Entretien avec une vamp' tome 1 : l'interrogatoire d'Onee. (âmes sensibles, lire en fermant un oeil)
Pierre & Nicolas * (videurs Babelio) : Onee, ces derniers temps, une bande de noctambules vampirise les commentaires sous les critiques et citations, mettant en péril la santé mentale et les déambulations paisibles des babélionautes, que nous avons pour mission de préserver. Savez-vous ce qui se passe ?
Onee : C'est de ma faute, les garçons. Je ne supportais plus cette solitude qu'impose ma condition. Bien sûr, au début, j'ai lutté contre l'idée, j'ai résisté à cet appel, j'ai ignoré cette pulsion indécente et lancinante, cette possibilité aussi égoïste qu'ignoble - à la fois pour mes complices (qui sont désormais condamnés aux mêmes errances que moi), mais aussi pour le reste des lecteurs de babelio (qui vivent dans la peur que nous frappions, chaque nuit, dans leur sommeil).
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Alors, que s'est-il passé ?
Onee : Pardonnez-moi, mon Pierre, mais j'ai mordu. **
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Pardon ?
Onee : Mordu. Sachka, en premier. Ma petite ménechme. Si blonde, si tendre ; si innocente. La perdre chaque soir, tout d'abord, lorsqu'elle allait se coucher tandis que j'étais condamnée à errer seule, parmi ses commentaires refroidis… Ne plus la croiser le matin, quand la lumière du jour brûlait mes rétines et ma peau blanche de lèpre***. Et puis cette faim, à peine sortie de mon cercueil, cette faim qui me torture et m'affaiblit, cette faim de contact et cette soif de vie… Ce n'était plus supportable ! Ça ne pouvait plus durer. Les chats débiles de mon jardin ne me suffisaient plus.
Alors, j'ai approché Sachka dans son sommeil. Monsieur Sachka était absent pour la nuit, elle me l'avait dit. J'ai senti son parfum, la caresse de ses cheveux ; le rythme de sa respiration.
Je fermais à peine les yeux que mes canines frôlaient déjà son cou, offert par la douceur du sommeil. Comme je l'enviais, si belle et sereine… Mais comme je lui en voulais aussi ! La haïssais de vivre ça alors que moi, moi j'avais faim ! Et soif ! Et j'étais seule, sans personne pour apaiser mes souffrances ! Avant d'en prendre conscience, en un mouvement rageur et passionné, remplie d'envie et de colère, mes crocs ont transpercé sa peau, légèrement résistante ; si peu. Elle ne m'a pas résisté, ne s'est pas débattue. Elle a ouvert un oeil et geint « qu'est-ce que… ? », avant d'ouvrir grand ses jolis yeux, dans un silence de plomb. Puis elle m'a reconnue, sous mes traits déformés par l'envie ; et a tendu un peu son cou, s'offrant parfaitement, consentante… à sa mort nouvelle, à sa nouvelle vie. Et je l'ai bue, et bue, encore et encore, me forçant à m'arrêter avant qu'elle n'en meure… parce qu'alors elle me tuerait. Boire le sang d'une morte serait fatal.
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Bon… sang (heu… hum bref) ! On n'a pas besoin de la recette, merci bien.
Onee : Complètement ivre et titubante, ma tête tournant, je me suis forcée à la lâcher, à contrôler mes tremblements, mon égarement. Vite, reprendre mes esprits avant qu'elle ne meure. Réveille-toi petite ménechme, regarde moi, lui ai-je dit en mordant mon propre poignet : Bois. BOIS ! Ne meure pas, bois : nourris-toi de moi, revis de mon sang, fais couler nos deux sangs mêlés dans tes veines. Et soyons ainsi unies… pour l'éternité. Sais-tu ce que signifie éternité, petite ménechme ? Ça veut dire que toi et moi ne serons plus jamais seule. Non-pas unies jusqu'à la mort, mais unies dans la mort, pour toute la vie.
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : D'accord. Vous n'êtes pas vraiment sérieuse, n'est-ce pas ? C'est Halloween, vous vous êtes dit « Tiens, on va faire une bonne blague à ces bons vieux videurs de Babelio ; Si je leur disais qu'une bande de lecteurs zombies est en train de coloniser ses pages ? » !
Onee : Vous ne comprenez pas. Vous ne m'écoutez pas ! Demandez à Sylvie, la « fille » de Sachka, qui l'a transformée ! Ce fut la suivante. Et à Cascasimir - lui, c'est l'oeuvre de Sylvie. Et à Laurent3375, qui voulait une deuxième vie pour lire tous ses livres, et à DavidG75 ! Et même à Leser, tiens, demandez-lui !! Lui ce fut plus compliqué, il nous a résisté au début. Mais on ne l'a pas forcé. On ne force personne, c'est notre seule limite. Nous les engendrons s'ils y consentent. Ce sont nos enfants et nos amants****. Nos compagnons d'éternité.
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Mais mais bonté div… Mais zut à la fin, pourquoi est-ce que vous auriez fait une chose pareille ? Pour le plaisir de tuer toujours plus de lecteurs ? Est-ce une sorte de métaphore, voulez-vous… Tuer la littérature, pendant que vous y êtes ?
Onee : Au contraire ! Nous voulons la faire vivre ! Eternellement, à travers nous ! de jour, comme de nuit, nous parcourons vos pages. Avec nous, les histoires et citations prennent vie. Et puis surtout… Si on se gorge de ses vies de romans, c'est pour éviter de prendre celles de vos autres lecteurs. Plaisanter nous nourrit, on se sent moins seuls, et pendant ce temps nous n'errons pas dans la nuit à la recherche de nouvelles victimes à tuer.
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Donc, si on vous suit bien, vous êtes en train de nous dire que la nouba, chaque soir, sous vos écrits respectifs, les retrouvailles pleines de gouailles, les vannes, les jeux de mots, les piques, et même les fessées (si, les fessées, vamp'Onee, dois-je vous montrer la pièce n°1, la capture d'écran de vos (d)ébats virtuels sous la critique de Sylvie - Comme une Ombre ?), même les fessées, donc, disais-je, tout ça c'est inoffensif, et est même d'utilité publique ? Pas d'autodafés de livres ou d'avis, vous ne vouliez pas saccager Babelio avec vos âneries (et là, nous pensons à la critique de Fertiti65, Voyage avec un âne dans les Cévennes, à votre critique des buveurs de vent ou encore à certaines citations que vous avez publiées récemment !!), vous n'êtes pas des créatures sataniques ?
Onee : Bien sûr que non, tout cela est bon enfant, et n'a pour seul but que de faire vivre cette magnifique communauté par la diversité des échanges qu'elle crée.
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) : Et vous sévissez en bande organisée de plus de six pers… pardon de six lecteurs vampirisés en pleine interdiction sanitaire pour coronatruc, parce que…?
Onee : Pour ne plus être seuls, nom d'une chauve-souris !! C'est la solitude qui nous tue tous ! C'est pour cette raison que nous sommes si peu sur terre, parce que très peu survivent à l'éternité ! Quelle ironie, n'est-ce pas ? Mais quel plaisir croyez-vous que nous trouvions à cette mort à vie, si l'on ne peut rien partager ? On finit tous par perdre notre âme, à force de voler celle des autres. Nous devenons très vite l'ombre de nous-même. Et ce détachement finit par nous tuer. Encore. Alors nous sévissons en bande pour ne plus être seuls. Et nous nous gorgeons des vies humaines que nous trouvons dans les livres parce qu'elles nous nourrissent, elles aussi !
D'ailleurs merci pour ça, Pierre & Nicolas (videurs Babelio). Merci de nous permettre de nous retrouver autour des livres. Vous êtes nos saigneurs et maîtres. Nico et Pierre, qui êtes osseux, que vos noms soient … sangctifiés*****, que v…
Pierre & Nicolas (videurs Babelio) - levant les yeux au… ciel : C'est ça. Avant de nous quitter, il faut que vous sachiez qu'Anne RICE a racheté les droits de cet interrogatoire pour le publier sous forme d'interview sur notre site. J'espère que la honte ne peut pas tuer les vampires, sinon un paquet de poussière va enrayer nos serveurs. Maintenant signez ici :
𝕺𝖓𝖊𝖊-𝕮𝖍𝖆𝖓 ******
REMERCIEMENTS :
*Merci aux gentils fantômes de Babelio dont j'ai pris les prénoms dans les courriels que je reçois…!
** A la fin de cette lecture, le jeu continue chez Sachka… vous serez vite mordus, vous aussi !
*** Lisez les citations postées par Sachka, s'il vous reste du temps avant le levé du soleil…
**** Malgré les références à des personnages existants ou ayant existé, ceci est une pure fiction s'inspirant du roman original, merci de ne pas tomber dans les polémiques récentes sur la non-fiction…!!
***** Sachka a de plus jolies prières, elle a un vrai don demandez-lui, vous allez adorer.
****** Merci à David pour son aide calligraphique, à qui je lègue mon cercueil en remerciement. Il pourra y ranger son ail, il adore ça.
Et pour les mordus qui souhaitent lire un vrai avis, je vous invite à dévoiler le texte masqué ci dessous. ATTENTION, ne le faites que si vous avez l'éternité devant vous - vous êtes prévenus !
Lu avec Sacha pour Halloween, ce roman explore l'âme de créatures que l'on pourrait penser sans âme, puisqu'elles tuent, et avec plaisir, des vies humaines pour se nourrir.
Par son interview, Louis, Vampire de la Louisiane, nous rappelle qu'avant sa transformation, il était humain. Bien sûr, avoir l'éternité devant soi change l'âme humaine. le vampire devient cette créature sanguinaire qui se nourrit de vie humaine comme nous nous nourrissons de vie animale.
Pour autant, la transformation annihile-t-elle toute conscience humaine, ou reste-t-il quelque chose de l'humain que vous étiez auparavant ? Car, si c'est le cas, comment votre conscience humaine, votre âme, peut-elle bien s'habituer aux actes que sa nouvelle nature lui commande, tandis que son ancienne nature humaine les condamne ?
C'est tout le problème de Louis, qui n'arrive pas à habiter totalement son nouveau lui-même. Se nourrir de l'un de ses semblables lui semble condamnable… Sauf que les humains, désormais, ne sont plus ses semblables. Et c'est à ce détachement salutaire que Louis ne parvient pas.
Alors comment font les autres ? Et d'ailleurs où sont-ils ? Ce sera la quête… éternelle de Louis.
« - j'avais 25 ans lorsque je suis devenu vampire, c'était en l'an 1791. (…)
Comment est-ce arrivé ?
Je pourrais répondre très simplement à cette question, mais je crois que ce n'est pas ce que je veux, une réponse simple, dit le vampire. Je voudrais vous raconter l'histoire dans toute sa vérité… »
Louis démonte les idées reçues (rangez vos ails et crucifix, leur efficacité ne serait que légende…), et dévoile, de la Louisiane du 18ème siècle jusqu'à Paris aujourd'hui, la vie intime des vampires : le déroulement de la transformation, ses ressentis, ses questionnements et la découverte de sa nouvelle… vie ? après la mort. Car s'il a souhaité cet état de mort-vivant, au départ, il n'en connaissait pas encore le prix.
Louis, torturé par son nouveau statut, nous livre les questions intimes qu'il se pose. Très vite, on se rend compte que celles-ci sous-tendent toujours des questions plus philosophiques pour nous, humains.
Il est d'abord question de solitude, puisque peu de spécimens sont éternels… : Si la solitude tue beaucoup d'humains, qu'en est-il pour les vampires ? Louis a d'ailleurs été « engendré » par Lestat uniquement parce que ce vampire avait besoin de compagnie.
Il est ensuite question d'amour, d'affection et d'attachement, puisqu'il s'agit du premier remède à la solitude : Louis n'est-il plus qu'un tueur sanguinaire ou peut-il ressentir de l'amour et de la passion pour quelqu'un - mortel ou vampire ? Ou bien donner la mort est-il l'acte conférant la jouissance suprême (on y reviendra plus bas) ?
D'une manière plus générale, le vampire peut-il ressentir des sentiments tels que l'empathie ?
« Tue-les rapidement si tu préfères, mais tue-les ! Apprends à être un tueur, à la fin ! » lui enjoindra son « père ». Comme les humains, les vampires semblent inégaux sur ce point, et c'est tout le problème de Louis.
Comment tuer des gens pour se nourrir si l'on ressent cette empathie ? Et pourquoi ce cas de conscience, si c'est censé être sa nature ?
Mais les vampires ont-ils encore une conscience ? Ou bien sont-ils des damnés, des créatures de l'enfer destiné à faire le mal et à vivre dans le malheur…?
Lestat, lui, semble avoir atteint le détachement nécessaire à sa vie après la mort. Mais, pour autant, est-il heureux ?
La quête de Louis l'amène alors à une question physiologique : Peut-il se nourrir autrement qu'en tuant des gens ? Et si des animaux suffisent, pourquoi tant de vampires se nourrissent-ils d'humains ? Est-ce que c'est physiologiquement mieux, ou est-on entourés de criminels qui tuent par plaisir ? le vampire devient-il automatiquement une créature sanguinaire ou est-ce que cela dépend de sa personnalité humaine ? Pourquoi cela semble inné chez certains comme son mentor, alors que ce lâcher prise est difficile pour d'autres comme Louis ?
Pour répondre à toutes ces questions, Anne Rice déroule la mort-vivante de Louis (puis d'autres vampires après lui, dans les tomes suivants) qui s'avère plus attachant que prévu. Avec son mentor, à l'opposé bien inhumain, ils forment un duo qui interroge la nature et le comportement des vampires. Comme un dialogue entre l'ange et le démon d'une même conscience pour essayer de voir au-delà des apparences, et de comprendre la nature du vampire.
Et Louis en a besoin. Parce qu'à rester entre deux eaux, ni humain ni totalement vampire, il devient la faible cible des deux camps. Un vampire peut-il mourir une seconde fois ? Et comment ?
Voici l'histoire d'un homme devenu vampire, tiraillé entre ses deux natures : l'ancienne qu'il ne peut plus atteindre, et la nouvelle qu'il ne parvient pas à habiter totalement.
Un homme tiraillé entre ses pulsions naturelles et sa conscience : Paradoxalement, que peut-il y avoir de plus humain que cette histoire ?
D'ailleurs, parler de pulsion ici n'est pas totalement dénué de sens. Car pour nos vampires, la mort et l'amour semblent très proches.
« Tu seras comblé, Louis, car tu es fais pour cela, pour te remplir de toute la vie dont tu peux te gorger. Et une fois cette sensation disparue, tu éprouveras de nouveau cette faim, encore, et encore, et encore. (…) Et avec la même sensibilité que tu chéris tant, tu verras la mort dans toute sa beauté, la vie telle qu'elle ne peut être perçue qu'au seuil de la mort. »
Est-ce l'amour de la mort, ou est-ce que la mort remplace l'acte d'amour ? Plus Louis se laisse tenter, plus les descriptions de cet acte d'a-mort sont charnelles, sensuelles. D'ailleurs au tout départ du livre, à la question de savoir ce que peut bien ressentir un vampire à ce moment-là, il répond qu'il ne peut l'expliquer à un mortel - tout comme il ne pourrait expliquer ce qu'on ressent pendant l'amour à quelqu'un qui ne l'a jamais vécu.
« Tu la veux, Louis. Tu ne comprends donc pas qu'une fois que tu l'auras prise, tu pourras prendre qui bon te semble ? Tu la voulais hier soir mais tu as faibli, c'est pour cela qu'elle n'est pas morte. » (…) Je me rappelais l'extase qui m'avait transporté quand j'avais pressé son corps contre moi et senti son petit coeur battre à tout rompre. (…) Je ne voulais pas sa mort, je la voulais, elle ; plus je la regardais, plus je savourais le parfum de sa peau et imaginais mon bras glisser sous son dos pour la soulever jusqu'à moi, goûtant son cou tendre. Tendre, voilà ce qu'elle était, si tendre. »
« La mort amoureuse ». Et cet amour est aussi confus qu'il est multiple : il oscille entre affection, sexualité et paternalisme. Parfois, l'acte d'a-mort rappelle ces parents qui répètent passionnément vouloir manger tout cru leur enfant…
D'ailleurs, le premier humain que Louis est parvenu à boire, après 4 années à se contenter d'animaux, est une petite fille… La plus pure des créatures pour se nourrir, comme si une enfant se rendrait moins compte de la vie qu'on lui ôtait et le culpabiliserait moins… A moins que ce ne soit cette vie innocente qu'il ait eu envie de sentir battre de nouveau à l'intérieur de lui, qui se sentait si souillé. Car vous l'aurez compris, pour Louis la vie éternelle n'est pas vraiment un cadeau.
Ainsi sur une pulsion, comme ces parents qui veulent manger leur enfant, Louis boit littéralement Claudia… sans la tuer. Mais cet acte d'amour sera sa mise à-mort, lorsque son mentor la transformera, offrant à Louis sa « fille », pour qu'il se sente aimé. Un enfant pour une raison de vivre…? Encore une problématique bien humaine.
Quant à cet amour, du fait de la nature de vampire, il ne peut être que multiple : lié à la mort et à la solitude de l'esprit, autant qu'à la vie et à la volupté de la chair. « A l'aube elle se couchait avec moi, son coeur battant contre le mien, et souvent quand je la contemplais, je repensais à cette expérience singulière que je partageais avec elle et elle seule, me souvenant que je l'avais tuée, lui avait ôté la vie que j'avais bue en même temps que son sang, dans cette étreinte fatale dont j'avais gratifié tant d'autres personnes qui pourrissaient à présent dans la terre humide. Mais elle, elle était vivante, et elle passait ses bras autour de mon cou (…). Père et fille. Amant et amante. »
Et comment pourrait-il en être autrement quand son corps, qui demeure celui d'une petite fille, sera quelques années plus tard habité par une âme et des manières de femme….
« Cet amour m'avait réchauffé, moi qui me haïssait tant moi-même, il m'avait permis d'exister. »
Pour autant, pas sûr que l'esprit adulte de Claudia apprécie longtemps d'être coincé dans un corps d'enfant… Accentuant encore, à terme, le sentiment de solitude de chacun.
« Pouvez-vous vous représenter cette splendide vie de famille, les lumières tamisées, le père vampire qui chante pour endormir sa fille vampire ? Seule la poupée avait un visage humain, seule la poupée ».
Au total, parmi des tas d'autres réflexions, l'auteure nous offre un roman sur le besoin d'Amour : homme, femme, enfant, tout cela n'a plus vraiment d'importance lorsqu'on est vampire. Car devant l'éternité, l'important est de parvenir… à ne plus se sentir seul au monde. Trouver non pas le partenaire, quel qu'il soit, sur qui on pourra compter toute une vie… Mais bien éternellement. Pourtant, comment trouver son âme soeur… lorsqu'on n'a plus d'âme ? Là est tout le paradoxe de cette forme de vie après la mort. Une petite mort éternelle.
« Il ne s'agissait pas d'un attrait physique, vous comprenez. Je ne parle pas du tout de ce genre d'attachement, même si cela ne m'aurait pas déplu d'avoir des relations intimes avec Armand, qui était si beau et simple. Pour un vampire, l'amour physique ne peut culminer et trouver satisfaction que dans le meurtre. Non, je parle d'un autre genre d'amour, un amour qui m'attirait à lui de façon irrésistible ».
S'il ne détestait pas autant sa condition, Louis engendrerait d'autres vampires uniquement pour se sentir moins seul… Mais ces « enfants » tueraient d'autres humains. Et se sentiraient aussi seuls que lui. Pourquoi « faire des enfants » (comprendre : transformer des humains) égoïstement dans ces conditions ? Louis est déjà assez torturé.
« - S'il te plait, Claudia. Soulage-moi. Dis-moi que tu ne me parleras plus jamais d'engendrer des vampires.
- Je ne veux pas d'orphelins comme nous ! s'est-elle écriée ».
Pour tenter d'accéder au détachement qui leur manque et comprendre leur nouvelle nature, en quête d'un véritable sens à leur nouvelle existence, Louis partira à la recherche de ses semblables, de Europe de l'Est, patrie des vampires de légende, jusqu'à Paris. Et lorsqu'il finira par en trouver, il apprendra que, si tuer des humains n'est pas un crime pour l'espèce des vampires, tuer l'un des siens en est un.
La vie éternelle a un prix : celui de la vie. Car pour Louis, « La vie dans la mort, quelle monstruosité ».
« Nous finissons tous par reposer dans un cercueil, au bout du compte », dit le vampire qui dort chaque jour dedans, à sa victime qui ne veut pas mourir…
Commenter  J’apprécie         5458