Le Journal intime de Georgia Nicolson, tome 1 : Mon nez, mon chat, l'amour... et moi

A travers mes rideaux, je vois une énorme lune jaune. Je pense à tous les gens dans le monde qui la voient en même temps que moi. Je me demande combien n'en ont pas de sourcils.

Plus que trois heures pour me préparer avant de retrouver les copines à la grande horloge. On part à la fête en bande. Mon père tient absolument à venir me chercher à minuit. Inutile de discuter, tout ce que j'obtiens de lui, c'est : "Tu as bien de la chance. De mon temps.... bla bla bla." Et là, on est reparti pour le Moyen Age qui d'après lui s'appelle les années soixante-dix.

Peter a ouvert la porte. Dix-sept ans, blond. Le genre léthargique, pas moche mais catégorie Boyzone. Il mâche du chewing-gum. J'espère qu'il l'enlève quand il exerce ses talents sinon je risque de m'étouffer. Il y a des petits rires crétins du côté de la haie. Peter les a entendus mais il n'a pas l'air perturbé outre mesure.

Dimanche 30 août
11 h 00

Merci mon Dieu, ils sont sortis. Enfin! C'est quoi toutes ces foutaises de famille heureuse? Tous ces "On devrait faire des choses ensemble"?
Comme je l'ai fait remarquer à papa :
- On a déjà pas de bol de se retrouver coincés tous les quatre dans la même baraque, alors pourquoi faudrait-il se pourrir la vie encore plus en allant traîner tous ensemble dans une jardinerie?
Bref, la rate ne sortira pas. Elle va rester dans sa chambre les quarante prochaines années pour éviter que des étrangers se moquent d'elle.
Je n'aurai jamais de copain. Ce n'est vraiment pas juste, il y a des filles totalement nulles qui en ont, elles. Zoe Ball a des copains très mignons et je vous ferai remarquer qu'elle a les oreilles décollées.

Dimanche 23 août

Dans ma chambre
Il pleut

10 h 00
Oncle Eddie est passé voir papa et, comme de bien entendu, il a fallu qu'ils viennent rôder tous les deux dans ma chambre pour voir ce que je faisais. Si oncle Eddie (qui est plus chauve que chauve) me dit encore une fois : "Dis, tu crois que ça se tartine les boules de billard?", je crois que je me tuerai. Il n'a pas l'air de se rendre compte que ça fait un moment que j'ai remisé la barboteuse. J'ai envie de lui hurler à la tronche : "J'ai quatorze ans, oncle Eddie! Je déborde de féminité! Je te ferai dire que je mets un soutif! D'accord, je ne le remplis pas et il lui arrive de remonter jusqu'au cou quand je cours pour attraper le bus... mais mon potentiel femme est là, Tête d'Oeuf!"

Midi. Victoire ! Victoire !
Mme Slack n’arrêtait pas de me pomper l’air parce que, soi-disant, je ne faisais aucun effort en français et toc, j’ai eu bon au test à quatre-vingt-cinq pour cent. Hahahahahhah. Fermez le bouche, madame Slack. J’ai réussi ce tour de force en apprenant par cœur vingt-cinq mots français avec lesquels j’ai répondu à toutes les questions.
Première question : Quel est votre plat préféré ? Réponse : le lapin.
Deuxième question (c’était la rédac) : À quoi occuperiez-vous une belle journée d’été ? Réponse : À jouer avec un lapin.
Troisième question : Racontez votre livre préféré. Choix de Georgia : Alice au pays des merveilles. Ça parle pas mal de lapin là-dedans. Etc.

10h30. Lalalalala; La vie est merveilleuse. Lalala. J'ai même réussi à me mettre du mascara sans m'enfoncer la brosse dans l'œil.

22H30. Papa et maman sont rentrés du pub en se cognant dans tous les meubles et en ricanant comme des demeurés. Ils étaient soûls. Moi, j'étais au lit en train d'essayer de dormir mais visiblement ça leur passait au-dessus de la tête. Je les ai entendus dans sur une chanson super cucul. Ils sont lamentables.

Jeudi 24 septembre
17H30. Suis au . Gelée complet. Si ça se trouve j'ai la tuberculose.

– On vit dans un monde libre, ma veille, tu peux pas forcer les gens à faire les trucs que tu veux toi.