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Né à Montmirail en 1613, Jean-François-Paul de Gondi eut pour précepteur Saint-Vincent de Paul. Son père, général des galères, décida, en dépit des frasques du jeune homme, "d'attacher à l'Eglise l'âme peut-être la moins ecclésiastique de l'univers", pour conserver dans la famille l'archevêché de Paris: en 1643, il fut sacré archevêque de Corinthe et nommé coadjuteur de son oncle Henri de Gondi, archevêque de Paris. Un récit de la Conjuration de Fiesque, qu'il avait composée à Rome, à dix-huit ans, d'après un modèle italien, avait arraché à Richelieu cette exclamation: "Voilà un dangereux esprit !" La Fronde lui fournit bientôt l'occasion de donner libre cours à son goût de l'intrigue et à ses talents de conspirateur. Ils lui valurent, en janvier 1652, le chapeau de Cardinal, mais aussi, en décembre, son emprisonnement au château de Vincennes, où il devait rester quinze mois avant d'être transféré au château de Nantes. Une évasion, au cours de laquelle il se cassa la clavicule, lui permit de gagner l'Espagne, puis Rome. Durant un exil de six années, qui ne prendra fin qu'à la mort de Mazarin (1661), il continuera d'intriguer et prétendra administrer de loin l'archidiocèse de Paris: il n'y renoncera qu'en 1662 en échange de l'abbaye de Saint-Denis. Retiré à Commercy, il écrit de 1662 à 1677 ses Mémoires, qui ne seront publiées qu'en 1717. le Cardinal mourra en 1679 dans son abbaye de Saint-Denis. Il y sera inhumé, mais Louis XIV interdira qu'on y dresse un monument - ce qui évitera la profanation de sa tombe en 1793, alors alors que les corps des rois seront tous jetés à la fosse commune par les révolutionnaires.

A lire et à relire. Les Mémoires sont une source de renseignements historiques et sociaux. Bien entendu, il faut garder à l'esprit que Le Cardinal de Retz reste subjectif.
Lien : http://livresetmanuscrits.e-..
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Le sort réservé au Cardinal de Retz (Gondi pour les intimes) est assez étrange. Tout démontre en effet que Retz devrait avoir une place majeure dans notre littérature mais également dans notre histoire; un style et une langue admirables, un sens de l'observation des réalités de son temps hors du commun, une intelligence subtile, une grande culture (c'est lui par exemple qui fit traduire Gracian en français). A cela se rajoute le fait que l'on a affaire à un homme d'action, très engagé dans les troubles de son époque, qui grâce à sa position sociale avait ses entrées partout et était donc extrêmement bien informé. Par là-même, ses Mémoires sont un document de connaissance historique et sociologique d'une très grande valeur.
Retz est pourtant fort peu lu désormais et souvent mis à l'écart.
Cela tient, à mon avis, à son caractère plutôt inclassable et à sa personnalité improbable dans une perspective contemporaine.
Cardinal ne dissimulant guère son parfait athéisme, aristocrate tribun du peuple, joueur politique invétéré et agitateur passionné, Retz fit de sa vie un roman et une aventure et somme toute, tel était bien son ambition. Prêtez donc attention aux écrits de cet inclassable car il en vaut vraiment la peine.
Je ne peux résister à vous donner ici quelques réflexions de ce cher vieux Gondi:
"...Il fit si bien qu'il se trouva sur la tête de tout le monde dans le temps que tout le monde croyait l'avoir encore à ses côtés. "
"( le clergé ) qui donne toujours l'exemple de la servitude, la prêchait aux autres sous le titre d'obéissance. "
"Les monarchies les plus établies et les monarques les plus autorisés ne se soutiennent que par l'assemblage des armes et des lois ; et cet assemblage est si nécessaire que les unes ne se peuvent maintenir sans les autres. "
"Ce qui cause l'assoupissement (dans les états qui souffrent) est la durée du mal, qui saisit l'imagination des hommes, et qui leur fait croire qu'il ne finira jamais. Aussitôt qu'ils trouvent jour à en sortir, ce qui ne manque jamais lorsqu'il est venu jusqu'à un certain point ils sont si surpris, si aisés et si emportés, qu'ils passent tout d'un coup à l'autre extrémité et que bien loin de considérer les révolutions comme impossibles, ils les croient faciles ; et cette disposition toute seule est quelquefois capable de les faire."
"Si cette femme eût eu autant de sincérité que d'esprit, de beauté, de douceur, et de vertu, elle eût été une merveille accomplie."
"L'un des plus grands défauts des hommes est qu'ils cherchent presque toujours dans les malheurs qui leur arrivent par leurs fautes, des excuses devant que d'y chercher des remèdes."
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Ces mémoires pourraient être sous-titrée "De l'art de la conjuration". Elles sont l'oeuvre de Jean-François Paul de Gondi Cardinal de Retz ennemi juré du cardinal de Mazarin. Elles ont pour théâtre la Régence d'Anne d'Autriche, mère de Louis XIV et sont l'un des documents privilégiés de la Fronde qui opposa la Cour et Mazarin d'un côté, les Princes de Condé, de Gondi et le duc d'Orléans de l'autre. Malgré l'intérêt historique de cette évocation, non dénuée d'esprit et d'humour, de ces parjures, complots et trahisons, faite par un homme d'église dont on ne peut s'empêcher de mettre en doute la "bonne foi" des propos; le récit plonge vite le lecteur, quand il ne se perd pas dans la galerie des personnages et dans le style alambiqué du français classique, dans une indifférence qui ne le quittera plus tout le long de ce volumineux ouvrage.
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JEAN-FRANCOIS PAUL DE GONDI, CARDINAL DE RETZ (1613-1679)

Partie 1 : 1613-1648 (pages 55-132) :

Gondi se rêve soldat (le Noir), se retrouve ecclésiastique (le Rouge), aime passionnément les femmes ("j'étais dans les premiers feux du plaisir qui, dans la jeunesse, se prennent aisément pour les premiers feux de l'amour"), complote s'alliant à Monsieur, frère du roi Louis XIII ("Il pensait tout, ne voulait rien ; et, quand par hasard, il voulait quelque chose, il fallait le pousser en même temps, ou plutôt le jeter, pour le lui faire exécuter") puis au Comte de Soisson, de la lignée des Bourbons, prince de Condé ("M. le comte avait toute la hardiesse du coeur que l'on appelle communément vaillance, au plus haut point qu'un homme la puisse avoir, et il n'avait pas, même dans le degré le plus commun, la hardiesse de l'esprit, qui est ce qu'on nomme résolution. La première est ordinaire et même vulgaire ; la seconde est même plus rare que l'on ne se le peut imaginer"), se fait taxer de lâche par le duc de Bouillon auquel il répond vertement (". de Bouillon s'en mit en colère, et me dit même d'un ton de raillerie : « Vous avez le sang bien froid pour un homme de votre âge ! » À quoi je lui répondis ces propres mots : « Tous les serviteurs de M. le comte vous sont si obligés, monsieur, qu'ils doivent tout souffrir de vous ; mais il n'y a que cette considération qui m'empêche de penser, à l'heure qu'il est, que vous pourrez bien n'être pas toujours entre vos bastions. » M. de Bouillon revint à lui ; il me fit toutes les honnêtetés imaginables, et telles qu'elles furent les commencemens de notre amitié.").

Dès le début, un plaisir gourmand donnant à un gourmet le goût sublime de raretés stylistiques sublimement apprêtées...

Gondi court, prêche, ment, prend parti, conquiert, se réjouit (la mort de Richelieu fût comme un énorme soulagement dans le Royaume chez les Nobles, les Bourgeois et les Cléricaux), se fait nommer coadjuteur, aspire à faire sa place, rencontre la Régente, Anne d'Autriche, et son cardinal-confident, Mazarin qu'il finit a détester...

1648...le Fisc Royal exige...L'Affrontement s'annonce inattendu..

A suivre...!

Le rideau se lève sur le théâtre du Monde ("Il me semble que je n'ai été jusqu'ici que dans le parterre, ou tout au plus dans l'orchestre, à jouer et à badiner avec les violons ; je vas monter sur le théâtre, où vous verrez des scènes, non pas dignes de vous, mais un peu moins indignes de votre attention").

Retz apparaît en Machiavel. La Fronde commence, ultime combat des Robins, des Bourgeois et des Grands contre l'absolutisme royal. Il faudra 1789, le Tiers-Etat pour faire chuter le Monarque, les Grands sans pour autant abolir le règne de l'Hydre, l'Etat absolutiste, son administration tentaculaire, son goût effréné pour la confiscation par le Fisc, ses débordements anti-démocratiques, ses débauches impériales son appétence pour le maintien des accessions aux charges au sein de la Caste ( "L'Ancien Régime et la Révolution" de Tocqueville explique très bien cette permanence du Régalien retrouvé constamment sous les formes les plus ondoyantes de l'exercice du Pouvoir en France).

N.B. : Les portraits comparés de Richelieu et de Mazarin, à la façon des Vies parallèles de Plutarque, éblouissent par leur verve, leurs couleurs, le ciselage voulu-pages 124-127 :

RICHELIEU

"Le cardinal de Richelieu avait de la naissance. Sa jeunesse jeta des étincelles de son mérite : il se distingua en Sorbonne ; on remarqua de fort bonne heure qu'il avait de la force et de la vivacité dans l'esprit. Il prenait d'ordinaire très bien son parti. Il était homme de parole, où un grand intérêt ne l'obligeait pas au contraire ; et en ce cas, il n'oubliait rien pour sauver les apparences de la bonne foi.".....

MAZARIN

Le cardinal Mazarin était d'un caractère tout contraire. Sa naissance était basse et son enfance honteuse. Au sortir du Colisée, il apprit à piper, ce qui lui attira des coups de bâtons d'un orfèvre de Rome appelé Moreto. Il fut capitaine d'infanterie en Valteline ; et Bagni, qui était son général, m'a dit qu'il ne passa dans sa guerre, qui ne fut que de trois mois, que pour un escroc. Il eut la nonciature extraordinaire en France, par la faveur du cardinal Antoine, qui ne s'acquérait pas, en ce temps-là, par de bons moyens. Il plut à Chavigny par ses contes libertins d'Italie, et par Chavigny à Richelieu, qui le fit cardinal, par le même esprit, à ce que l'on a cru, qui obligea Auguste à laisser à Tibère la succession de l'Empire. La pourpre ne l'empêcha pas de demeurer valet sous Richelieu. La Reine l'ayant choisi faute d'autre, ce qui est vrai quoi qu'on en dise, il parut d'abord l'original de Trivelino Principe. La fortune l'ayant ébloui et tous les autres, il s'érigea et l'on l'érigea en Richelieu ; mais il n'en eut que l'impudence de l'imitation. Il se fit de la honte de tout ce que l'autre s'était fait de l'honneur. Il se moqua de la religion. Il promit tout, parce qu'il ne voulut rien tenir. Il ne fut ni doux ni cruel, parce qu'il ne se ressouvenait ni des bienfaits ni des injures. Il s'aimait trop, ce qui est le naturel des âmes lâches ; il se craignait trop peu, ce qui est le caractère de ceux qui n'ont pas de soin de leur réputation. Il prévoyait assez bien le mal, parce qu'il avait souvent peur ; mais il n'y remédiait pas à proportion, parce qu'il n'avait pas tant de prudence que de peur. Il avait de l'esprit, de l'insinuation, de l'enjouement, des manières ; mais le vilain coeur paraissait toujours au travers, et au point que ces qualités eurent, dans l'adversité, tout l'air du ridicule, et ne perdirent pas, dans la plus grande prospérité, celui de fourberie. Il porta le filoutage dans le ministère, ce qui n'est jamais arrivé qu'à lui ; et ce filoutage faisait que le ministère, même heureux et absolu, ne lui seyait pas bien, et que le mépris s'y glissa, qui est la maladie la plus dangereuse d'un État, et dont la contagion se répand le plus aisément et le plus promptement du chef dans les membres).
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Un peu ardu mais à recommander pour les passionnés de cette époque.
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Belle édition genevoise en quatre volumes
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