Company of Killers, tome 1 : A la recherche de Sarai

Elle se dresse devant le lit, à demi nue, baignée par l'éclat de la lune qui entre par la baie vitrée, si belle et si douce, mais si vulnérable.
Elle me semble abattue, vaincue. Elle me regarde avec des yeux désespérés qui me transpercent l'âme.
Je voudrais qu'elle se détourne et qu'elle parte pour ne plus voir ses yeux.
Si elle continue à me regarder comme ça, si elle prononce encore un seul mot, je vais craquer... Je vais la baiser. Ou la tuer.

Ce n’est pas ça, l’amour. Javier voulait seulement me posséder.

Je suis attirée par toi, Victor, rien que par toi…
Il sourit et ne dit plus rien.
J’ai de plus en plus chaud au visage, je dois être écarlate. Et chaque fois que Victor me sourit, ça me fait rougir encore davantage. Je suis complètement euphorique, j’ai l’impression qu’une centaine de papillons ivres se livrent à une orgie dans mon ventre.

Les autres femmes ne t’arrivent pas à la cheville. Si tu souris, c’est avec mépris ou condescendance. Tu ne dis jamais « merci », parce que tu considères que c’est un honneur de te servir. Tu n’élèves jamais la voix parce que tu n’en as pas besoin pour te faire obéir. Et n’oublie pas que tu plies toujours devant moi. Quoi qu’il arrive.

Dans une situation critique, tu pourrais réagir différemment. Même si tu as peur, tu devras le cacher. Hamburg ne s’intéressera plus à toi s’il sent que tu as peur. La peur est pour lui une faiblesse, il aime les jeunes femmes fortes et téméraires. Et leur compagnon.

Victor ne va quand même pas me demander de coucher avec cet homme pour une mission ? Je ne suis pas une pute et je préférerais crever plutôt que d’en devenir une. J’ai couché avec Javier tous les soirs pendant des années alors que je n’en avais pas envie, mais ce n’est pas la même chose. C’était pour survivre. Et Javier était attirant, j’ose le dire, en dépit de ses nombreux défauts rédhibitoires. Tandis que Hamburg est repoussant.
Non, ce n’est vraiment pas la même chose.
Je ne peux plus regarder Victor en face. Je ne lui en veux pas, même si je devrais, mais… Merde ! J’essaie de comprendre. Quelque chose m’échappe, sûrement. Il doit y avoir une différence entre faire la pute et ce qu’il me demande.

Les amoureux tordus qui paient des tueurs pour exécuter leur ex-petite copine par jalousie ou par vengeance. L’agence ne propose pas ce genre de boulots. Elle s’intéresse aux grands criminels, aux politiciens véreux et intervient dans des sphères où les êtres humains ont tendance à montrer le pire. Il nous arrive aussi parfois d’éliminer des gens qui sont apparemment innocents, mais qui représentent indirectement une menace pour les autres.

Tu n’as peur de rien, mais tu restes féminine et vulnérable. Tu es riche, mais personne ne doit savoir d’où vient ton argent. En revanche, il doit être évident que tu en as suffisamment pour le jeter par les fenêtres si ça te chante. Tu dois t’imprégner de ce personnage, jouer mon jeu quoi qu’il arrive, faire tout ce que je te demande sans poser de questions. La moindre hésitation de ta part pourrait mettre nos jours en danger.

Elle voulait simplement être avec moi. Faire l’amour avec un homme qu’elle avait choisi, pour une fois dans sa vie. La colère et la vengeance ne faisaient pas partie de son plan. Elle s’est servie de moi pour se libérer d’une partie de sa haine, mais ça n’était pas prémédité et je crois qu’elle s’est aperçue après coup à quel point elle était démolie.

Elle est belle, mais détruite. Abîmée pour le restant de ses jours et rien ne lui rendra son innocence. Cette fille est une bombe à retardement, un danger pour elle-même et très probablement pour les autres. Je n’en étais pas certain jusqu’ici, mais elle vient de m’en faire la démonstration et je sais à présent à quel point elle est instable. Encore plus dangereuse que moi.