvres et ciseleurs, sous le coup d'un deuil douloureux : --------il a perdu sa petite- fìlle Abigaïl, morte de la coqueluche,nous sommes au XVIII° siècle --------, sa femme, la toute jeune Faye est devenue muette-------- aborde la Terre Chinoise par une agréable journée d'automne, sur l'eau lisse du Qiantang.
Il a effectué la moitiè du tour de la TERRE à la voile, navigué à contre - courant jusqu'à Beijing pour répondre à la commande, aprés maints hésitations : d'une série d'Horloges, de l'Empereur Qianlong: "l'Auguste"qui n'aimait que le jaune .
Il se faisait appeler "Seigneur des Dix Mille Ans" , "Le Seigneur des Horizons", "Très Haut ", "Auguste "( 1711_ 1799) ........
Qianlong 4eme Empereur de la dynastie Qing : ses désirs et ses pensées ètaient indéchiffrables , inaccessibles , même à ses intimes, ses conseillers, il eut 3000 concubines et 41 épouses .
Sa puissance était telle qu'il pouvait décider de la vie et de la mort sans qu'aucune objection jamais ne le retienne .
Il énucléait , condamnait chacun d'un simple signe.......le parfait , omnipotent despote.
Il pouvait tuer ou faire tuer Cox et ses compagnons Jacob MERLIN, inventeur de mouvements d'horlogerie incroyables, Aram Lockwood,orfèvre, père de deux fils, Badler Bradshaw , père de trois filles , mécanicien .
Dans cette Chine du XVIII° siècle, notre despote Qialong régne sur une cour résignée à ses frasques et à sa démesure.
Son dernier caprice et commande à Cox est une série d'horloges conçues pour mesurer les variations de la course du temps: le temps fuyant, rampant ou suspendu d'une vie humaine, selon qu'il est ressenti par un enfant , un condamné à mort ou des amants ........
Venu de la lointaine Londres, Cox saura t- il exaucer les désirs de Qialong et freiner la course des heures ?
Cox , le plus célèbre des horlogers occidentaux de l'époque et ses compagnons de travail limaient , découpaient , polissaient sans désemparer pour construire " un bateau d'argent " ou l'horloge à braise " , "l'Horloge Intemporelle ", la quintessence du temps , dans le Pavillon aux Quatre Passerelles.
Ils pouvaient utiliser , sans mesure , au coeur de la cité interdite, sous les ordres du traducteur Joseph Kiang , diamants , or blanc , acajou, platine en barres, argent , plomb, saphir , grenats et rubis ;ils circulaient en palanquins ou chaises à porteurs ou à pied , parfois dans la neige Cette cité interdite ressemblait à une ruche ....je n'en dirai pas plus .......
En grand voyageur ou "voyeur" éclairé et cultivé l'auteur autrichien , comme sur une toile de maître délicieusement ouvragée , très travaillée , nous entraîne loin de l'Europe et loin dans le temps . Il explore --------Cela dépend de nous -------"les instants de notre vie reliés les uns aux autres comme les maillons d'une même chaîne ".........
Ce roman historique est somptueux , à l'aide d'une langue incroyablement élégante , enchanteresse et imagée,un conte philosophique pertinent, une méditation érudite sur la fugacité du temps et sa fragilité : " Qu'il rampe , s'arrête , s'envole où nous subjugue par l'une ou l'autre de ses innombrables variations de vitesse ........"
Un ouvrage singulier et virtuose sur l'instantanéité et l'illusion d'en triompher par l'art et la création !
Emprunté à la médiathéque grâce à l'élégance de la 1ère de couverture
" Nul autre que le SEIGNEUR DU TEMPS. , ètait- il écrit dans le mode d'emploi scellé , n'était qualifié pour mettre en mouvement le présent mécanisme. Car la vie dont cette machine devait battre la mesure jusqu'à l'extinction des étoiles n'était pas la vie d'un mortel mais celle d'un dieu".
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Comment parler de ce livre ? Je sens que je vais céder aux superlatifs, alors même qu'ils n'ont aucun sens ici. En réalité, j'ai l'impression de ne pas avoir lu ce livre, mais plutôt de l'avoir vécu. Vécu, avec Cox, avec Jacob Merlin, avec Joseph Kiang, leur interprète. Avec, parfois, la présence imposante, inquiétante de cet empereur omnipotent parfaitement imprévisible. Vécu, dans la peau de Cox, avec sa vision à lui, marquée de ses blessures – et en particulier celles liées à la mort de sa fille et au mutisme de sa femme –, et, du coup, dans l'incapacité de comprendre totalement les autres… comme chacun de nous ! Je l'ai vécu avec les yeux d'occidental de Cox, confronté au mode de vie quasi-incompréhensible de cette Cité interdite où les codes, les coutumes, les règlement sont aussi complexes que les erreurs sont sévèrement réprimées – jusqu'à la mort, pour un regard inapproprié, ou pour avoir laissé filtrer la rumeur que le Trés-Haut a la fièvre, marquant par là qu'il ne serait pas immortel ! -.

Construire une horloge, c'est faire du temps une matière, c'est faire de son écoulement un objet de mesure. Mais prendre la mesure du temps, n'est-ce pas en devenir le maître ? Pour Cox, le temps s'est déjà arrêté une fois, avec la mort d'Abigaïl, et c'est évidemment à elle qu'il pense lorsqu'il travaille à prendre le contrôle. L'empereur, lui, a une approche très différente du temps : il est le Seigneur des Dix Mille Ans, le Fils du Ciel, immortel. Les traditions chinoises veulent que le temps s'arrête véritablement à la mort d'un empereur : les unités sont renommées, les lois physiques doivent être ré-établies, c'est la fin d'un temps et le début d'un autre que la transition entre deux empereurs ! de l'affrontement de ces deux visions nait une réflexion sur le temps sous la plume de Christoph Ransmayr. Or qui peut dire que ce thème de l'écoulement du temps – vers notre fin ! – n'est pas au coeur de notre moi le plus intime ?

Le style de Christoph Ransmayr est indescriptible. Il parvient - en tout cas, il y est parvenu pour moi ! -, par ses mots, à rendre ce qui est le plus difficile à exprimer. Il dit les sensations, il dit les sentiments, il dit les perceptions, il dit les couleurs et les odeurs, il dit les ressentis et les impressions. Et, encore plus fort peut être, il rend compréhensible le fait que ces perceptions sont des constructions individuelles. Pour essayer de faire comprendre ce que j'entends par là, je vais prendre l'exemple de cette concubine aperçue sur la jonque, An. Bien que l'empereur ait eu 41 épouses et quelques milliers de concubines, il est clair qu'il n'est, en la matière, pas prêteur. Pourtant, Cox ne peut s'empêcher de la voir, et de la regarder, lorsqu'il la croise – très épisodiquement -. Mais An, pour Cox, n'est pas An, la concubine du Fils du Ciel. Elle est, comme il la décrit, une incarnation d'Abigaïl et de Faye. Elle ne leur ressemble pas, mais elle leur « correspond », une correspondance que Cox décrit dans la citation proposée par ailleurs pour ce livre.

L'expérience de lecture de ce livre, pour ceux qui la partageront, qui y entreront, est assez unique. Forte, puissante, riche en émotions, exotique : j'ai le même sentiment, au moment de reposer ce livre, que lorsque vous retirez des lunettes 3d. Après quelques heures dans cet univers coloré, il est l'heure de revenir à la réalité. Il y a ce très léger décalage, le sentiment d'avoir été un peu « à côté », exactement ce que j'attends d'un roman… Alors merci monsieur Ransmayr !

Une dernière précision. le livre se termine avec un bref texte intitulé "Pour finir", dans lequel l'auteur indique s'être librement inspiré de la vie de James Cox, horloger et constructeur d'automates du XVIIIe siècle, à Londres, dont un collaborateur s'appelait Joseph Merlin, et dont on retrouve des oeuvres dans les plus grands musées du monde (à L'Hermitage, à Saint-Pétersbourg ; au Met, à New-York…), mais aussi dans les pavillons de la Cité interdite, à Beijing. S'ils n'ont jamais fait un tel voyage en Chine, ils ont effectivement travaillé à une horloge atmosphérique dont s'inspire le roman. L'empereur Qianlong, pour sa part, a bien existé, et avait un goût prononcé pour les automates et les horloges. Il était féru de calligraphie et écrivait de la poésie. Il a renoncé au trône en faveur de son fils, uniquement pour ne pas régner plus longtemps que son grand-père… Ces éléments, je les ai cherchés et trouvés sur le web avant de lire ce passage. Et, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ailleurs, pouvoir démêler le vrai du faux ou de l'hypothétique est pour moi un gage de qualité. Alors, à tous ceux qui aiment lire des romans historiques dont la base est vérifiable, n'hésitez pas : Cox ou la course du temps, je l'espère, ne vous décevra pas !
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Alister Cox, horloger orfèvre de génie, plébiscité en Angleterre où il gère plusieurs ateliers d'horlogerie se morfond après la mort de sa fille qu'il adorait, Abigail et le mutisme dans lequel est tombé sa femme, Faye, à la suite de cette perte.
Avec trois de ses contremaîtres, il part en Chine, au milieu du 18ème siècle, pour inventer une horloge universelle sur la commande de l'empereur du milieu. CR nous décrit cette aventure : l'installation des orfèvres anglais à Beijing, la toute-puissance de l'empereur, la soumission de la cour et du peuple, la capacité d'atteindre l'impossible comme la création d'une cité impériale d'été en Mongolie, à Jehol. le raffinement de la cour impériale, la cruauté, la faculté de tout accorder au projet d'horloge universelle. Mais l'Auguste ne se prendrait pas ombrage de ce quelques humains aient conçu une horloge intemporelle ? Ne va-t-il pas les exécuter ? Cox prend le risque avec ruse mais in fine, l'empereur ne mettra pas l'horloge en route.
Un style magnifique, virtuose. Une réflexion sur le temps, une plongée dans la Chine impériale. Magnifique.
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Voilà un roman très particulier de par son intrigue et fort bien réussi ! Cet auteur autrichien nous conte l'histoire d"horlogers anglais attirés à la cour d'un Empereur de Chine au XVIIIème siècle, pour concevoir des horloges qui défient l'imagination humaine.
C'est extrêmement bien écrit et bien traduit, c'est donc un véritable plaisir de lecture. L'étiquette de la cour de cet empereur omnipotent qui peut décider de la vie ou de la mort de chacun de ses sujets est fort bien décrite.
Finalement, c'est aussi une réflexion assez profonde sur le temps qui passe, sur les instants fugitifs trop vite envolés, sur la course contre la mort et la recherche du mouvement perpétuel ou de la vie éternelle...
De beaux sujets de réflexion qui nous interpellent tous : de l'Empereur de Chine à l'horloger anglais en passant par le lecteur contemporain.
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Tout est une question de temps… C'est la réflexion qui me trotte dans la tête tout en commençant cette chronique littéraire sur un livre magnifique, un roman qui parle du temps en prenant son temps, en prenant même le temps nécessaire, « Cox ou la course du temps ».
Vous l'aurez compris, il est question de temps dans ce somptueux roman de Christoph Ransmayr (à mon sens, le plus grand auteur autrichien), du temps qui passe, du temps qui s'égrène, du temps que l'on essaie de mesurer et même de maîtriser, du temps qui s'accélère ou s'étire en fonction de nos émotions… du temps que l'homme a toujours cherché à maîtriser sans jamais véritablement y arriver.
Jamais ? Ce n'est pas l'avis d'un Britannique So British, Alister Cox, qui, dans ce XVIIIe siècle européen qui se réveille enfin, s'avère être le spécialiste des automates et l'horloger le plus doué de sa génération. Anéanti par la mort de son enfant, sa fille Abigaïl, cet inventeur extraordinaire retrouve le goût de la vie et du temps très loin des brumes anglaises, à la cour du despotique empereur de Chine, Qianlong, dans son palais de Beijing.
Et avec sa plume envoûtante, Christoph Ransmayr nous emmène dans une histoire de temps, dans l'espace temps, très loin, dans cet empire de Chine si beau, si magique, si étonnant et si effrayant aussi, où les traditions souvent mystiques font oublier le temps.
Emporté dans une course contre le temps, dans un jeu avec le temps, Alister va tenter l'incroyable : construire pour l'empereur une horloge autonome qui calquerait son rythme sur les variations de la vie, ralentissant le temps en période de bonheur et l'accélérant lorsque la tristesse rôde. Et cette idée folle est incroyablement attirante, emportant le lecteur hors du temps pour un voyage exotique et profondément intérieur.« Cox ou la course du temps », à lire en prenant son temps, son propre temps.
EVE MAG, LE MAG DES FILLES
Lien : https://evemaglemagdesfilles..
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A lire absolument !
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