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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est amusant comme ce petit livre, avec son titre de bande dessinée, sa couverture aux traits de dessins quelque peu naïfs et son écriture d'une apparente candeur cache bien son jeu. Sous les habits de la légèreté, le propos est terriblement fort, actuel, interpellant. Il emprunte aux fables, aux contes et surtout au théâtre dans sa construction. L'histoire de Lora Sander est à la fois celle de l'émancipation d'une femme, du déracinement d'une exilée et le reflet de la violence d'un monde qui ressemble trop à celui dans lequel nous vivons.

Lora Sander est comédienne, obligée de quitter son pays, l'Azirie tombé sous le joug d'une dictature. le Magic Théâtre a été fermé (trop subversif), son mari Zuca est emprisonné, son fils Giorgio a pris les armes dans la résistance et la clandestinité. Lora est donc livrée à elle-même, à la merci des profiteurs, passeurs et autres exploiteurs qui jalonnent le chemin des exilés. Elle compte sur son colt 45, une arme de collection offerte par son père pour se défendre. Elle réussit à atteindre l'état de Santarie et ses promesses de liberté mais doit composer avec les contraintes de son statut de réfugiée sans papiers. Au fil de ses rencontres, bonnes et mauvaises, elle apprendra à connaître la vraie Lora Sander, sous le maquillage et les oripeaux de ses rôles qui l'habitent autant dans la vie que naguère sur scène.

La forme choisie par l'auteure est remarquable et contribue sans nul doute à la captation du lecteur. Lora raconte les épisodes de son exil, interrompue fréquemment par quelques lignes d'indication de décor, de costumes ou d'accessoires, exactement comme pour introduire une nouvelle scène dans une pièce de théâtre. de cette manière, on est exclusivement concentré sur son propos et l'on voit progresser au fur et à mesure son état d'esprit, les pensées qu'elle s'autorise, ses prises de conscience. le rôle du colt 45 est loin d'être accessoire, d'abord rassurant puis aliénant avant de devenir un objet de malheur et un acteur clé de l'évolution de Lora.

Parfois, une jolie fable vaut mieux qu'un long discours. Marie Redonnet offre ici un texte épuré et poétique qui n'en est pas moins une profonde réflexion politique et sociétale. Vraiment une très très jolie découverte en ce qui me concerne même si j'ai cru comprendre que Marie Redonnet compte de nombreux admirateurs qui semblent regretter sa trop grande rareté. Cette lecture m'a donné envie de me plonger dans ses écrits antérieurs.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Une fable contemporaine pour raconter l'exil douloureux et l'émancipation d'une femme.

Actrice vedette et épouse de Zuka, le directeur du Magic Théâtre d'un pays imaginaire, l' Azirie, vivant protégée entre son mari et son fils dans le monde clos du théâtre, Lora Sander s'exile à cinquante ans, jetée sur les routes à cause de la terreur qui a recouvert l'Azirie, après l'arrestation de Zuka et la fermeture du théâtre jugé subversif par la dictature.

Face à l'inexorable, expulsée hors d'une vie protégée et «irréelle», elle abandonne tout, sauf ce colt, cadeau de son père sur son lit de mort, soudain lancée seule dans une vie inconnue et une histoire qui la dépasse.

«La forêt s'interrompt brusquement au bord d'une falaise à pic. Au loin on entend des bruits assourdis de tirs de roquette. Lora, la cinquantaine, allure excentrique, est emmitouflée dans un manteau en fourrure synthétique. Elle porte un bonnet et des gants de laine de couleurs vives. Epuisée, elle s'assoit au bord de la falaise, les jambes dans le vide, un sac à ses côtés.
Elle sort de son sac un vieux colt 45. Elle l'essuie précautionneusement comme si elle voulait vérifier qu'il est bien en état de marche.»

Traversant le fleuve qui sépare l'Azirie de la Santarie, elle découvre non pas la terre promise, mais l'envers d'un même désespoir, et raconte sans misérabilisme les événements les plus tragiques, les rêves volatilisés d'une vie apaisée lorsqu'elle est confrontée aux troubles et à la violence arbitraire et permanente qui règnent aussi en Santarie.

«À partir de maintenant je vis dans la clandestinité comme tous les étrangers sans papiers qui arrivent à Santaré par la mer encore plus que par le fleuve. Cette ville est comme un aimant qui les attire, le point de rencontre des errances et des naufrages d'une humanité à la dérive. Les pièces de Samir Osri dont j'ai été l'une des interprètes sont une image de notre monde. Mais quand je les jouais au Magic Théâtre je ne le savais pas.»

Dans cette tragédie contemporaine dont la forme évoque le théâtre-récit, la femme au colt 45, actrice unique du récit, soudain exposée à la dureté du réel, raconte sa propre transformation dans l'exil.

«-Il y a des rides sur le front et à la commissure des lèvres. La peau commence à se flétrir. le teint a perdu de son éclat. le regard est grave et inquiet. Les traits du visage sont harmonieux, des sourcils épais, des lèvres charnues. L'expression est tendue. Cette femme que je ne reconnais pas, sans aucun fard, c'est moi.»

Avec le colt 45 offert par son père qui lui avait appris à tirer, ce pistolet qui est comme un blindage, un héritage affectif dont il est si difficile de se défaire, et une arme qui peut se retourner contre elle, Lora Sander cherche à sauver sa peau. En se débarrassant finalement de ce colt, elle opposera sa volonté de vie et son art à la puissance de mort de l'arme à feu, dans les balbutiements d'une nouvelle vie.

Dans ce roman à paraître en janvier 2016 aux éditions le Tripode, Marie Redonnet réussit à dire d'une voix claire, avec cette écriture minimale et d'apparence candide d'une grande force, la vie qui se défait, le désespoir de l'exil et l'embryon d'une nouvelle naissance.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/03/note-de-lecture-la-femme-au-colt-45-marie-redonnet/
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A la suite de la répression d'une rébellion dans un pays imaginaire que l'on situe volontiers aux confins de l'Europe de l'est et de l'Asie centrale, Lora s'enfuie laissant mari (emprisonné) et fils (en résistance avec la rébellion). Elle devient clandestine avec pour seul bagage un colt 45 qui lui vient de son père.

Quelle aventure ! Marie Redonnet, avec des phrases courtes, des chapitres courts, arrive grâce à une puissance évocatrice certaine, à nous faire vibrer avec Lora. Elle connaîtra la menace permanente des hommes, en position de faiblesse s'il n'y avait le fameux colt 45. Mais aussi de belles rencontres.

Forcément la vie change, la conception qu'on en a aussi, la perception du monde alentour évolue, et la personnalité de Lora prend corps dans cette fuite.

Un roman en forme de fable, à l'écriture sans fioritures, qui traite sans pathétique de la situation de ceux qui fuient leur pays, et se retrouvent vite sans rien, dépouillés et à la merci de tous les profiteurs.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Après 10 ans d'absence, Marie Redonnet revient avec un nouveau roman, la femme au colt 45, belle fable sur la renaissance d'une femme ayant choisi la liberté à la dictature.

"Mais contrairement à ce qu'il pense, ma décision n'est pas un choix politique. C'est un choix personnel. Sans mon colt 45 maintenant qu'il rouille au fond du fleuve, je dois apprendre toute seule à devenir Lora Sander. Si je réussis j'aurai fait mes preuves."

Lora Sander, comédienne célèbre et émérite au Magic Theatre, décide de fuir son pays, l'Azirie, tombé sous le joug d'une dictature. Choisissant de rester libre, elle prend le chemin de l'exil et devient clandestine sur l'ile de Santaré. Rapidement mise à nue, il ne lui reste bientôt plus que son Colt 45, cadeau de son père sur son lit de mort, comme unique vestige de son ancienne vie.

Ayant besoin d'argent, elle finira par le vendre avant de le retrouver en fin de roman et de finir par s'en débarrasser définitivement. Ce colt 45 est l'image même de la transformation de la vie de Lora, le fil rouge de cette histoire.

"Elle jette son colt dans le fleuve.
- Maintenant que mon colt a accompli sa dernière mission, qu'il aille rouiller et pourrir au fond du fleuve. Et que j'en sois à jamais débarrassée. "

Tout au long de ce très court récit, 112 pages, Marie Redonnet témoigne de la dureté de la vie des réfugiés, entre vols, viols, violence, exploitation, dépouillement...C'est touchant, marquant, fort.

"À partir de maintenant je vis dans la clandestinité comme tous les étrangers sans papiers qui arrivent à Santaré par la mer encore plus que par le fleuve. Cette ville est comme un aimant qui les attire, le point de rencontre des errances et des naufrages d'une humanité à la dérive. Les pièces de Samir Osri dont j'ai été l'une des interprètes sont une image de notre monde. Mais quand je les jouais au Magic Théâtre je ne le savais pas."

L'écriture est poétique mais surtout sèche, minimaliste et acerbe. de même, elle peut exprimer une grande sensibilité ou à l'inverse de la désinvolture. C'est très étonnant à lire mais toujours très fluide, beau. Sous des aspects de simplicité, Marie Redonnet fait passer ses messages. Elle maitrise parfaitement sa narration.

La structure du texte est elle aussi assez atypique. Cela ressemble à une pièce de théâtre ou à un scénario de film dans lequel les déclamations à la première personne de l'actrice unique, récit intimiste et fort, alternent avec une sorte de voix off, à la troisième personne, très neutre, nous explicitant les lieux, les tenues, les changements de contexte et autres situations. Cela fait penser aux didascalies de théâtre.

On tourne les pages rapidement et on atteint la dernière sans s'en rendre compte. Ce qui prouve que l'auteur a me semble-t-il réussi son livre.

J'ai passé un bon moment et apprécié cet ouvrage dramatique et politique que je vous conseille. Je regrette toutefois un peu sa brièveté qui ne permet pas d'approfondir tous les thèmes abordés mais juste pour certains de les effleurer. Mais est ce que le message aurait été aussi percutant si cet opus avait été différemment organisé? Rien n'est moins sûr...

3,5/5


Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Lora Sander décide de s'exiler d'un pays sous dictature, son fils et son mari sont déjà partis; le Magic théâtre qui les faisait vivre est fermé.Lora se veut désormais une femme libre capable de se défendre avec son colt 45; elle sera vite violée...puis trouvera un travail dans un camion de pizzas dont le propriétaire meurt après lui avoir avoué avoir venu toutes ses affaires y compris ses papiers: elle est désormais sans identité; pour vivre, elle va devoir vendre son colt; un moment, elle tient une librairie qui sera vendue et les livres seront achetés lors d'une braderie par une richa américaine qui veut créer une arche de Noé pour les jeunes réfugiés sans domicile et sans travail. La fin est inattendue et pourtant cohérente avec la vie que s'est forgée Lora. Une femme libre!
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Une jolie fable sur l'émancipation d'une femme

J'ai été attirée par la jolie couverture de ce livre et par quelques bonnes critiques glanées ici et là. C'est un livre très court, pratiquement le format d'une nouvelle.

Lora Sander, 50 ans, est l'actrice vedette du Magic Théâtre dans un pays imaginaire l'Azirie. Elle a vécu sous l'aile protectrice de Zuma, son mari, directeur du théâtre "Zuma était toujours à mes côtés comme mon ange gardien."

La dictature sévit dans ce pays et le théâtre, dont les pièces sont jugées subversives, est fermé. Zuma est emprisonné et leur fils Giorgio s'engage dans la lutte armée.
Lora parvient à se réfugier dans le pays limitrophe, l'état de Santarie, munie d'un colt, seul cadeau de son père qu'elle détestait, son colt qu'elle considère comme son ange gardien mais qui va devenir "autant un danger qu'une protection."

Réfugiée sans papiers, elle va se construire une nouvelle vie et se découvrir une nouvelle personnalité, se rendant compte qu'elle vivait enchaînée à son mari. Son mari la considérait comme sa reine et du coup elle s'aperçoit que sa vision de la réalité était complètement faussée. "Ce n'est pas parce que j'ai tout quitté et tout perdu que ma vie de femme doit s'arrêter". Elle va peu à peu retrouver sa vraie nature.

Le ton parait léger, le style est épuré mais le propos sur l'émancipation est fort. le procédé narratif est original car tout au long du récit Lora raconte les étapes de son exil, lieu après lieu, et ses paroles sont entrecoupées de temps à autre par des phrases plantant le décor, comme dans une pièce de théâtre.
Une belle découverte.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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En premier lieu, je dois dire que " la femme au colt 45 " a été pour moi une fabuleuse découverte et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, j'ai été attirée par la couverture, aux couleurs vives, au dessin un peu naïf, sur laquelle on voit un bateau et un titre " la femme au colt 45 ". Je me suis donc posé la question de savoir quelle pouvait être la trame de l'histoire, avec ces deux éléments qui me paraissaient si éloignés l'un de l'autre.
Ensuite, j'ai plongé dans ce roman et je me suis retrouvée en Azirie, un état limitrophe de Santarie, en compagnie de Lora Sander, une femme de " presque 50
ans ", actrice et épouse de Zuka, le directeur du Magic Théâtre. Mais cet établissement sera obligé de fermer, Zuka sera emprisonné et leur fils, Giorgio entrera dans la résistance. Lora décide alors de prendre la fuite et le chemin de l'exil avec son colt 45,( une arme de collection, cadeau de son père ) qui sera en quelque sorte, le fil conducteur de ce roman.

" Mon colt, c'est le seul cadeau qu'il m'ait fait ! Juste avant sa mort, comme s'il avait voulu s'en débarrasser. Ce n'était pas son genre de faire un cadeau à sa fille. A quoi pouvait-il penser en me le donnant ? ".

Elle réussira à atteindre l'état de Santarie, mais sera livrée à elle-même, confrontée à de multiples péripéties, traquée, victime et devra survivre malgré tout, avec son statut de réfugiée sans papiers.

" Je ne suis pas partie pour me perdre, mais pour me sauver ".

Mais elle fera aussi de nombreuses rencontres, tantôt bonnes, tantôt mauvaises, telles que Emy Spencer, femme de lettres, Manou, avec son camion pizza et son accordéon, Mme Anna, propriétaire d'un pavillon, rue des Saules, Guido Rizi qui sera son protecteur durant un moment, Nina Pratz et les occupants de l'Arche de Noé.

Ensuite cela m'a réconciliée avec les " petits " livres, moi qui, jusqu'à maintenant, n'était attirée que par les " gros pavés " comme je les appelais. Cela m'a permis de me rendre compte qu'un livre de seulement 112 pages, comme l'est celui de Marie Redonnet, peut être tellement dense, renfermer des propos tellement forts, des réflexions si profondes sur la politique et la société, sur la dure vie des réfugiés, sur la place de la femme dans un monde en conflit et qui a choisi la liberté plutôt que la dictature.

J'ai découvert un auteur qui a l'art de nous offrir, avec une écriture poétique et sensible, un texte à la fois simple et puissant, avec de multiples résonances. Elle a le don de faire passer des messages très forts par l'intermédiaire d'une belle petite fable en nous donnant presque l'impression d'être au théâtre.

En conclusion, un roman rare, sur la métamorphose et la renaissance d'une femme par son voyage initiatique lors de son exil et que je conseille vraiment.
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J'ai été complètement happée par la narration. Marie Redonnet a fait un choix audacieux : elle laisse son personnage parlé et commenté ce qu'elle fait du début à la fin du livre, nous glissant juste quelques phrases par-ci par-là à la manière des didascalies de théâtre. Son personnage étant comédienne, ce choix semble si pertinent et évident. Au point de se dire, qu'il serait passionnant de porter ce texte sur les planches.
Lora Sander est comédienne, elle a épousé le directeur du Magic Théâtre et y a fait toute sa vie. Mais lorsque son mari est arrêté par le régime en place, elle n'a d'autres choix que de fuir. Elle nous emmène avec elle dans cette fuite, elle nous fait vivre chacun des moments de sa vie, comme autant d'instantanés. Utilisant la parole et les mots comme d'autres les images sur instagram.

(Chronique à découvrir en entier sur mob blog)
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