Les filles cassees

Son cœur bégaya rapidement derrière sa cage thoracique, puis revint à son martèlement. L'effort lui faisait toujours cela, tout comme la peur. Le mélange toxique des deux la rendit étourdie pendant une minute, incapable de penser. Son corps n'était toujours pas tout à fait correct. Même si elle avait quinze ans, ses seins étaient petits et elle n'avait commencé à saigner que l'année dernière. Le médecin l'avait prévenue qu'il y aurait un retard, tout à fait normal, une séquelle biologique demalnutrition. Tu es jeune et tu vas récupérer, avait-il dit, mais c'est l'enfer sur le corps. La phrase avait résonné avec elle pendant un moment, passant au crible le mélange de ses pensées. L'enfer sur le corps. C'était même drôlement sombre.

«J'étais un jour dans la cour arrière pendant que maman travaillait. J'ai levé les yeux et il y avait un garçon dans une fenêtre supérieure de la maison, qui me regardait. J'ai fait signe, mais il n'a pas fait de retour. Quand j'ai demandé à ma mère à ce sujet, pourquoi le garçon n'était pas autorisé à jouer dehors, elle a eu le regard le plus étrange sur son visage. Elle m'a dit que j'avais vu des choses et que je ne devrais plus jamais rien dire à propos de ce garçon, surtout devant les Ellesmeres. Je ne l'ai plus jamais revu. Je me suis toujours demandé qui il était. »

Katie était le genre de fille que les autres filles avaient tendance à obéir facilement: brune, dominante, belle, un peu agressive et sans peur. Elle n'était pas populaire, exactement, mais elle ne voulait utiliser ses poings que deux fois, et les deux fois, elle avait facilement gagné. Un bon front, elle le savait, était la majeure partie de la bataille, et elle avait utilisé le sien sans pitié. Ce n'était pas facile de survivre dans un pensionnat plein de filles jetables, mais après avoir avalé ses larmes dans ces premiers instants, Katie l'avait maîtrisé.

C'était une chose de raconter des histoires de fantômes dans le noir, et une autre quand vous avez ouvert votre casier avant le cours de gym et que vous avez senti quelque chose le refermer. Il y avait toujours de petites choses, comme un sentiment d'être regardé, ou une plaque froide dans un couloir, que vous n'étiez jamais tout à fait sûr d'avoir vécu, et vous vous sentiez stupide en élevant. Mais cela avait été différent, et Katie avait envie de le dire à voix haute. «C'était dans le commun, sur le chemin qui passe devant la salle à manger.»

Cela n'avait aucun sens. Les flics et les journalistes étaient des ennemis naturels; ils n'auraient jamais dû se mélanger. Et à bien des égards, ils ne l'ont pas fait. Jamie n'a présenté Fiona à ses collègues ni emmenée à aucune de leurs fonctions sociales. Elle n'est jamais entrée dans la gare quand elle a voulu le voirpendant les heures travail, l'attendant à l'extérieur à la place. Il l'avait présentée à ses parents exactement une fois, une conversation froide qui s'était terminée en quelques minutes.