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EAN : 9782017101369
224 pages
Les Insolentes (16/03/2022)
4.16/5   34 notes
Résumé :

Pas besoin de vous la présenter, la téléréalité est aujourd’hui partout. Si les programmes et les participants sont souvent méprisés, il n’empêche qu’ils sont devenus un élément incontournable du paysage télévisuel en France et que leur influence se propage dans toutes les couches de notre société. Nous sommes très nombreux à regarder de la téléréalité et participants bénéficient de côtes de popularité digne de celles de stars hollywoodiennes.

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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Dans cet essai, l'autrice et militante féministe Valérie Rey Robert, amatrice à ses heures perdues de téléréalité, pose son regard critique sur ces émissions qui pullulent sur nos écrans depuis près de 20 ans (Koh Lantah, Top Chef, Les Anges de la téléréalité, Super Nanny, Reines du shopping, etc).

Suite à l'éclosion d'un #MeToo de la téléréalité en 2021 (des candidates ont dénoncé les violences sexuelles qu'elles ont subies de la part de candidats), une partie de l'opinion publique a expliqué que le sexisme dans la téléréalité était dû au manque d'instruction des candidat·es issue·es des milieux populaires.

Ce parti pris réducteur - alors que le sexisme est un phénomène qui concerne toutes les classes sociales et toutes les productions culturelles - cache en réalité les mécanismes, les choix de production, les enjeux économiques, les idéologies conservatrices qui irriguent ces programmes, et que Valérie Rey Robert s'évertue à rendre visibles.

L'autrice le rappelle d'ailleurs plusieurs fois tout au long de son analyse : c'est en toute connaissance de cause que les productions et les chaînes de télé choisissent de diffuser des contenus sexistes, qui auraient pu être coupés au montage.

«Or, tout ce que ces émissions nous disent est qu'il faut sans cesse travailler à incarner la bonne féminité – blanche, mince, valide, bourgeoise, cisgenre et hétérosexuelle -, que cette féminité est en permanente évolution […], et qu'il faut donc consacrer un temps considérable à l'apprendre, à s'y plier, puis à l'incarner pour être heureuse à la fin pour soi, mais aussi et surtout pour préserver son couple.»

Quel est l'impact du visionnage de ces émissions sur le public, et notamment les adolescent·es, qui n'ont peut-être pas la maturité nécessaire pour regarder ces programmes avec une distance critique ?

Difficile à savoir. L'autrice n'apporte pas de réponse, et il semblerait qu'il n'y ait pas d'études d'ampleur sur le sujet. En tout cas, il est certain que la téléréalité participe à défendre une organisation de la société basée sur la domination masculine, et si comme le conclut Valérie Rey Robert, on ne peut pas lui demander de devenir un programme culturel enrichissant, qu'elle arrête au moins de véhiculer des rôles sociaux rétrogrades dignes des années 50.
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Que nous en soyons consommateurs réguliers ou non, la téléréalité, depuis les vingt dernières années, envahit nos écrans au point de s'imposer comme l'un des genres télévisés majoritaires.

Amateurs ou détracteurs sont unanimement capables de citer au moins un programme ou un nom de candidat : si je vous dis Les Marseillais, ou encore Julien, Jessica, Maeva, Nabilla, vous saurez immédiatement de quoi ou de qui je parle.

Lors de sa sortie au printemps dernier, le livre de Valérie Rey-Robert a suscité beaucoup de réactions. Elle-même consommatrice de téléréalité, l'auteure analyse par le prisme du sexisme, avec une précision quasi-sociologique, comment derrière ses allures d'émission de divertissement, la téléréalité est devenue au fil des années un instrument politique au service de la construction sociale - ou plutôt, d'une conservation d'une système de pensées machistes et exclusives.

C'est à la suite du mouvement #MeToo en Juin 2021 dans le milieu de la téléréalité que l'auteure décide de se pencher sur les mécanismes du sexisme, flagrant ou insidieux, qui se dégage de ses émissions ; capitaliser sur l'origine populaire et l'acculturation des candidats et des candidates de téléréalité afin d'expliquer ce sexisme ambiant paraît en effet un peu trop facile. Ce serait nier que le sexisme existe au sein des classes socioprofessionnelles plus élevées, ce qui est loin d'être le cas.

Nous oublions bien trop souvent le rôle crucial que jouent les sociétés de production, pourtant elles sont à la base de tout ; ce sont elles qui choisissent les candidats, qui les rémunèrent, les scénarisent, sélectionnent les séquences à monter, choisissent la ligne et le ton de l'émission, et surtout, de la diffuser.

Certains des mécanismes cités par le livre et décrits par l'auteur sont évidents (nudité excessive des jeunes femmes), mais nombre d'entre eux sont insidieux et beaucoup plus discrets, et donc plus facilement ingérables par le public : l'influence des personnalités auprès des jeunes est également un filon des plus précieux pour conformer au plus vite les jeunes filles à la société blanche, conservatrice, hétérosexuelle désirée par les sociétés de productions.

La femme y est systématiquement dénigrée, perçue comme idiote, vénale, perfide ; certains propos rapportées dans le livre sont terriblement choquants. Nous y découvrons notamment que Pascal de Sutter, psychologue au sein de l'émission Mariés au premier regard, a mis au point une méthode de cunnilingus (oui, vous avez bien lu) pour satisfaire les femmes afin qu'elles n'éprouvent pas le désir de tromper leur partenaire - la finalité étant donc de rassurer l'homme sur sa virilité plus que de procurer du plaisir à sa partenaire, parce qu'une femme satisfaite sexuellement, c'est une femme qui reste.

A vomir, vous me dites ?

Oui.

Et les exemples sont encore nombreux - on apprend également que le port d'un maillot une pièce est formellement défendu sur Koh-Lanta, alors que celui-ci serait bien plus pratique. Quelle que soit l'émission, la femme est toujours soumis au regard masculin, et celui est triple : celui du producteur, celui du spectateur, celui du candidat - et parfois celui du présentateur - et la nudité reste le cheval de bataille pour l'audimat.

Moi qui pensait la téléréalité catastrophique, mon avis à ce sujet est encore plus terrible qu'avant.

Que vous dire sinon que je vous recommande mille fois ce livre, ne serait-ce que pour la prise de conscience absolument nécessaire ?

J'espère que ce long avis, un peu particulier, vous aura plu, en tout cas. Si vous avez eu l'occasion de lire le livre et envie d'en discuter, n'hésitez pas à partager votre avis en commentaire et à partager cet article si vous l'avez apprécié !

Lien : http://derivedelivres.home.b..
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L'autrice et militante féministe Valérie Rey-Robert propose ici de démontrer à quel point la téléréalité est empreinte de sexisme. Elle commence par dresser l'inventaire des différents types d'émissions de télé-réalité existantes (très nombreuses sur nos écrans) et par les catégoriser. Elle souligne l'hypersexualisation des femmes, la normativité de leur physique, l'hétérosexualité omniprésente, y compris dans Koh Lanta ! Seule compte l'apparence, il y a peu de mots par exemple sur leurs professions.

Les candidats sont souvent cantonnés à des rôles qui leur collent à la peau, les femmes étant généralement présentées plus bêtes qu'elles ne le sont. Valérie Rey-Robert rappelle aussi que le montage fait beaucoup dans le renforcement de ces clichés. Concernant les hommes participant à ces émissions, elle dresse un inquiétant bilan, celui des violences perpétrées par des candidats. Elle en vient d'ailleurs à la conclusion que les candidats de téléréalité, en 2022, adoptent des rôles sociaux tres genrés, comparables à ceux qui existaient dans les années 50 !

L'autrice montre également l'aspect transmédiatique de la téléréalité aujourd'hui : les influenceurs/euses se font connaître à la télé, poursuivent leur business sur leurs réseaux sociaux, sur YouTube, puis reviennent dans d'autres émissions, etc. Un parallèle m'a amusée, celui qui est fait avec Hélène et les garçons : tout comme dans la série, ce sont des trentenaires qui se comportent comme des adolescents. Ce qui est problématique, c'est que ces personnes et ce qu'elles véhiculent ont un impact sur un public jeune, grand consommateur de télé-réalité.

En résumé, Valérie Rey-Robert a écrit un essai passionnant, même quand on connaît peu l'univers de la téléréalité (de vie collective, notamment) ou les personnes citées. L'autrice reconnaît être elle-même consommatrice de téléréalité, mais s'amuser à la décrypter sous un angle sociologique. Ce qui m'a frappée, ce sont les récurrences d'un programme à l'autre : ce sexisme omniprésent est bien un phénomène global constaté dans toutes ces émissions. Assez inquiétant et rétrograde !
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J'ai dévoré cet essai très court mais aussi fluide et synthétique. Les mécanismes qui lient sexisme, patriarcat avec en fil rouge l'imposante machine capitaliste est développée de façon claire et facile à comprendre, pour peu qu'on possède déjà quelques clefs de compréhension sur le féminisme.
C'est une excellente introduction sur le sujet et qui donne envie de pousser un peu plus loin la réflexion.

Valérie Rey-Robert pose d'abord le cadre de ce ton on va parler et défini un peu plus précisément ce dont on parle quand il s'agit de TVR, puis fait un focus sur les programmes types les Marseillais ou ceux de coachings. J'avais déjà tâtonné sur certaines réflexions et c'est plaisant d'avoir un essai qui pose les bons mots : la télé et plus particulièrement la TVR comme bien de consommation culturelle et prescriptrice normative du couple hetero, de la construction patriarcale des relations et des divisions binaires et genrée de l'organisation sociale.

On retrouve aussi des prescriptions de classe, race et validisme à travers ces émissions qui ne montre que des idéaux blancs bourgeois et se centrent sur des les éventuelles problématiques des personnes (des femmes majoritairement)d'un point de vue individuel sans prendre en compte les facture sociétaux, médicaux ou autre. On retrouve la même logique que celle du développement personnel où le sujet serait le seul acteur de son bonheur (but ultime) sans aucune prise en compte de l'environnement.

Je regrette comme d'autres les quelques fautes de frappes et de mise en page et plus encore l'absence de d'une bibliographie.
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Petit plaisir coupable de lire un livre parlant de télé-réalité !
📔 Un essai court et dense qui aborde les différents types de télé-réalité, et le sexisme présent dans chacun d'être eux. J'ai découvert comme ça bon nombre de programmes dont je n'avais jamais entendu parler (comme « Les princes et les princesses de l'amour » !) et j'y ai lu un éclairage intéressant des émissions telles que « Les marseillais » et comment y faire du buzz au prisme du sexisme ambiant.
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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
22 août 2022
Le livre s'intéresse aux émissions de téléréalité, qui occupent une part importante des programmes et sont un reflet de la société. Ou en tout cas d'une certaine vision de la société. Des programmes que Valérie Rey Robert, auteure de La Fabrique du sexisme, a étudié pour y traquer les dérives sexistes.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
On va donc reconnaître les sentiments, pour mieux les instrumentaliser et les transformer en marchandises, ce qui explique, notamment, le succès du business du développement personnel, mais aussi, ce qui nous intéresse ici, celui des émissions de coaching.
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En effet, pendant qu'elles sont occupées à apprendre et à appliquer les règles infinies de la féminité, elles n'ont plus le temps de lutter pour leurs droits ou de réfléchir à l'injustice de leur situation.
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Le fait de relooker des femmes n'est pas nouveau. [...] L'idée n'est, somme toute, guère originale dans une société sexiste: puisque les hommes sont jugés sur l'être alors que les femmes le sont sur le paraître, il est cohérent qu'on détermine la valeur de ces dernière selon leur maîtrise des codes de la féminité, et qu'on les leur ensiegne si elles ont des lacunes en la matière.

On aurait tout à fait pu imaginer qu'une émission comme "L'amour est dans le pré", qui présente essentiellement des hommes, inclue une séquence de relooking des agriculteurs pour les périodes de loisirs et de séduction. Ce n'est pas le cas, l'émission jugeant sans doute que les qualités essentielles des candidats résident ailleurs: dans leur personnalité. Pour les femmes en revanche, le business du relooking est partout.

P. 78
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Un des avatars de la salope est la femme déchue. En 2001, dans le Loft, Loana et Jean-Edouard ont eu un rapport sexuel très médiatisé. Depuis -oui, vingt ans après -, Loana est encore sans cesse poursuivie et dénigrée pour cet acte, tandis que Jean-Edouard a vécu bien à l'abri des critiques. Pour la sociologue des médias Nathalie Nadaud-Albertini, Loana est en cela utilisée pour expier notre faute collective autour du Loft. Elle parle d'elle comme un pharmakos, c'est-à-dire la personne qu'on immole en expiation des fautes d'un autre. Nous nous haïssons d'avoir regardé une émission aussi débilitante et voyeuriste, il nous fallait donc trouver quelqu'un à haïr pour cela, et ce fut Loana. Nous suivons encore aujourd'hui avec attention sa déchéance, et, parfois, sa renaissance.
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Mais attention, car la bonne féminité n'est pas statique. On apprend avec terreur dans ces programmes que le bleu canard qu'il fallait absolument porter l'an dernier est désormais un "fashion faux pas", et que les santiags font leur retour en force. Sous couvert d'une féminité performatrice, qui doit se réinventer sans cesse, les femmes sont donc dans une situation d'inconfort et de manque de confiance permanent. Au moment où elles pensent enfin la maîtriser, on leur explique que les codes ont changé et qu'il faut tout recommencer. Allons droit au but : cette instabilité permet de les contrôler. En effet, pendant qu'elles sont occupées à apprendre et à appliquer les règles infinies de la féminité, elles n'ont plus le temps de lutter pour leurs droits ou de réfléchir à l'injustice de leur situation.
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Videos de Valérie Rey-Robert (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Rey-Robert
Valérie Rey-Robert vous présente son ouvrage "Téléréalité : la fabrique du sexisme" aux éditions Les Insolent.e.s.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2604648/valerie-rey-robert-telerealite-la-fabrique-du-sexisme
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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