Une si triste situation a comme resserré dans lui-même la vivacité de ses esprits, et leur a fait tourner leur pointe contre son propre repos; sans compter qu’une prospérité extraordinaire ne fait qu’ajouter à son impatience : car ceux, je m’imagine, qui ont le plus de ces biens terrestres en partage, doivent regretter qu’il y en ait quelqu’un qui leur manque.
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Je commence par un aveu qui doit faire quelque honneur à ma bonne foi, quand il pourrait en faire moins à mon discernement.
P18 Introduction, première phrase
Tous ceux qui apprendront mon histoire en tireront ces instructions : que les yeux sont des traîtres auxquels on ne doit jamais se fier ; que la figure est trompeuse ; en d’autres termes, que la beauté du corps et celle de l’âme se trouvent rarement unies ; enfin que les bons principes et la droiture du cœur sont les seules bases sur lesquelles on puisse fonder l’espérance d’une vie heureuse.
Lettre 181 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
Le poète a dit « que la vertu n’est qu’un rôle de théâtre, et que celui qui paraît vertueux montre moins son naturel que son art ».
Lettre 31 : M. Lovelace à M. Belford.
L’amour, considéré en arrière, doit paraître une grande folie, lorsqu’il a conduit à la pauvreté des personnes nées pour l’abondance, et qu’il a réduit des âmes généreuses à la dure nécessité de l’obligation et de la dépendance.
Lettre 28 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
Au fond, toutes les femmes sont poltronnes, et ne se livrent à leur emportement que lorsqu’elles le peuvent sans danger.
Lettre 265 : M. Lovelace à M. MacDonald.
Tout ce qui me revient de mes profonds complots est la honte de les voir
découverts ; le regret de m’être inutilement chargé d’une infinité de nouveaux parjures ; le désespoir d’être méprisé par une femme dont je suis idolâtre ; et, ce qui est bien plus insupportable pour un cœur fier, celui de l’être par moi-même. C’est le succès, Belford, dans tous les événements humains, c’est le succès qui justifie. Quelle admiration n’ai-je pas eu jusqu’aujourd’hui pour mes inventions ! et combien me suis-je applaudi, surtout de la dernière ! Elle me paraît à présent si folle, si puérile, que j’en suis avili à mes propres yeux. Efface, brûle, garde-toi de lire jamais toutes les parties de mes lettres où je m’en suis ridiculement vanté ; et n’aie jamais la cruauté de m’en faire de mauvaises plaisanteries, car je te déclare que je ne les pourrais pas supporter.
Lettre 259 : M. Lovelace à M. Belford.
Nous sommes plus singes que nous ne le croyons, par le penchant qui nous porte à suivre l’exemple d’autrui.
Lettre 207 : M. Lovelace à M. Belford.
Les petits mots dans la république des lettres, comme les petits hommes dans une nation, sont quelquefois ceux qui signifient le plus.
Lettre 202 : M. Lovelace à M. Belford.
J’avais néanmoins peu de goût pour les tragédies, quoique je n’ignorasse pas qu’elle les aimait, à cause de l’instruction et des bons exemples qu’on y trouve presque toujours.
[…] le monde offrait d’assez grands sujets de tristesse, sans qu’il fût besoin d’emprunter les douleurs d’autrui et de s’en faire un amusement. […] je crois qu’en général, tout ce qu’il y a de gens de notre espèce pensent là-dessus comme moi. Ils n’aiment point d’autres tragédies que celles où ils font eux-mêmes les rôles de tyrans et d’exécuteurs. Ils ne veulent pas s’exposer à des réflexions trop sérieuses. Ils courent aux pièces comiques pour rire des chagrins qu’ils ont causés, et pour y trouver des exemples qui ressemblent à leurs propres moeurs : car nous avons peu de comédies qui en offrent de bons.
Lettre 188 : M. Lovelace à M. Belford.