C'est la troisième fois que je lis "
Bonjour tristesse" de
Françoise Sagan. La première fois, j'avais 17ans, comme Cécile, la narratrice du roman et comme son auteure au moment de l'écriture. Je me rappelle m'être identifiée à Cécile, à son envie d'être aimée tout en jetant un regard critique devant les histoires d'amour de nos propres parents, à son détachement par rapport au monde qui tournait autour de nous.
Puis j'ai relu le livre une fois adulte, en 2014, lorsque Juliard l'a réimprimé tel que dans sa version originale de 1954. J'avais alors un regard d'adulte et l'identification avec l'héroïne n'était plus possible, même si je me suis alors rendue compte que j'avais conservé en mémoire certaines réflexions de
Sagan sur les rapports amoureux. Je retiens de cette lecture l'appréciation de la différence sociale entre le monde hautement bourgeois auquel appartenait
Sagan et ses personnages et mon univers personnel, beaucoup plus modeste!
Et voilà qu'en 2018, Babelio me permet de relire cette oeuvre adaptée en Bande dessinée! Quel régal! Cécile a changé; elle a vieilli, comme moi. Je ne me l'étais pas imaginée comme elle est ici dessinée mais cela ne m'a pas dérangée. J'ai adoré les dessins qui impriment encore plus l'idée de langueur estivale et de tension entre les trois femmes qui gravitent autour de Raymond, le père de Cécile. Homme à femmes, son coeur balance entre Elsa, magnifiquement sensuelle ici, et Anne, l'austère Anne... Et c'est sans compter sur son "petit chat", sa fille, avec qui le lien est resté au stade du complexe d'Oedipe: rien ne peut in fine séparer papa de sa fifille!
Bref, une bande dessinée à découvrir, à lire et à savourer, que l'on ait lu l'original ou pas!