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Citations sur Les chroniques des vampires, tome 7 : Merrick (10)

- […] Bats-toi contre ce fantôme. Il n’a pas plus de droits sur toi que n’importe quel autre esprit. La vie appartient aux vivants, Merrick, et elle mérite plus de respect que la mort.
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— C’était dans une ruelle écartée assez dangereuse. J’ai cru qu’elle voulait mourir. Elle se promenait seule, alors qu’il faisait nuit noire, et quand elle a entendu mes pas derrière elle — je les rendais volontairement audibles — elle n’a même pas jeté un coup d’œil pardessus son épaule ni accéléré. Quelle imprudence, et quel comportement inhabituel pour une femme. Je l’ai crue fatiguée de vivre.
— Je comprends.
— Mais quand je me suis approché, elle m’a jeté un regard étincelant, et elle m’a envoyé un avertissement que j’ai perçu aussi clairement qu’une véritable voix : « Si tu oses me toucher, je le détruirai. » C’est la meilleure traduction que je puisse te donner — elle pensait en français. Elle a marmonné des malédictions, des noms, je ne sais pas au juste ce que ça voulait dire. Je ne me suis pas éloigné par peur, c’est juste que je n’ai pas voulu lui lancer un défi. La soif m’avait poussé vers elle parce que je m’étais imaginé qu’elle voulait mourir.
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Je passai voir le réceptionniste et lui glissait un billet, ce qui me valut la certitude qu’elle ne serait pas dérangée, aussi longtemps qu’elle occuperait les lieux, et qu’on lui fournirait tout ce qu’elle désirerait.
Je décidai alors de gagner à pied l’appartement de la rue Royale.
Toutefois, avant de quitter le hall de l’hôtel, animé et bien éclairé, j’eus la surprise d’éprouver un léger étourdissement, accompagné de l’étrange sensation que tout le monde me regardait — d’une manière qui n’avait rien d’amical.
Je m’immobilisai aussitôt, la main dans la poche, comme si j’avais marqué une pause pour prendre une cigarette, et parcourus les alentours d’un coup d’œil.
Ni le hall ni la foule n’avaient quoi que ce fût d’inhabituel. Pourtant, alors que je quittais les lieux, la même sensation s’empara à nouveau de moi : il me semblait que les gens dans l’allée m’examinaient, qu’ils avaient percé à jour mon déguisement de mortel — chose difficile — qu’ils savaient ce que j’étais et quelles horreurs je méditais.
J’examinai une fois encore les environs. Il ne se produisait rien de tel. Les grooms me souriaient même avec une certaine cordialité quand nos regards se croisaient.
Je partis donc pour la rue Royale.
La sensation se répéta une troisième fois. En fait, il me semblait non seulement que l’attention générale se concentrait sur moi, mais aussi que les gens s’étaient mis aux portes et aux vitrines des magasins et restaurants rien que pour me suivre du regard ; quant à l’impression de vertige, que je connaissais rarement sinon jamais en tant que vampire, elle augmentait.
Extrêmement mal à l’aise, je m’interrogeais. Se pouvait-il que mon intimité avec une mortelle eût provoqué ces réactions ? Jamais encore je ne m’étais senti aussi vulnérable.
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La jeune femme sirotait son rhum, le promenant un peu dans sa bouche avant de l’avaler, mais je ne m’y trompais pas. Bientôt, elle se remettrait à boire vite. Posant son verre, elle écarta les doigts sur le marbre sale. Des bagues. Les nombreux bijoux de la Grande Nananne, en beau filigrane d’or orné de pierres splendides. Elle les avait portées jusque dans la jungle, ce qui, à mon avis, manquait terriblement de sagesse. Jamais elle n’avait eu peur de rien.
Je l’évoquai durant les nuits tropicales brûlantes ; les heures bouillantes sous la haute voûte de verdure ; la lente progression dans les ténèbres d’un temple antique ; grimpant devant moi, enveloppée de la vapeur et du rugissement d’une chute d’eau.
J’avais été bien trop vieux pour cette grande aventure secrète. J’évoquai des objets précieux faits d’un jade aussi vert que ses yeux.
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Je ne tenais aucun compte de ce qui ressemblait à des avances, persuadé, sans doute à raison, que son désir était au moins en partie le fruit de mon imagination. De plus, j’étais vieux, et cela se voyait ; c’est une chose lorsqu’on est jeune que de croire désirer un vieillard, c’en est une autre que de réellement mener les choses à leur terme. Qu’avais-je à offrir, sinon une foule d’inévitables petits handicaps physiques ? Je ne rêvais pas alors de Voleurs de Corps qui me légueraient une enveloppe de jeune homme.
Je dois d’ailleurs avouer que, des années plus tard, en me retrouvant dans ce corps superbe, je pensai à mon ancien protégée. Oh oui, je pensais à elle. Mais j’étais alors amoureux d’une créature surnaturelle, notre inimitable Lestat, qui me rendait aveugle même au souvenir des charmes de Merrick.
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La tranquille assurance de Merrick me glaçait : elle m’avait touché sans la moindre peur, ma nature vampirique ne lui répugnait en rien, mais je me rappelais bien l’attirance qu’avait exercée sur moi Lestat, dans toute sa gloire blême. L’attirais-je, elle ? La fatale fascination était-elle déjà là ?
Elle prenait soin de dissimuler à demi ses pensées, ainsi qu’elle l’avait toujours fait.
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Elle ne chercha ni à discuter ni à m’interroger. Soudain, ses yeux étincelaient de compassion, tandis que son masque tombait. J’avais souvent vu en elle ces brusques changements. Elle dissimulait ses émotions, excepté en ces moments silencieux mais éloquents.
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Il pleuvait lorsque nous atteignîmes la maison mère, notre voiture avança dans la longue allée bordée de chênes immenses qui menait de la route du fleuve à la gigantesque double porte. Que ce monde était donc vert, malgré l’obscurité, avec les branches tordues plongées dans les hautes herbes. Sans doute les longs pans gris de mousse espagnole touchaient-ils le toit du véhicule.
L’orage avait provoqué une coupure de courant, m’avait-on informé.
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Aussitôt partis, nous nous abandonnâmes à des étreintes passionnées. Le parfum préféré de Merrick, du Chanel n° 22, m’enchantait, me transportait des années en arrière ; pourtant, l’odeur de sang qui émanait de ses veines restait l’aiguillon le plus puissant.
Mes désirs mêlés m’infligeaient une véritable torture. Lorsque nous atteignîmes la rue Decateur, quelques minutes seulement après avoir quitté le café, je savais qu’il nous fallait un taxi. Une fois dans la voiture, je me laissai aller à baiser le visage et la gorge de Merrick, me grisant de la fragance du sang qui courait en elle et de la chaleur de sa poitrine.
Elle-même, le point de non-retour dépassé, me pressait par des murmures discrets de lui révéler s’il m’était possible de lui faire l’amour tel un homme ordinaire. Je lui appris que cela ne serait pas, qu’elle devait se rappeler, ivre comme sobre, que j’étais par nature un prédateur, rien de plus.
« Rien de plus ? répéta-elle, interrompant notre magnifique jeu amoureux pour boire goulûment à sa bouteille. Et ce que nous avons fait dans la jungle du Guatemala ? Réponds, David. Tu n’as pas oublié… La tente, le village, tu te rappelles. Ne me raconte pas d’histoires. Je sais ce qu’il y a en toi. Je veux savoir ce que tu es devenu.
— Chut, Merrick, protestai-je. (Mais, incapable de me contenir, je laissais mes crocs la toucher à chaque baiser. Je luttai pour ajouter : ) Ce que nous avons fait dans la jungle du Guatemala était péché mortel. »
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Je pivotai. Le ciel était bleu — il l’est souvent le soir, dans le Sud —, semé de pâles étoiles. Des conversations amusées et des rires joyeux résonnaient de toutes parts. Telle était la réalité des choses : une douce nuit de printemps à La Nouvelle-Orléans, où les trottoirs dallés semblaient doux sous le pied et le moindre son doux à l’oreille.
Mais voilà que me revenait l’impression d’être le centre de l’attention générale. Le couple traversant au coin de la rue me regardait, cela ne faisait aucun doute. Puis j’aperçus Merrick au loin, parmi les noctambules, arborant cette fois une expression vraiment déplaisante, semblant se réjouir de mon malaise.
J’aspirai à fond tandis que l’apparition s’évanouissait.
« Comment arrive-t-elle à obtenir un effet pareil ? Voilà la question, murmurai-je. Et pourquoi ? »
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