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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La culture du viol est internationalement partagée, mais elle a tout de même ses petites déclinaisons. La France a les siennes qui la rendent bien particulière. Il faut dire : grivoiserie, gauloiseries et séduction, c'est notre spécialité. Et ça a son charme. Puis faut pas déconner, en France, on a la classe et on est éduqué, alors ça ne peut pas faire de mal. Enfin, pas vraiment quoi… le viol, c'est un truc de violeurs. Les violeurs sont des malades, des monstres. Ouf. Tant que nous n'avons qu'à jongler avec des artistes – de la drague notamment – et des séducteurs, y a pas de quoi s'en faire. le troussage de domestique, c'est typique. On ne va pas renoncer comme ça à nos traditions non plus !

Pour celleux qui s'insurgeraient du terme « culture », Valérie Rey-Robert explique très clairement la pertinence de son utilisation. Car il s'agit bien d'une mythologie partagée autour du viol, des croyances et des idées pré-conçues qui se transmettent de génération en génération et évoluent avec l'époque, et dont la perpétuation est une responsabilité collective. Car chacun·e participe, plus ou moins activement et consciemment, de cette culture. Il ne s'agit pas de dire que tous les hommes sont des violeurs. En revanche, tous les hommes profitent – même sans le vouloir – de ce contexte. À celleux qui voudraient brandir l'étendard du #notallmen, allez à la case lecture.

La victimisation des agresseurs, la culpabilisation des victimes – pour ne citer que ces deux phénomènes – sont légion courante. Valérie Rey-Robert, en s'appuyant sur un grand nombre d'études, tente d'expliquer et de débanaliser les processus en cours ; le tout dans une langue très simple, sans affectation, avec beaucoup de calme. Et si certaines problématiques sont mondiales, elle décortique les spécificités françaises, vernis de notre grande culture. Amour courtois, libertinage, romantisme : l'analyse est la meilleure arme ici et, si elle se généralise, peut-être permettra-t-elle de démonter certains mécanismes… Un livre qu'on voudrait mettre entre toutes les mains, histoire d'accélérer une conscientisation plus que nécessaire. Pour que cesse, aussi, la peur de parler, de devoir persuader lorsqu'on aurait seulement besoin d'être accompagné·e.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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La fluidité d'un ouvrage tout public associé à la rigueur d'un ouvrage universitaire.
Très bonne lecture, à mettre entre toutes les mains pour expliquer ce qu'est et comment se construit la culture du viol.
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J'avais beaucoup envie de découvrir ce livre. Et j'ai trouvé cela très instructif. Je l'ai trouvé un peu moins agréable à lire que “déconstruire le discours sexiste dans les médias” mais tout aussi intéressant. J'ai trouvé qu'il y avait quand même certaines répétitions qui m'ont gêné.

Ce livre ouvre les yeux sur beaucoup de problèmes de notre société.
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Valérie Rey-Robert anime depuis plusieurs années le blog Crêpe Georgette où elle analyse et combat les violences sexuelles ainsi que la domination masculine. Elle poursuit son travail dans un essai, Une culture du viol à la française: du « troussage de domestique » à « la liberté d'importuner », où elle mobilise les sciences humaines et sociales, ainsi que des analyses juridiques, pour décrypter la culture du viol.

Elle commence par revenir sur l'histoire et la définition de ce concept né dans les années 1970 dans la sphère militante et universitaire américaine, qui se popularisera au milieu des années 2010 dans les sociétés occidentales. Ainsi, la culture du viol est définie comme étant «la manière dont une société se représente le viol, les victimes de viol et les violeurs à une époque donnée. Elle se définit par un ensemble de croyances, de mythes, d'idées reçues autour de ces trois items » (p.37). L'autrice recense également tous les phénomènes qui maintiennent cette culture du viol, que ce soit l'éducation genrée, le sexisme, la misogynie, la violence sociétale ou encore la problématique du consentement sexuel dans une société régie par le patriarcat.

Elle expose ensuite la réalité des violences sexuelles en France, en reprenant les grandes enquêtes qui ont été réalisées depuis quinze années, et rappelle que toutes les générations et tous les milieux sociaux sont touchés par le phénomène, soit à peu près 580.000 femmes chaque année. Après avoir fait un rappel historique sur les évolutions juridiques concernant le viol du Moyen-Âge jusqu'à nos jours et abordé la problématique de la correctionnalisation du viol, Valérie Rey-Robert démontre que les préjugés sur les violences sexuelles dans les systèmes judiciaire et policier actuels ont un impact négatif pour la reconnaissance des victimes.

L'autrice poursuit dans une troisième partie sa réflexion sur les préjugés sur les violences sexuelles, et explique, avec des exemples médiatiques récents, qu'un imaginaire s'est développé autour des agresseurs sexuels: ils seraient principalement des rôdeurs agissant dans les espaces publics, des étrangers (affaire du Nouvel An de Cologne, Tariq Ramadan) ou des hommes de pouvoir (Dominique Strauss-Khan, Harvey Weinstein). Cela a pour effet de rendre l'agresseur, comme un autre hypothétique, une menace distante, alors que les violences sexuelles ont lieu avant tout dans la sphère privée, et les agresseurs sexuels sont majoritairement connus de leurs victimes.
Un deuxième phénomène qui entretient les préjugés sur le viol, c'est de rendre les victimes responsables, totalement ou partiellement, des violences qu'elles ont subies. « Mariées, travailleuses du sexe, belles, laides, jeunes, vieilles, vierges, actives sexuellement, le moindre élément de leur vie devient un élément à charge » analyse V. Rey-Robert (p.198).
De la même manière, les réactions possibles des victimes pendant ou après une agression (sidération, troubles dissociatifs, mémoire traumatique, etc) étant mal connues par notre société et soumises à des mauvaises interprétations, vont souvent servir à remettre en cause leur parole.

Si la culture du viol est un phénomène qui apparaît dans toutes les cultures, l'autrice se demande ensuite s'il existe une spécificité pour la France ? Pour elle, le constat est sans appel : « lorsque dans beaucoup de pays, il est possible de simplement remettre en cause les violences sexuelles, en France, cela implique de convoquer cinq cent ans de littérature, 400 auteurs classiques et mille ans de civilisation » (p.223). A titre d'exemple, les nombreuses réactions de personnalités médiatiques comme Catherine Deneuve après les mouvements #metoo et #balancetonporc, montrent la volonté d'opposer une « liberté d'importuner », une « séduction à la française » face à libération de la parole des femmes victimes de violences sexuelles.

V. Rey Robert termine son essai en donnant des pistes pour lutter contre la culture du viol, qui concernent principalement l'éducation. Selon elle, il faut s'attaquer aux stéréotypes de genre, et ce dès le plus jeune âge, en réinstaurant par exemple les ABCD de l'égalité, programme d'enseignement sur la théorie du genre abandonné en 2014 suite à des attaques de l'extrême droite. Il faut également s'atteler à déconstruire la domination masculine, en arrêtant de valoriser la virilité, d'éduquer les hommes à la frustration sexuelle, et à l'apprentissage et la reconnaissance de la sexualité féminine.

Alors que la libération de la parole des femmes est attaquée aujourd'hui après la parenthèse #metoo et #balancetonporc, l'essai de V. Rey Robert résonne comme une exhortation à continuer le combat contre la domination masculine et la culture du viol, qui empreignent plus que jamais nos rapport sociaux.
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Ce livre a été une de mes lectures féministes les plus marquantes. Ce livre traite du sujet de la culture du viol, elle peut être définie comme un ensemble de comportements et d'attitudes partagés au sein d'une société qui minimiseraient, normaliseraient voire encourageraient le viol. Ce livre présente dans un premier temps l'état des violences sexuelles en France, il analyse aussi l'importance de la justice. Dans ce livre on comprend pourquoi en France en particulier cette culture du viol est si présente, notamment à cause de la séduction. Il y a aussi des clefs dans ce livre pour lutter contre la culture du viol : notamment avec un travail dans les médias et la culture en général.
C'est une lecture difficile car elle crée une réelle prise de conscience, mais essentielle.
Lien : https://www.instagram.com/cl..
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L'essai de Valérie Rey-Robert revient sur la construction de ce qui fait la culture du viol, qui favorise ce crime.
A travers des analyses sociologiques, mise au service du féminisme, l'autrice s'attaque avec virulence au patriarcat. Impossible de ressortir indemne de ce livre !
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Très documenté, cet essai de Valérie Rey-Robert est indispensable.
Lien : http://leslecturesdejustine...
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