Il a quelques semaines déjà, la collection codirigée par le Monde et les éditions Glénat ont consacré deux volumes à l'adaptation en bande dessinée de
l'Homme invisible de
H. G. Wells. Cette première partie est franchement réussie.
Les habitués de la série auront ici de quoi être surpris. L'histoire commence directement, sans la présentation de la collection. Par ailleurs, les explications en fin d'ouvrage seront plus succinctes que de coutume. Il faudra se contenter d'explications directement liées à l'oeuvre. Pour l'auteur et le contexte, il faudra se référer aux tomes précédents. Cet effort de synthèse est bien vu et assez inattendu.
Le démarrage de l'album le sera tout autant. Nous voici avec le protagoniste, laissé seul dans le froid, à la recherche d'un abri. La scène se joue alors qu'une tempête de neige fait rage. La planche, comme celles qui vont suivre, seront temporairement recouvertes d'un fonds noir : l'effet est plutôt impressionnant.
Cet effet embarque directement le lecteur, qui lui, connaît (ou se doute) de l'identité du mystérieux protagoniste. Cette pratique sera reprise un peu plus tard et donnera à l'histoire une saveur particulière.
Les dessins sont ici le point fort de l'album. C'est un véritable plaisir pour l'oeil de découvrir progressivement une histoire, qui réserve, graphiquement, de belles surprises. Ainsi à plusieurs reprises, des planches entières serviront à faire progresser l'intrigue, qu'il s'agisse de séquences d'actions ou de terreur pure (ah la séquence du cauchemar de la logeuse, quel régal ! et je ne vous parle pas de la vue sur la charmante jeune femme endormie…). Ces passages justifient amplement le traitement en deux volumes.
L'histoire se concentre ici sur Iping, petite village du Sussex, dans lequel notre protagoniste a jeté son dévolu. le voici d'abord logé dans une auberge mais très rapidement les événements vont se précipiter. Il va être obligé de se dévoiler avant de devoir vivre dans la clandestinité et suivre une pente dangereuse : celle de la délinquance et de la violence. Les révélations seront faites progressivement, ce qui renforce encore l'immersion dans cet album.
Cette première partie est une réussie qui va donner envie de lire la suite. Cet effet est hélas mis à mal par une révélation intempestive glissée dans les explications présentées en fin de volume. Dommage, car l'effet de l'attente (pourtant bien travaillée avec un final bien coupé) s'en ressent forcément…