Une culture du viol à la française

Si vous ne connaissez pas encore le blog de Crêpe Georgette (qui a écrit ce livre), je vous invite à le découvrir mais, aujourd'hui, je vais surtout vous parler de son essai sur la culture du viol, qui est absolument indispensable.

Peut-être que vous êtes en train de vous dire qu'il est impossible qu'il existe une "culture" autour d'un crime puisque tout le monde condamne le viol, qui est le fait de quelques déséquilibrés. Mais la réalité est tout autre.

Ce terme de "culture du viol" sert à expliquer "qu'il existe, dans la plupart des sociétés, des idées reçues, des préjugés au sujet du viol, des violeurs et des violées" nous dit Valérie Rey-Robert dans l'introduction. Et, tout au long de cet essai, elle va développer les raisons pour lesquelles il y a quelques spécificités en France.

Elle va parler de la réalité des violences sexuelles dans ce qu'on nomme "le pays de l'amour" et les croyances qui les entourent ("le violeur est un inconnu, un fou, un monstre", par exemple, alors que la plupart des viols et agressions sexuelles sont commis·e·s par un proche), la non-reconnaissance du crime pour les victimes, et comment la culture du viol prend part dans notre société (à travers les médias, les films, les séries, etc.).

Mais ce que j'ai trouvé particulièrement bien, c'est que l'autrice met également le doigt sur un autre problème : l'instrumentalisation qui est faite sur le viol, par l'extrême droite ou les "féministes" racistes. C'était important d'en parler, notamment après les réactions islamophobes de certaines personnes face à l'affaire Tariq Ramadan, qui jugent les musulman·e·s mais pas l'acte en lui-même.

Grâce à cet ouvrage extrêmement bien documenté, j'ai pu en apprendre plus sur la culture du viol, alors même que je suis féministe et que je lis beaucoup sur le sujet. Même si vous pensez ne pas avoir d'idées conçues, il est très compliqué de se défaire vraiment de ce que la société nous a inculquée.

J'ai eu la chance de rencontre l'autrice à la librairie La Nuit des Temps à Rennes et c'était un moment intéressant, qui donnait envie de se battre contre ces injustices. Les questions et réponses étaient pertinentes, tout comme le contenu d'Une culture du viol à la française.

Bien que ce soit parfois dense (principalement en raison des chiffres), ce livre se lit plutôt aisément, que vous soyez déjà sensibilisé·e sur le sujet ou non. C'est un essai qui me semble être indispensable, parce qu'il est temps de faire bouger les lignes.

Il est temps qu'on éradique les violences sexuelles, et pour y parvenir, il faut qu'on fasse en sorte que la culture du viol n'existe plus.
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Pour ce mois d'octobre j'avais pour objectif d'en apprendre plus sur la culture du viol. Prenons un instant pour rappeler à quoi correspond cette formulation. Selon Wikipédia : la culture du viol est un concept sociologique utilisé pour qualifier un ensemble d'attitudes et de comportements partagés au sein d'une société donnée qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol. Une idée forcément perturbante et qu'au premier abord on a seulement envie de nier. Comment supporter l'idée que notre société puisse nourrir continuellement un tel mécanisme ? Si je n'avais déjà aucun doute sur la réalité de la culture du viol en France, ni à propos de son importance, j'avoue qu'il me fallait plus de données, plus de faits et, surtout, plus de recul. Quand j'ai eu connaissance de l'ouvrage Une Culture du Viol à la Française, j'ai été enthousiaste à l'idée d'un essai qui se concentre sur mon pays. Quoi de mieux pour y trouver des pistes de réflexion et des arguments ?

Tu l'auras compris ami-lecteur, j'attendais beaucoup de l'ouvrage de madame Rey-Robert et malgré un bilan finalement assez mitigé, je n'ai pas été déçue. Mais par où commencer ? Par la difficulté que j'évoquais plus haut, une difficulté à laquelle je ne m'attendais pas. du moins pas à ce point… Mon histoire personnelle, et qui restera dans l'ombre, fait que le sujet de Une Culture du Viol à la Française me touche particulièrement. Néanmoins je supposais que ça irait. Après tout, je suis plutôt très bien documentée sur le sujet et un essai, qui présente donc des faits et des arguments, prend en général assez de recul pour que l'émotionnel ne débarque pas à tout bout de champ. Or ça a été, pour moi, une lecture violente. Il m'a fallu faire des pauses pour gérer ce que cela provoquait en moi, c'est à dire plus que la saine indignation que j'en attendais. Pourquoi t'avouer ici combien j'ai été bouleversée – au point de pleurer toussa toussa - ? Parce que si tu désires te plonger dans ce bouquin, garde cela en tête. En particulier, si tu te débats personnellement avec des traumatismes liés à une ou des agressions sexuelles…

Pourtant j'ai refusé de renoncer. J'ai persisté dans ma lecture, me ménageant de nombreuses pauses et serrant les poings et les dents régulièrement. Bien m'en a pris ami-lecteur. La démarche de madame Rey-Robert est tout à fait précise puisqu'en premier lieu elle prend le temps de définir la Culture du viol, de faire un historique du concept,… C'est bien fait et j'ai appris beaucoup de choses.

Là tu vas peut-être te demander pourquoi je parle plus haut d'un bilan mitigé. Alors… le titre sous-entend que la France sera en première ligne. Ce n'est pas complètement le cas. Bien qu'une partie de l'ouvrage soit consacré à notre pays, on y parle énormément des USA. Les particularités spécifiques de la culture du viol française sont présentées mais j'ai trouvé cela mal argumenté, les exemples un peu pauvres, le tout assez brouillon. À vouloir se montrer la plus exhaustive possible sur la culture du viol, l'auteure semble s'égarer mais comment passer à côté des définitions et de l'histoire d'un concept encore souvent mal compris ?

Pour finir, la dernière partie, qui traite des moyens de lutter contre la culture du viol, m'a semblé trop complexe pour ne pas tomber dans le superficiel, c'est un sujet qui mérite à lui seul un essai.

Cet essai reste passionnant pour comprendre ce qu'est et implique la culture du viol mais, que ce soit à cause du manque de données ou d'un travail plus universitaire de la question, le volet de la spécificité française m'a laissée sur ma faim. N'empêche que c'est un livre utile qui pose pas mal de questions intéressantes. Reste une lecture très dure qui m'a permis de mieux comprendre un concept générant une souffrance réelle dans nos sociétés…
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