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Citations sur Les Épis mûrs (18)

Le Haut Commandement français, de plus en plus méthodique, conçut alors une offensive de vingt-cinq kilomètres, avec un groupe d’armées, sous les ordres du général de Castelnau. Le secteur choisi fut celui de Champagne, où l’ennemi avait sans doute édifié ses plus puissantes défenses, mais qui se prêtait à un autre thème classique et irrésistible, l’« enfoncement par le centre ». On combinerait celui-ci avec une reprise de la bataille d’Artois. L’ensemble entraînerait la libération du territoire.
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Monteverdi ne connaissait pas le chromatisme, les fameux artifices d’harmonie de Tristan. Nous entendons cependant le cri d’une passion dans son Orfeo. Mais pour pousser ce cri, Monteverdi avait découvert l’emploi de la septième de dominante. Tous les grands musiciens, tous ceux qui ont eu vraiment quelque chose à dire, pour le dire, ont créé leur langue. – C’est aussi vrai des écrivains, des poètes… – Peut-être. Mais il est plus difficile d’apporter un accord nouveau. L’oreille humaine, ce n’est jamais que l’oreille humaine, moins fine que celle d’un chat. Pourtant, les vrais musiciens doivent périodiquement déconcerter, violenter cette oreille. On a pu écrire des merveilles dans la langue de Voltaire longtemps après sa mort. On ne pouvait pas écrire des œuvres admirables, durant cent ans, dans la langue de Rameau. Ce sont les vrais créateurs, les conquérants qui subsistent. Les épigones musicaux s’effacent rapidement. De tout l’opéra mozartien après Mozart, on ne peut plus réentendre entièrement que Le Barbier de Séville.
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– S’esbigner, pendant que les camarades vont se faire tuer, c’est assez répugnant. Pourtant, ce serait la voie droite : continuer la lutte là où elle sera encore possible. Mais quelle lutte ? Dans quel but ? Pour condamner sans relâche cette guerre abjecte, alors que l’on n’a pas su l’éviter ? Une satisfaction morale, c’est tout. Au milieu du mépris universel : l’homme qui a fui le danger. Descendre dans la rue, insulter leurs drapeaux, leurs clairons ? Je ne suis pas assez brave. S’il fallait simplement être fusillé, je me collerais au mur, je leur dirais : « Allez-y. » Mais j’ai peur de cette foule que son poids rend certainement féroce, j’ai peur d’être écharpé, des coups de talons dans la figure, d’avoir les yeux crevés à coups de pointes d’ombrelles. Revolvériser Poincaré ou Viviani ? Il aurait fallu préparer ça de longue date, et ça ne servirait plus à rien maintenant. Guillaume et sa clique militaire me dégoûtent par-dessus tout. Accepter de se battre pour détruire ces bêtes féroces ? Mais c’est se battre aussi pour sauver le radicalisme français et les mercantis de Londres !
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Avec tout ce que Sandy m’a raconté sur Hegel et sur Bergson, j’aurais très bien pu passer le bachot de philo. Mais m’envoyer huit semaines de trigonométrie et de chimie organique, c’est trop, et je n’ai plus le temps. Je risquerais de claquer d’une symphonie rentrée !
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Les souvenirs des limonaires de manèges, des trombones des cours, des vieux orgues de Barbarie doux et poussifs, voilà comment ils auraient pu se décanter, se lier, ce qu’ils auraient fait vivre : la mélancolie et la verdeur citadines propres à tous les grands faubourgs du monde.
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Ils finissent par être injustes et maladroits avec Beethoven lui-même. À force de souligner chez lui toutes les symétries, ils nous rappellent qu’elles sont un peu soûlantes, et d’un procédé somme toute assez lourd. La sève de la Première Symphonie, toute cette puissance encore comprimée qui fait craquer la forme du XVIIIe siècle, cela leur échappe, « parce qu’il n’y a pas de particularités de construction à y signaler », parce qu’il est entendu que le vrai Beethoven ne commence qu’avec l’Héroïque. Ils n’ont pas l’air de soupçonner que le génie de Beethoven est dans tout ce qu’il a écrit, que ses sonates, où il était plus libre, sont toujours en avance sur les symphonies, d’une bien autre richesse harmonique et rythmique. Ils négligent presque la Septième parce qu’elle est d’une structure relativement simple. Ils font de la complexité en soi un critérium, ce qui conduit à placer Les Noces de Figaro tout au bas de l’échelle ! Je crois d’ailleurs que c’est leur avis. Ils tirent leurs gibus à Wagner, c’est la moindre des politesses, avec tout ce qu’ils lui empruntent dans leurs fabrications. Mais sur la révolution qu’a été le chromatisme de Tristan, ils sont plus que discrets. C’est qu’il faudrait reconnaître qu’on a pu tout de même écrire un chef-d’œuvre dont les assises tonales ont été plutôt chahutées !
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Extrait de la préface de Nicolas d'Estienne d'Orves : "Toujours en quête d’une vérité absolue qu’il ne trouva jamais, il rechercha l’illumination par la connaissance. Face à la vérité du Christ, il rechercha la vérité du corps et prit la route d’un paganisme militant. Face à l’égalitarisme français, il rechercha la pureté allemande du surhomme et la transfiguration du réel sur les cadavres d’une humanité déchue. Face au prosaïsme de ce monde, il rechercha la vérité dans l’art et la création. Mais il dut affronter le triple échec de la virilité, de l’engagement et du succès. Sa pensée n’était que le reflet de ses pulsions. Elle ne fut jamais cohérente et se perdit toujours dans le labyrinthe de ses passions et de ses haines. S’il y eut une idéologie chez Lucien Rebatet, chacune de ses œuvres nous en laisse voir un pan. Mais la synthèse de l’ensemble n’est que le miroir de son cheminement intérieur et de ses contradictions personnelles. Comme pour l’art, sa pensée fut indissociable de son œuvre. On ne peut isoler le romancier de ses engagements, car ils se sont toujours nourris mutuellement."
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Le Haut Commandement allemand ignora pour ainsi dire tout des mutineries françaises durant ce printemps-là. Dans le moment où, à l’ouest comme à l’est, ses adversaires se décomposaient, il avait opté pour la défensive. Les états-majors se valent. Les guerres dépassent désormais de trop loin leur compétence.
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Il craignait aussi d’être tué ou blessé par maladresse, inexpérience, à deux pas du gîte sauveur qu’il n’aurait pas su apercevoir, pour n’avoir pas compris un signal.
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Était-elle pourtant assez imbécile, assez monstrueuse, cette chanson pour la reine d’une victoire que devaient invoquer, à la même heure, simplement avec des voix plus justes, des milliers et des milliers de Bavarois, de Badois, de Hongrois et d’Autrichiens ! Animale stupidité de tous ces peuples qui prétendaient mobiliser jusqu’à leurs bons dieux et leurs Maries pour leurs plus sanglantes et féroces discordes. Quelle saloperie qu’une guerre qui déclenchait d’aussi misérables et repoussantes émotions !
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