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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Témoignage de Céline 28 ans, qui a subit la pression tyrannique d'un père qui voulait à tout prix qu'elle réussisse dans l'apprentissage du piano et ce dès son plus jeune âge.
Elle était forcée à jouer 45 heures par semaine en dehors de ses horaires d'école, avec brimades, coups de ceinture et privée de nourriture, si elle se trompait.

« …Ceci est mon histoire. Au nom de mon don pour la musique, je suis devenue une bête à jouer, et mon père a été mon bourreau. Autour de moi, les autres faisaient la sourde oreille.
Aujourd'hui, mes doigts courent sur le clavier, et j'y dépose mes souvenirs. J'écris à mon rythme, la partition de mon histoire pour trouver, enfin, une nouvelle harmonie.
Ecoutez-moi… ».
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En tous points d'accord avec le commentaire de Carré. C'est un récit qui donne une impression de distance , volontaire sans doute. Il manque.. de la colère?
Céline Raphaël nous explique bien sagement que son père a reproduit ce qu'il a vécu enfant. Oui, et? Il a quand même failli la tuer en transposant sur elle ses rêves de gloire à coups de ceinturon.
Et la mère? Que d'excuses, et d'acceptation.. Et la petite soeur, contrainte à des marches forcées interminables alors qu'elle est handicapée? Qui , de plus , devait souffrir énormément de son impuissance .
J'espère qu'elle s'est mise en colère avant, et que ce livre est vraiment celui de l'acceptation. D'avoir subi tout ce qu'elle nous décrit, un père gravement pervers qui n'a jamais rien admis, une mère complice par son silence et son manque de réaction, des enseignants indifférents jusqu'à tard-et pourtant, que de signes d'alerte- des services sociaux qui l'ont ballotée de part et d'autre , etc.
Elle dit ne pas avoir écrit ce livre pour régler des comptes. Très bien, je suppose qu'elle les a réglés un jour, mais je n'en suis pas certaine, je la trouve un peu trop..lisse, oui.
Mais oui, il faut beaucoup de courage pour ne serait-ce qu'écrire ce témoignage . La plupart de ces enfants n'en parlent pas. Ou entre eux, et ils se reconnaissent très vite. La honte, la culpabilité des désastres familiaux entrainés, et puis.. l'impression que personne ne peut y croire. D'ailleurs, Céline Raphaël le dit bien, elle a été accusée d'être une mythomane.
Je lui souhaite vraiment de continuer à réussir à dépasser ce passé.

Lien : http://www.liberation.fr/soc..
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A travers ce livre autobiographique, Celine permet de parler d'un sujet tabou : la maltraitance des enfants. Elle démontre que les violences n'arrivent pas que dans le milieu des personnes pauvres. Nous devons tous rester vigilent pour ne pas passer à côté d'un enfant qui voudrait nous demander de l'aide.
L'auteur est vraiment courageuse et en gardant dans un coin de sa tête son rêve, elle a pu se reconstruire et s'en sortir. Elle mène maintenant un combat pour la protection des enfants.
Histoire difficile mais qui arrive trop souvent malheureusement
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Céline Raphaël nous raconte son enfance, incroyablement dure, sous la coupe d'un homme sévère et brutal : son père. Ou plutôt, son absence d'enfance. Très tôt, dès l'âge de deux ans et demi, elle est contrainte de jouer du piano après l'école : « À la maison, mon père m'astreint d'abord à trente minutes par jour puis, rapidement, à une heure de piano. Malgré de fréquentes oppositions de ma part car j'ai du mal, à trois ans, à me concentrer si longtemps, j'aime l'attention qu'il me porte pendant ces cours particuliers. »
Plus elle grandit, plus il se montre dur avec elle, reproduisait involontairement le schéma familial (son propre père le battait et le poussait toujours plus pour qu'il réussisse ses études). Les sanctions, démesurées et injustes, forcent la petite fille à jouer sans cesse, à se laisser battre à chaque fausse note, à se priver de repas pour ne pas perdre de temps, à être traitée pire qu'un chien, une bête de concours. Car des concours, elle en passe ! Des mois de pression insoutenable, de privations, de coups pour quelques minutes de plaisir pour le public.

Au nom de la réussite, son bonheur sera sacrifié par la personne qui aurait dû, plus que tout autre, la protéger.
Courageusement, Céline accepte ces souffrances et garde tout pour elle pour épargner sa mère et sa soeur, qui ne savent pas grand-chose de ses traitements. Tous les jours d'école, elle redoute la fin des classes. Les week-ends l'angoissent terriblement, car elle est entièrement livrée à son père pendant deux jours. Elle a tellement peur qu'elle craint de mourir sous ses coups.

Et personne ne sait rien. Ou plutôt : personne ne veut rien savoir. Céline lance des messages, sortes de bouteilles à la mer, en traînant le plus possible après les cours, en discutant le plus longtemps possible avec ses professeurs. Mais aucun n'a la présence d'esprit de lui demander : « Est-ce que ça va Céline ? Tu n'as pas l'air contente de rentrer chez toi. »

Aurait-elle dû parler pour briser la glace ? Impossible. Comment parler en sachant qu'on risque de condamner l'unité de la famille ?

Elle adresse des messages secrets à son père en plongeant dans l'anorexie. « Si je maigris, c'est que je ne vais pas bien. Si je ne vais pas bien, c'est que tu me rends malheureuse. » Mais son père refuse de comprendre, et il faudra qu'elle passe par la case « hôpital » pour qu'il se rende compte du problème. Mais voilà, pour lui, cette anorexie n'est pas un message, c'est un obstacle à ses rêves de grandeur. Rien de plus. « Je me suis assise à ma place à table, tout en le surveillant du coin de l'oeil. Ma mère avait fait des spaghettis à la bolognaise, mais je ne mangeais plus de pâtes depuis un bon moment déjà.
Une fois servie, je contemplais mon assiette en me demandant comment j'allais pouvoir échapper à cela. Mon père m'observait. Tout d'un coup, il s'est levé et m'a attrapée par les cheveux. Après m'avoir renversé la tête en arrière, il essaya de m'enfoncer une fourchette de pâtes dans la bouche. Je tentais de résister en gardant mes lèvres bien serrées. Il m'a alors bloquée contre son torse en immobilisant mes bras et m'a bouché le nez. J'étais en apnée. »

Ce n'est qu'à l'âge de 14 ans qu'elle parvient à parler à une infirmière du lycée (Céline a sauté une classe), à lui montrer ses bleus, à raconter les sanctions qu'elle subit. En conséquence, elle devra affronter la machine judiciaire française, un monstre froid et sans pitié, pour échapper à la brutalité de son bourreau. Pendant plusieurs années, elle sera trimballée de foyers en familles d'accueil, avec interdiction de garder le moindre contact avec un membre de sa famille. Ce traitement est presque pire pour elle que tout ce qu'elle a subi jusque-là. « Mon lycée était très loin. J'étais obligée de me lever à 4h30 du matin de manière à être sortie du foyer à 5h. Impossible de prendre un petit déjeuner avant de partir : les cuisines étaient fermées. [...] J'arrivais à 21h pour trouver encore une fois les cuisines fermées. Outre la cantine du midi à laquelle j'étais inscrite, je ne mangeais plus que des pommes, faciles à transporter. Inutile de dire que cela n'arrangeait pas ma maigreur. » ; « Les filles du foyer me trouvaient cinglée de faire tous ces sacrifices. Elles avaient trouvé une autre solution plus "sympa". le matin, vers dix heures, lorsque les éducateurs faisaient le tour des chambres pour vérifier que tout le monde était bien parti à l'école ou en stage, elles se cachaient toutes dans les toilettes. Une fois le champ libre, elles choisissaient une chambre et y passaient toute la journée avec alcool, cigarette et cannabis à volonté. [...] Comme elles n'avaient pas à se lever le matin, elles écoutaient du rap, volume poussé au maximum, jusqu'à une ou deux heures du matin tout en fumant des joints et en se faisant des brushings. »

Ce livre m'a énormément touchée. Il raconte le combat d'une jeune fille pour vivre, sa lutte de chaque instant pour sortir de l'ombre de son père. Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander ce que moi j'aurais pu faire si j'avais été à sa place. Sûrement moins qu'elle.

L'histoire de Céline nous transporte d'une émotion à l'autre : on ressent sa peur quand vient le week-end, on est stupéfaits et incrédules de la violence des punitions, on est révoltés du laisser-faire de l'entourage, prêt à sacrifier une jeune fille pour sa tranquillité d'esprit. Et on se remet en question : si jamais je croisais un enfant dans cette situation, qu'est-ce que je ferais, ou ne ferais pas ?
La seule chose qui m'a permis de m'accrocher et de terminer ce livre, c'est la perspective, non pas d'un happy end, mais au moins d'une fin un peu améliorée. Si l'auteur a pu écrire sur son passé, c'est que ça va sûrement mieux, maintenant ?
Et en effet, la fin est beaucoup plus positive. Céline travaille sur elle pour pardonner à son père, sortir de l'anorexie, et surtout pour reprendre confiance en elle. Je ne pense pas qu'elle m'entendra, mais dans tous les cas, je lui souhaite de tout mon coeur d'y arriver. Autant qu'une autre, si ce n'est plus, elle a le droit de choisir sa vie et d'être heureuse.
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Parmi de nombreux livres évoquant la maltraitance, rares sont ceux qui l'évoquent dans le milieu où est née Céline Raphaël. C'est impensable, et ce qui me laisse sans voix, c'est l'immobilité de la mère de cette enfant martyrisée. Comment peut-on assister à de telles scènes et continuer à aimer "passionnément" son mari? Cela fait froid dans le dos.
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