AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de migdal


Avant de signer la promotion d'un officier, Napoléon s'enquerrait «Fort bien, mais a-t-il de la chance ?».

Cela condamnait le Général Dumas, ci-devant Thomas Alexandre Davy marquis de la Pailleterie, père d'Alexandre Dumas, l'auteur des « Trois mousquetaires ».

Dans « Les trois Dumas », publié en 1957, André Maurois, écrit « Le 14 vendémiaire an IV, la Convention, menacée par la Jeunesse dorée, rappela un chef (le Général Dumas) qu'elle savait honnête et sûr. Il prit le poste à l'instant même, mais arriva un jour trop tard. La Convention avait déjà été sauvée par d'autres généraux jacobins, dont un jeune homme au profil romain qui se nommait Napoléon Buonaparte. ».

Claude Ribbe précise « Dumas revêtit à la hâte son uniforme de général et se précipita chez le maître de poste de Villers-Cotterêts, Quénoble, pour faire garnir des chevaux et les atteler à la voiture qui était remisée depuis un an.
Le mauvais état de la berline causa une panne à Lévignen, à une dizaine de kilomètres de Villers. Une réparation de fortune permit de repartir. Mais un essieu rompit à la patte-d'oie de Gonesse et Dumas, qui ne pouvait imaginer l'urgence extrême de l'appel qui lui était lancé, resta sur place dans l'attente d'une réparation, ce qui l'empêcha d'arriver avant le lendemain matin.
Pendant ce temps, Laporte, ne voyant pas arriver Dumas, avait dû chercher quelqu'un d'autre. Bonaparte, en quête d'emploi, rodait du côté des Tuileries où siégeait la Convention. Laporte, qui le connaissait, le proposa à Barras. »

Et voici pourquoi et comment Bonaparte sauve la Convention et repère Dumas, potentiel rival …

Lors de la Campagne d'Egypte, Dumas s'oppose à l'ambition dictatoriale du Corse, et le quitte le 7 mars 1799 « Menacé de naufrage lors de son retour en Europe, il relâche à Tarente, où le gouvernement de Naples le retient deux ans prisonnier avec Dolomieu. Violemment maltraité durant sa captivité, il est libéré par la victoire de Marengo qui eut lieu le 14 juin 1800. Mais il en sort estropié de la jambe droite, sourd de l'oreille droite, paralysé de la joue gauche, son oeil droit est presque perdu, et il est atteint d'un ulcère à l'estomac qui, bien plus tard, lui sera fatal. » Claude Ribbe commente en annexe finale le rapport du 15 floréal an IX fait par le général de division Alexandre Dumas au gouvernement français et souligne que Dumas fut probablement empoisonné lors de son incarcération.

En septembre quand Bonaparte rentre « Les quarante-et-un jours de traversée se dérouleront sans encombre, ce qui est assez miraculeux compte tenu du nombre de vaisseaux ennemis croisant en Méditerranée. » (dixit Wikipédia)

Manifestement la chance choisit Bonaparte et délaisse Dumas qui ne fut jamais en mesure de concurrencer Bonaparte.

Ce qui ne retire rien au courage, à l'énergie, au panache du Général Dumas dont le nom est gravé sur l'Arc de Triomphe, place de l'étoile. Né de l'union d'un marquis normand et d'une esclave noire Cessette, le 25 mars 1762, c'est le premier général d'origine afro-caribéenne.

Claude Ribbe complète (et corrige) les ouvrages antérieurs (« Les trois Dumas »,1957, André Maurois) en démontrant notamment que Cessette Dumas déclarée morte vers 1772, a vécu bien au delà. Cette biographie (fort bien commentée par Talou61) penche parfois vers le panégyrique mais est passionnante et remet les soldats d'origine africaine à leur juste place dans les batailles de la première république.

Etayée sur des archives inédites, c'est un livre qui ne sombre pas dans les dérives de la culture woke et de l'afrocentrisme de Martin Bernal ou Cheikh Anta Diop. L'auteur, comme Anatole France, proclame c'est « le plus grand des Dumas », sa vie est « un chef d'oeuvre auquel il n'y a rien à comparer ».

L'autre intérêt de ce livre est de nous présenter Piston, Espagne et Beaumont, les compagnons du Général Dumas, qui ont inspiré « Les trois mousquetaires ».

Le comte Jean-Louis Brigitte Espagne est tué le 21 mai 1809 à Essling (la veille de la mort de Lannes) ; son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe.
Le baron Louis Chrétien Carrière de Beaumont meurt, après la retraite de Russie, le 16 décembre 1813 ; son nom est aussi sur l'Arc de Triomphe.
Le baron Joseph Piston s'éteint misanthrope à Lyon en 1831 et est totalement oublié.

« En mai 1844, après la mort de sa mère, Alexandre Dumas, devenu un écrivain à succès, se retira à Saint-Germain-en-Laye, où son père avait vécu, pour y terminer Les Trois Mousquetaires, un roman qui lui vaudrait, deux siècles après sa mort, d'entrer au Panthéon.

Pendant longtemps, nul ne verrait le moindre rapport entre cette oeuvre et le général Dumas, qui se repose de ses campagnes auprès de son épouse à Villers-Cotterêts, là où ils se connurent quand il était dragon. »
Commenter  J’apprécie          863



Ont apprécié cette critique (86)voir plus




{* *}