Chaque jour est un adieu

Comment peut-on qualifier le séjour d'Adam et Ève au Paradis : innocence, certainement, au moins tant qu'ils n'avaient pas goûté au fruit défendu du pommier, insouciance aussi, car ensuite ils ont dû gagner leur pain à la sueur de leur front.
Innocence et insouciance, ne sont-ce pas aussi les attributs que l'on donne généralement à l'enfance, dans la mesure où cette période s'étend jusqu'à l'adolescence (fin progressive de l'innocence), voire jusqu'à l'entrée dans l'âge adulte, avec la nécessité de s'insérer dans la société et de gagner sa vie (fin de l'insouciance).
Partant, ce parallèle entre enfance et paradis est fréquemment présent dans la mémoire de la plupart des adultes, dans des proportions plus ou moins importantes suivant la personnalité des uns et des autres et les conditions dans lesquelles ils ont passé leur enfance.
Il est en tout cas constant dans le petit roman autobiographique d'Alain Rémond, Chaque jour est un adieu, publié en 2000, où l'auteur nous raconte ses souvenirs d'enfance d'une façon à la fois circonstanciée et fraîche. Ces souvenirs, qui n'ont rien d'extraordinaire, pourraient être ceux de beaucoup de personnes, et plaisent parce que tout le monde ne prend pas la peine d'écrire les siens, de surcroît avec une certaine spontanéité qui ne trompe pas. Même les événements un peu plus sombres de cette enfance sont embellis : sans doute, comme nous tous, l'auteur regrette-t'il sa jeunesse, ou, simplement, d'avoir quelques dizaines d'années en trop...
Cette promenade dans le passé d'Alain Rémond nous invite, nous aussi, à nous y rendre.