AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Main d'oeuvre : Poèmes 1913-1949 (51)

FERRAILLE 1937

LES BUVEURS D'HORIZONS


Les venins et la lie sur la mer prisonnière
Les vices emperlés aux colliers des vaisseaux
Ces hommes sans regard au sang chaud des croisières
Ces hommes ténébreux dont l’amour vit sur l’eau

Leurs yeux s’ouvrent comme des cages
Ivres et titubants sous le poids des souvenirs
Ils rentrent dans le creux des bouges
Ils se cachent
Et l’exil et le spleen et l’ennui se partagent
Leur cœur et leur esprit comme des fruits trop mûrs

Les souffles chauds sur les perrons au seuil des portes
Contre les boulevards et les cours de la nuit
Les plages et les ports
Les aventures mortes
Dont l’ardeur se détache fermente et vient rancir
Les narines gonflées par de fauves parfums
Des relents d’efforts
de luttes sauvages
d’agonies obscures dans l’ombre des tables

Les ventres roulés sous les plaques de ces tombeaux
L’oreille encombrée par des mots trop lourds
et des noms trop beaux
Sous l’arc du front bandé les flèches aiguës du désir
Ce soir l’esprit troublé du goût irritant de partir
Au verso blanc du monde sur des chemins nouveaux
Sur les quais sans espoir vers les retours soudains

Partir toujours partir
Courir à la renverse
Les départs dépistés sur les traits du matin
À la conquête des solitudes étrangères
Que le rêve haletant connaît seul et traverse
Comme un désert ardent un désert humide
Où la chair et l’esprit se mêlent
Dans une boue savoureuse
Ivresse du sang mêlé
De la détresse de mon cœur et de mon corps
Au monde entier

p.338-339
Commenter  J’apprécie          20
FERRAILLE

LE TEMPS ET MOI


Dans le sous-sol le plus secret de ma détresse
Où le vice a reçu la trempe de la mort
je redonne le ton au disque
Le refrain à la vie
Un terme à mon remords

Dans le cercle sans horizon où se lamente la nature
Si la chaleur qui passe du sang à ton esprit
Tu pouvais suivre la mesure
En te hâtant sans bruit au tournant de la peur
Tout ce qu'on m'a repris des roues de la poitrine
Cette montre qui sonne l'heure sans arrêt
Et l'amère lueur qui coulait goutte à goutte
Entre la main et l'œil
Le chemin de la peau
La débâcle au bruit sec de la glace légère qui se brise
 au réveil

Je vais plus loin la main tendue au mouvement
 inconscient de la pendule
Une curiosité perçante au fond du cœur
Et pour toi dans la tempe le bruit sourd qui ondule
Des fièvres du péché à l'haleine des fleurs

Va-et-vient lumineux
Ressac de la fatigue
Goutte à goutte le temps creuse ta pierre nue
Poitrine ravinée par l'acier des minutes
Et la main dans le dos qui pousse à l'inconnu

p.376-377
Commenter  J’apprécie          20
La main qui guide les saisons se trompe
Et moi je tombe
Ma raison
glisse
Entre les lames sous le pont
Je vois l’autre côté du monde [Bascule, Sources du vent.]
Commenter  J’apprécie          20
JE TENAIS A TOUT
  
  
  
  
Dans les cloisons de l’air écoute un bruit de pas
Les oiseaux tournent sur ma tête
Leurs cercles ne resteront pas
Mais au fond de l’allée la porte s’est ouverte
On chante bas
Les gens qui passent
n’écoutent pas

Si vos yeux regardaient en l’air

On n’ira pas plus haut que les marches
du grenier ou du paradis
Le temps s’écaille
Dans la chambre où mon ombre a peu à peu grandi
La cloche appelle les passants
Ceux qui s’en vont et ceux qui rentrent
On voudrait ne pas entendre
Mais il faut bientôt repartir
On ne peut pas toujours dormir
Oublier l’heure qui passe
Connaître ce qui va venir
Un nom crié à toutes forces
Regarde sous tes fenêtres
Une figure inconnue qui n’a pas de corps
La rue déserte
La porte ouverte
Tous les trésors rêvés
Ma liberté aussi
Derrière moi sur le pavé
Une chaîne traîne sans bruit
Commenter  J’apprécie          10
CORTÈGE
  
  
  
  
En tête la lime qui passe le temps au sentier noir.
Les ailes d’anges. L’air vague des yeux morts suit le cortège,
et les passants regardent ce passager lointain
que les rayons emportent vers la fin.

La tristesse suivait penchée sur deux visages
et le temps était doux.
Les rues semblaient dormir,
on allait au village qui s’éloignait de nous.

Le cimetière au coin du val dans la civière.
Et le calme du ciel épuisait le courage
qui soutenait nos mains,
la tête et le chemin.
Commenter  J’apprécie          10
JOUR TRANSPARENT
  
  
  
  
La voile c’est le ciel plus bas
L’oiseau qui s’étale
Une voix qui passe
Des marches
La chasse
Tout ce qui s’en va

Immense
Intermittent
L’air bat et se rappelle
L’aile qui va tomber
Les cris qui s’amoncellent
Et le bruit sourd des pas courant sur le pavé
Plus haute que l’arbre
que la croix dépasse
l’ombre échevelée
Et sur le chemin le jour qui se casse
n’est pas achevé
Commenter  J’apprécie          10
Cran d’arrêt


Je n’espère rien du néant
Je ne garde rien de la fête
Et je n’oublie pas le présent
Auquel il faut me tenir tête

Décroche la lumière à fond
Sur cette poitrine rebelle
Plus dure que la pierre où s’épanche son sang

Je ne mens que d’un œil
Une trappe qui s’ouvre
Sur tous les espoirs interdits
Un recul plus farouche devant l’antre qui s’ouvre
Une gorge plus sourde
Au coude de la nuit
Et puis le temps et puis la lampe
Un pas qui trompe sans retour
Dans la rue plus de vie plus d’aile
Sur la route plus d’avenir
De mon cœur jusqu’au fond du monde l’étouffante
 épaisseur d’un mur
Commenter  J’apprécie          10
Arc-en-ciel


Extrait 1

Sous l’arc des nuages durcis
Au bruit des voix qui s’abandonnent
Sur les trottoirs blancs et les rails
A travers les branches du temps
J’ai regardé passer ton ombre
Seule entre les signes obscurs
Les traits de lumière mouvante
Transparente au reflet des fausses devantures
Et elle allait et elle allait

Jamais tu n’as marché si vite
Je me rappelais ta figure
Mais elle était beaucoup moins grande
Et puis j’ai regardé ailleurs
Mais pour te retrouver encore
Dans les échos du jour roulant dans ma mémoire
Commenter  J’apprécie          10
Ta main tourne à l'envers le disque du silence
Et trame la douleur qui t'attend au réveil
La mer des souvenirs
Les rêves qui s'effondrent
Les beaux soirs où s'épanouissent les aveux
Et la fin des désirs qui ont tissé nos chaînes
Fantôme de la liberté
Commenter  J’apprécie          10
Loin dans le désespoir
J'aurai le visage enfoui dans la glace
Le cœur percé des mille feux du souvenir
L'écueil de l'avenir et la mort en arrière
Et ton sourire trop léger
Une barrière
De toi à moi
Les paroles libres
Les gestes retenus
Des mains ailées qui avaient pour tout ouvrir
Alors dans la trame serrée livide se découvre
La blessure inouïe dont je voulais guérir.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (146) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}