Histoire de Paris

On a tout dit sur la Tour Eiffel, sur la « girafe de fer à tête d'épingle ». Ce qu'on ignore, c'est qu'elle est la résultante d'un calcul mathématique de poussées et de résistances et que c'est le hasard d'une équation qui lui a donné sa forme et son équilibre. Sans doute, cet arbitre géant entre deux monuments rivaux n'ajoute-t-il à la beauté du site. Mais il s'est passé pour l'œuvre d'Eiffel un phénomène qui défie toute les lois et toutes les esthétiques : elle s'est intégrée au paysage. Et Paris a brusquement adopté cette orpheline un peu anormale, née de parents inconnus et dont le pont des Arts est le pacifique aïeul. Depuis, par les services qu'elle rend, par les voix qu'on lui prête, elle a miraculeusement su se concilier la faveur populaire et l'engouement des élites. (La Tour Eiffel a eu pendant quelques lustres une sœur contemporaine en la Galerie des Machines, énorme carcasse de fer qui masquait l’École Militaire ; bien qu'elle ait battu le record de volume, son inutilité scientifique et sa laideur la firent condamner en bas âge.)

1284 - [Que sais-je ? n° 34 - p. 108]

Peu à peu, les quartiers de Paris s'éveillent à une fonction précise. Il en est de même pour le Marais qui, conquis, asséché, cultivé, bâti par les moines-chevaliers de l'Ordre des Templiers devient, vers la même époque (milieu de 13e siècle), le siège de la haute finance. Riches, ambitieux, spéculateurs, les Templiers après avoir étendu leur domination sur tout l'espace compris entre Saint-Gervais et Belleville (soit plus de 130 hectares), s'imposeront comme dépositaires du trésor royal, comme prêteurs officiels de la monarchie. Leur domaine est à l'image de leur puissance : c'est une forteresse, mieux c'est, dans la ville, une véritable ville qu'une haute muraille ceinture et défend. On sait que Philippe le Bel se libéra de ses dettes en faisant brûler vifs en 1312 les hauts dignitaires de l'Ordre, après un sommaire et fallacieux procès. Cependant l'aventure des Templiers a permis l'assainissement et le peuplement du Marais ; un nouveau centre va s'établir en face de la Cité - qui fut le premier centre. En plusieurs points de ce quartier, le souvenir des Templiers s'impose encore à la rêverie du passant.

1252 - [Que sais-je n° 34, p. 22]

1715 - Dès la mort du vieux roi, la Cour se transporte à Paris. Il y faudra loger une nuée de courtisans pressés, de seigneurs encombrants. Il s'installent à proximité du Louvre, dans les quartiers des Petits-Champs et Saint-Honoré, obligeant leurs habitants à chercher un gîte ailleurs. Paris étant comble intramuros, ceux-ci doivent se rabattre sur les terrains de la Grange-Batelière et sur les alentours. C'est ainsi qu'un nouveau quartier prend forme qu'on désignera, pour plaire au nouveau surintendant des bâtiments, du nom de Chaussée-d'Antin. (Signalons que cet exode subit inquiéta les services de bornage au point que toutes les constructions dépassant l'enceinte furent dorénavant marquées d'un signe : le numérotage des maisons découlera de cette mesure de surveillance.)

1263 - [Que sais-je ? n° 34, p. 65]

Sans doute Haussmann a-t-il extirpé de nombreux nids pestilentiels, supprimé les porteurs d'eau, bordé d'arbres quantité d'avenues, etc. Mais l'espace et les frondaisons restent l'apanage des beaux quartiers. Ceux qui voient en lui un dispensateur de zones vertes, savent-ils qu'il a éliminé plus de verdure et de jardins qu'il n'en a créés ?

1271 - [Que sais-je ? n° 34, p. 104]

A la fin du règne de Louis XIV, Paris compte 560.000 habitants, 25.000 maisons, 653 rues dont 123 nouvellement ouvertes. Ces rues sont éclairées jusqu'à minuit par 6.500 lanternes. L'ordre et la sécurité y règnent désormais, grâce à la vigilance de La Reynie et de d'Argenson. En 1702, le nombre des quartiers passe de 16 à 20.

1261 - [Que sais-je ? n° 34? p. 63]