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(31/12/1833)
3.95/5   19 notes
Résumé :
Clarissa Harlowe est une jeune fille extrêmement belle et vertueuse, dont la famille, devenue très riche au cours des dernières années, est maintenant désireuse d'entrer dans l'aristocratie en acquérant des biens et des titres au moyen d'alliances profitables ...
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quelle ne fut pas ma stupeur, mon aigreur, ma déception, moi qui suis une fervente admiratrice des Liaisons dangereuses, lorsqu'en lisant ce livre je constatai que Pierre Choderlos de Laclos n'avait fait que repomper, oui vulgairement repomper, la matière première de son ouvrage, ici, chez Samuel Richardson.

" Clarissa, or, the History of a Young Lady " est le plus long roman de langue anglaise jamais écrit. Peu s'en faut sans doute pour qu'il soit également l'un des plus grands, toutes époques confondues, tant l'auteur est passé près du chef-d'oeuvre absolu.

J'ai pleinement conscience que l'éloge adressé ici à Richardson n'est pas mince, mais dans cette matière, des plus illustres que moi n'ont pas fait mystère d'en penser et d'en écrire autant, notamment Denis Diderot dans son fameux Éloge de Richardson.

Oui, je le dis et je l'affirme avec conviction, il est passé à deux doigts, vraiment tout près, tout près du chef-d'oeuvre absolu. Quelle émotion, quelle superbe émotion, quelle beauté ! Ce roman, outre bien évidemment ses qualités sans nombre, souffre toutefois, à mon avis, de deux défauts, qui n'en sont d'ailleurs probablement qu'un seul prenant deux formes distinctes.

Quels sont-ils ? le premier est imputable, par moments, à certaines longueurs, ou disons, pour être un peu plus précise, à certaines redondances, dont il n'eût pas été nécessaire de surcharger le lecteur vu la taille de l'ouvrage. C'est loin d'être le cas sur l'ensemble du roman, mais c'est un peu gênant à d'autres.

Le second défaut est, selon moi, que l'auteur s'est préoccupé dans son oeuvre de vouloir édifier le lecteur, de l'appeler à toute force aux commandements de la morale, qui, en l'occurrence sont aussi les commandements bibliques. Et c'est dommage, vraiment dommage : qu'avait-il besoin de se soucier de morale quand il avait fait naître entre ses mains un fantastique joyau littéraire ? Un romancier ne devrait se soucier que de faire un excellent roman, toutes les autres considérations risquent d'affaiblir son oeuvre et c'est le cas ici.

Oscar Wilde nous dit dans la préface de Dorian Gray : « Il n'existe pas de livre moral ou immoral. Un livre est bien écrit ou mal écrit, c'est tout. » Quant à Milan Kundera, il martèle dans L'Art du Roman : « le romancier n'est le porte-parole de personne et je vais pousser cette affirmation jusqu'à dire qu'il n'est même pas le porte-parole de ses propres idées. Quand Tolstoï a esquissé la première variante d'Anna Karénine, Anna était une femme très antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée. La version définitive du roman est bien différente, mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre-temps ses idées morales, je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa conviction morale personnelle. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse supra-personnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs oeuvres devraient changer de métier. »

Voilà selon moi l'erreur de Samuel Richardson : il a voulu écrire un roman édifiant, il a voulu à tout prix garder la main et ne pas perdre de vue son objectif, avec la même inflexibilité que son héroïne alors qu'il aurait dû écouter la sagesse du roman, la petite voix qui émanait du roman même.

Au lieu de faire de Clarisse une femme, au sens le plus noble et le plus avantageux du terme, il en a fait une sainte vierge (quoique plus tout à fait après le passage frauduleux de l'inévitable Lovelace). Bref, une sainte, tout embarbouillée de religion chrétienne, genre de Sainte-Thérèse de Lisieux avant l'heure. Il en a fait une divinité tandis qu'il aurait pu en faire une femme, et autrement plus édifiante, d'après moi.

Je pense que les redondances dont j'ai parlé plus haut sont justement là pour souligner le côté moralisant du livre et donc, que ces deux défauts n'en sont en réalité qu'un seul et même.

Pour le reste, pour absolument tout le reste, chapeau bas Monsieur Richardson, votre Clarisse est exquise, votre Lovelace exceptionnel dans son style. Miss Howe est très réussie également. Quant à la psychologie dans le roman, il y a clairement un avant et un après Richardson, le tournant est indéniable. Il y a aussi des trouvailles stylistiques, narratives et c'est probablement l'un des premiers à essayer de faire ressortir de la sorte les différents niveaux de langage, notamment quand il fait faire des fautes d'orthographe et d'expression au domestique Joseph Leman. Cela me semble assez nouveau pour l'époque.

Quelle honte pour les éditeurs francophones que ce fantastique bouquin ne soit même pas dignement édité en français alors qu'il est un archi-classique anglais du XVIIIè comme Tom Jones ou Tristram Shandy, une pierre importante de l'histoire littéraire mondiale, premier avatar véritable du roman psychologique, chef-d'oeuvre du roman épistolaire.

Ce livre possède la très, très grande classe, géniteur de nombreux fils littéraires, au premier rang desquels, vous reconnaîtrez tous Les Liaisons Dangereuses. Choderlos de Laclos n'a quasiment fait que reprendre et résumer Richardson. Valmont est une copie carbone de Lovelace, la Présidente de Tourvel de Clarisse Harlove.

Je suis absolument certaine qu'un roman magique comme Orgueil et Préjugés de Jane Austen doit également beaucoup de son inspiration à Clarissa, sans parler du choix délibéré et non douteux de Virginia Woolf de prénommer sa Mrs Dalloway " Clarissa " auquel elle fait un appel du pied évident. Rousseau est très certainement redevable aussi de quelque chose à Richardson pour sa Nouvelle Héloïse.

Vous voyez qu'avec des fils aussi illustres, le père ne peut pas être complètement mauvais. de quoi traite-t-il ? Une jeune femme de bonne famille anglaise fait tourner toutes les têtes par sa beauté, son intelligence, sa modestie, sa morale. Les candidats au mariage ne tardent pas à se faire connaître.

La famille Harlove est très rigide, très pieuse, très soucieuse de l'étiquette, tout en étant très riche. Elle aspire à s'associer avec une famille encore plus prestigieuse qu'elle-même. Robert Lovelace est justement l'unique héritier d'une famille des plus riches et illustres d'Angleterre, il est beau comme un dieu, vaillant comme pas un, d'un esprit et d'une répartie sans égal mais, mais, mais…

… il est un peu libertin sur les bords ! On serait prêt à lui pardonner cette petite dérive chez les Harlove s'il montrait quelques velléités à se réformer. Clarisse d'ailleurs, quoique toujours extrêmement modeste, n'est pas sans ressentir un certain penchant pour lui, et plus encore s'il est comparé à tous les autres postulants qu'on lui propose.

Le principal hic est que James Harlove, le frère aîné de Clarisse, a été mortellement humilié en public il y a quelque temps par Lovelace et, apprenant que celui-ci a des vues sur sa jeune soeur, entreprend de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire capoter (sans jeu de mots) le mariage et s'empresse même de favoriser un pauvre type des environs, Solmes, histoire de voir enrager Lovelace.

Mais Clarisse a des principes et refuse qu'on lui impose un mari sans son consentement. Un terrible bras de fer s'engage entre elle et sa famille à propos du mariage avec Solmes… Je m'en voudrais de vous en dévoiler davantage et préfère vous laisser le soin de vous repaître par vous-même de l'histoire.

J'en terminerais en précisant que ce qui est réellement magistral chez Richardson, c'est le travail sur les savantes ambiguïtés des personnages, Lovelace est épouvantable sur certains points mais absolument attachant et respectable sur d'autres. Clarisse est d'une vertu sans égal, d'un naturel doux et bienveillant mais elle a aussi ses ambiguïtés, une inflexibilité presque maladive, par exemple, des choix parfois très surprenants et discutables pour son propre bonheur.

Enfin, n'en doutez pas, si vous entreprenez cette lecture, vous vous octroierez un grand, grand moment de littérature. Mais, bien entendu et comme à chaque fois, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : Je remercie l'Abbé Prévost qui a plus fait, à mon sens, pour la littérature en traduisant Clarissa en français (notamment en permettant à Laclos de s'y pencher) qu'en écrivant lui-même des romans. Sa Manon Lescaut, par exemple, est, d'après moi, très en-dessous, littérairement parlant, de Clarisse Harlove mais je vous laisse, là encore, le soin d'en juger par vous-même.

Il est vrai que dans sa traduction il a expurgé environ 200 lettres mais, toujours d'après moi, sans défigurer l'oeuvre. Les coupes concernent surtout la fin du roman, là où justement Richardson souhaite édifier et qu'il fait languir et apitoyer son lecteur, là où il fait dans le pathos un peu trop outrancier alors qu'il l'évite rigoureusement auparavant. Dès que Belford devient le narrateur principal, le roman perd en intensité car il entre dans sa phase " édifiante " et ça, l'Abbé Prévost l'avait bien senti et je ne le blâme pas d'avoir essayé d'atténuer cette faiblesse.

P. S. 2 : J'adresse encore un autre très grand coup de chapeau à Richardson à propos de sa vision très avancée pour l'époque de la condition de la femme. On sent un réel respect pour la condition féminine et il n'hésite pas à dénoncer très clairement l'appareil législatif anglais du XVIIIème siècle qui innocentait systématiquement les violeurs, si bien qu'en plus de la " honte " d'avoir à témoigner publiquement, les femmes violées n'avaient quasiment aucun espoir d'obtenir gain de cause à cette époque. Donc on perçoit chez l'auteur une sensibilité à cette question de l'asservissement des femmes qui n'est pas sans annoncer le très grand John Stuart Mill qui a beaucoup oeuvré pour faire évoluer cette question.

P. S. 3 : Quelle eût été la " sagesse du roman " à laquelle Richardson eût dû être sensible ? (à ne pas lire si vous ne voulez pas avoir des éléments cruciaux de l'histoire dévoilés). Son histoire avait atteint un niveau d'intensité paroxysmique, si bien qu'il eût mieux valu un immense coup de tonnerre qu'une lente décrépitude. Lors de la seconde évasion de Clarisse, sous la pluie, au lieu de la faire enfermer chez l'archer et de commencer à la faire mourir à petit feu (toute la narration de Belford), je pense que l'auteur aurait largement gagné à la faire poursuivre, pourchasser, persécuter par Lovelace, fou d'amour pour elle, qu'elle se trouvât traquée, sans issue et qu'au moment où Lovelace aurait défoncé la porte de sa chambre, il la retrouvât avec son couteau enfoncé dans le coeur, ou pendue ou suicidée d'une quelconque autre façon. Et là il eût fallu qu'il hurlât d'amour, d'horreur et d'atrocité en réalisant ce qu'il venait de provoquer. Il eût mieux valu que ce soit lui qui s'éteignît à petit feu, rongé, dévoré par le remord d'avoir causé la perte de la seule femme qu'il eût réellement aimée. Clarisse n'aurait plus été une sainte (car une sainte ne se suicide pas) mais une femme, une authentique. D'ailleurs comment imaginer que sa meilleure copine, Miss Howe, qui était déjà prête à sauter dans le premier carrosse pour aller la rejoindre lorsqu'elle était encore en possession de tout son honneur eût décemment pu la regarder mourir lamentablement sans tenter quoi que ce soit pour aller la voir à Londres et la faire renaître à la vie ?
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Je suis surprise qu'il y ait si peu de critiques (cinq !) pour ce génialissime livre.

Il est vrai qu'un gros bébé de deux mille pages peut faire hésiter mais je vous assure qu'il passe comme une lettre à la poste ! Sans mauvais jeu de mots, vu que justement… c'est un roman épistolaire.

Pour le contexte, nous sommes plongés dans la haute société anglaise du XVIIIème siècle. Clarisse Harlove est une belle jeune fille, douce et vertueuse, qui fait la fierté de sa famille. Sa réputation attire de nombreux prétendants et ses parents espèrent bien grâce à elle faire une alliance avantageuse. Deux prétendants sont en particulier sur les rangs. L'orgueilleux et impétueux Lovelace, beau, plein d'esprit, dernier descendant mâle d'une prestigieuse et riche lignée. Mais sa réputation de libertin rend Clarisse réticente et méfiante. La belle oserait-elle lui résister ? La famille Harlove quant à elle, est déterminée pour diverses raisons à contrecarrer les ardeurs de ce Lovelace en sommant Clarisse de prendre pour époux Solmes, un homme étroit d'esprit qu'elle tient en profonde aversion. La pauvre Clarisse se retrouve écartelée entre son refus d'épouser Solmes, les injonctions et stratagèmes des membres de sa famille pour l'y contraindre, son amour et son devoir d'obéissance à ses parents, et la cour assidue d'un Lovelace plus déterminé que jamais à la faire tomber dans ses filets.

Précurseur des Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, je craignais de ne trouver qu'une pale ébauche ennuyeuse et sans envergure de ce livre que je considère être un chef d'oeuvre. Que nenni ! Je l'ai lu en moins d'un mois, c'est dire s'il m'a passionné ! Amour, amitié, bonheur, désespoir, jalousie, perfidie, mensonges, machiavélisme, vanité, orgueil, pardon, vengeance, préjugés (et j'en passe) s'y côtoient pour notre plus grand plaisir.

Il n'est pourtant pas exempt de quelques faiblesses, qui tiennent selon moi à son début … et à sa fin.

Le début, car l'histoire est lente à démarrer. Il faut s'accrocher jusqu'à la lettre 31 (il y en a 371 pour donner un ordre de grandeur) pour sortir de cette impression de monologue et qu'enfin les différents points de vue se mêlent et s'empoignent dans un chassé-croisé ébouriffant.

Quant à la fin, elle verse et s'enlise un peu trop dans la morale chrétienne. Les personnages jusque-là si ambigus, si tourmentés, si justes, deviennent un peu trop manichéens à mon goût, perdent en profondeur et subtilité. La fin est, je dois bien le dire, assez décevante.

Mais entre les deux, entre ce début et cette fin plus mitigés, c'est époustouflant ! environ 1500 pages de rebondissements, des personnages qui nous tiennent en haleine avec leurs contradictions, leurs erreurs, leurs doutes, leurs certitudes, leurs failles, leur folie ! On se demande jusqu'où ils seront capables d'aller, s'ils vont ouvrir les yeux, se rétracter, se laisser attendrir peut-être. Rien n'est figé. C'est un duel captivant : un pas en avant, deux pas en arrière, esquive, assaut, arrêt, feinte, parade, estocade, riposte… tous les coups sont permis, toutes les faiblesses, toutes les bassesses. En un mot… MAGNIFIQUE !
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Ce roman de Samuel Richardson, publié en 1747-48, est considéré comme le premier roman anglais et a été diffusé et traduit dans toute l'Europe. La première traduction en français est celle de l'Abbé Prévost en 1751.
J'ai découvert ce roman épistolaire, il y a déjà quelques années, dans une édition abrégée et illustrée d'estampes qui présente des textes choisis pour une étude universitaire, une préface et des notes très précieuses pour resituer cette oeuvre dans son contexte. Ma critique de lectrice est un résumé de mes notes de lecture et d'études prises à cette occasion.

Pour utiliser un vocabulaire auquel nous sommes aujourd'hui habitués, on peut dire que ce roman est le récit d'un harcèlement moral et sexuel qui peut se résumer en quelques lignes : pour échapper à un prétendant imposé, un nouveau riche peu scrupuleux, Clarissa est enlevée par Lovelace, un bel aristocrate, séducteur libertin qui repousse toujours le mariage promis ; elle résiste à ses avances jusqu'à ce qui la viole… Elle va ensuite refuser toutes les intercessions en faveur de Lovelace, pourtant repenti, et se laisser mourir.
C'est un roman sur la vertu, la résistance, sur la persévérance et sur l'obstination.
La narration s'enrichit d'un bon appareil romanesque : des duels au début et à la fin, une fuite sous forme d'enlèvement, le portrait du libertin, des scènes de violences familiales, le basculement dans l'horreur avec le viol et la maladie de Clarissa, sa mort exemplaire… Richardson dépeint une société où les parents sont cruels et les frères brutaux, où les amis trahissent, où le sauveur devient un violeur ; Clarissa va d'épreuves en épreuves, toujours plus graves les unes que les autres.
Mais le viol, élément central du roman, commis tardivement, n'est pas décrit : un tel acte ne saurait être raconté. Métaphoriquement, il rompt la communication entre les personnages.

Clarissa Harlove est une figure féminine sublimée qui force toujours le respect. Elle prend la dimension d'une héroïne tragique, enferrée dans un destin qu'elle pourrait changer en accédant à une forme d'indépendance rendue possible par l'héritage de son grand-père qu'elle refuse, se maintenant toujours dans un rejet total et ce, jusqu'au bout. Richardson pousse cette logique le plus loin possible.
Clarissa campe un modèle de vertu aristocratique, sans compromission et jusqu'au sacrifice ultime.
Pourtant, paradoxalement, c'est son corps qui est au centre du récit, véritable noeud thématique, au sens d'enjeu. Lovelace veut la séduire, puis il l'enlève, la séquestre, la viole ; il voudrait même conserver son cadavre en l'embaumant et mettre son coeur dans une urne de cristal ! La famille de Clarissa veut la marier à Solmes qui lui laisse entendre qu'elle saura s'accommoder de cette union. Clarissa elle-même fait jouer son corps avec l'espace dont elle dispose : elle s'enferme, s'enfuit, est brutalisée, déménagée puis retenue prisonnière, prépare de manière mystique sa propre mort au lieu de se suicider. le corps malade, souffrant de Clarissa devient passif ; une fois morte, sa famille réclame son cercueil, voulant posséder la dépouille de celle qu'ils avaient tous rejetée.
La mort est la dernière étape du destin romanesque de Clarissa. Sa figure devient christique : après avoir été jugée par sa famille, comme Jésus par Pilate, elle est arrêtée pour dettes à la sortie de l'église, comme le Christ au Mont des Oliviers… Après sa mort, Lovelace imagine presque son Assomption…

Ce roman est très, très long, ennuyeux parfois, même dans une version réduite à une soixantaine de lettres, mais qui occupent tout de même plus de 500 pages ; c'est dire leur longueur quand on sait que le récit s'étire sur un an seulement de janvier à décembre ! …
L'échange de lettres permet d'expliquer les motivations familiales pour le mariage d'abord imposé à Clarissa, puis d'écrire toutes les tergiversations, les hésitations et les états d'âmes de la jeune fille ; certaines lettres détaillent tout un appareil juridique récurrent d'un bout à l'autre du roman. de plus, chaque événement est retranscrit selon les points de vue de tous les correspondants, parfois contradictoires… Il semble que dès les premières publications et surtout lors des traductions futures, les tentatives de réductions n'aient pas manqué. Les lettres s'échangent le plus souvent entre Clarissa et son amie Miss Howe et entre Lovelace et son ami Belford, libertin comme lui…

Ce roman est difficilement lisible dans son intégralité aujourd'hui. La forme épistolaire démultiplie l'action, la rend répétitive, épuise le lecteur… Ainsi, Balzac, pourtant grand admirateur de Richardson, fait dire à un de ses personnages dans La Maison Nucingen : " Clarisse est un chef-d'oeuvre, il a quatorze volumes, et le plus obtus vaudevilliste te le racontera en un acte "…
La sélection des lettres de cette édition restitue, par séquences ininterrompues, les moments importants du roman et elles sont données à lire entières, sans coupures. C'est un excellent moyen de découvrir L'Histoire de Clarissa Harlove.
Un livre pour les lecteurs avertis, curieux, courageux et amateurs du genre.
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Ah la la ! Quel roman époustouflant ! J'ai A-DO-RÉ !
«L'Histoire de Clarisse Harlove» est un roman épistolaire du 18ème siècle, écrit par l'auteur anglais Samuel Richardson.

C'est par l'excellente critique de Nastasia-B que j'ai pris connaissance de cet ouvrage et lorsqu'elle y a précisé que tout lecteur, fan d'«Orgueil et Préjugés» de Jane Austen ou encore des «Liaisons dangereuses» de De Laclos, devrait apprécier ce roman de Richardson, je n'ai pas hésité à me lancer dans cette lecture.

Comme le titre l'indique, nous suivons le destin de la jeune Clarisse, demoiselle issue d'une riche famille anglaise et qui présente toutes les qualités que l'on peut espérer par l'éducation et par le caractère.



Elle fait donc la fierté et l'orgueil de sa famille, et l'héritage récent qu'elle reçut de son grand-père en font un parti intéressant qui suscite nombres de prétendants à ses pieds. Ce qui n'est pas sans causer cependant quelques jalousies du côté de sa fratrie...

Les choses vont sensiblement se compliquer pour la donzelle lorsque l'extravagant Lovelace va s'intéresser à elle. En effet, si elle ne semble pas insensible à son charme et à son esprit, et si on ajoute à cela qu'il est issu d'une famille encore plus prestigieuse que la sienne, elle s'en méfie cependant, sachant sa réputation reconnue de libertin. Piqué d'orgueil et de vanité, le terrible Lovelace va se faire le défi de vaincre par tous les moyens les résistances de la belle, mais il ne se doute pas alors dans quel engrenage il s'engage...

Passionnant ! J'ai adoré avec quelle finesse l'auteur a développé tous ses personnages. On les aime, on les déteste par les qualités et défauts humains qu'ils caractérisent : le respect face à l'orgueil et la vanité, la tolérance face aux préjugés, le pardon face à l'outrage, l'ambition, la jalousie, la vengeance... Il a tout mis Richardson ! Tant d'exemples sur les travers, intemporels, de l'être humain et qui nous amènent à nos propres réflexions.
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé Clarisse et sa droiture, Miss Howe et sa fidélité, Belford et sa réformation, même Lovelace dans son désespoir et sa folie. Et j'ai aimé détester la famille Harlove, la Sinclair et ses nymphes...

Alors oui, c'est «relativement» long à lire puisqu'il atteint presque les 2000 pages. Dans l'édition numérique que je possède, les 371 lettres sont réparties dans 6 tomes, chacun étant partagé en 2 parties.
Mais c'est vraiment facile à lire ! le style est franchement accessible et la succession des évènements et narrateurs font que l'on ne s'ennuie pas.

Il y aurait bien d'autres choses à en dire, comme l'aspect religieux très présent, ou encore l'importance donnée au mariage pour les convenances ; des éléments qui caractérisent les moeurs d'une époque, qui nous font un peu moins écho aujourd'hui, mais qui ne m'ont nullement gênée dans ma lecture.

En somme, un méga coup de coeur pour ce chef-d'oeuvre !
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4 étoiles pas le choix, c'est le minimum pour ce chef d'oeuvre, sauf que la cinquième étoile reste à la volonté du lecteur(conquis ou pas).
Il manque deux aspects à cette comédie humaine, l'humour et le sexe, c'est pas pour rien que 50 nuances se vend si bien! Si vous êtes comme moi, un lecteur du dimanche, ne lisez pas ce livre, trop long, et à sujet unique, même si au travers de l'histoire on en découvre d'autres, c'est quand même le mariage qui est redondant.
Alors pourquoi l'as-tu lu me direz-vous?
Pour faire plaisir à quelqu'une(devinez qui?) mais aussi par curiosité, ayant lu La nouvelle Eloise, oui je suis masochiste c'est indéniable, et qu'il est cité dans les notes par JJR lui-même je l'avais noté dans ma Biblio et lorsque la mystérieuse personne pour qui je l'ai lu me l'a proposé en lecture commune, j'ai accepté, je ne sais pas lui dire non...
Il y a un côté historique très interessant, une prose d'enfer, j'adore le style de l'époque exemple:
- de ma vie je n'ai été si frappé que dans l'occasion dont j'ai le récit à vous faire ou celle-ci:
- Quelle bonté, Madame! Vous m'accablez de bienfaits...
C'est mon dada les expressions désuètes, si bien que je ne me suis pas du tout ennuyé, mais alors à aucun moment, j'ai pris soin de n'en parler à personne de cette lecture car 3 mois sur le même livre, oui oui 3 mois à ne lire que Richardson, je suis masochiste c'est pas possible autrement!!! Cela vous fait passer pour un anachorète ou un fou, c'est pareil de nos jours.
J'aime bien aussi la mentalité du vivre à fond de l'époque, l'honneur avant la vie, à l'époque ou l'espérance était de 40 ans maxi, alors que de nos jours on vit jusqu'à 90 sans problème l'honneur est relégué au rang de folie, étonnant, non?
Diderot à adorer ce livre mais il a écrit les bisous indiscrets, tout le contraire, il cherchait à se racheter une conduite, le bougre, moi j'aime pas les gens qui renie leur passé, Lovelace est constant, j'adore... C'est une qualité la constance, demandez à Montaigne et à Rabelais...
Pour moi l'envoutante, la magistrale, Clarisse, car elle nous envoute, on s'attache à ses dilemmes, on aimerait pouvoir l'aider, envoyer un tweet à son frangin ou à sa soeur pour qu'ils la laisse vivre en paix, faire ses expériences, ne manque que d'une seule sagesse; la sérépendité, faire confiance au hasard, pourquoi je dis cela, et bien tout au long de la deuxième moitié du bottin(je l'appel ainsi) je me disais: mais qu'elle se lance avec Lovelace, sa sagesse aura tôt fait de lui servir d'exemple, c'est comme quand on joue au tennis avec un partenaire meilleur que soi on progresse de fait on est tiré vers le haut, et comme Lovelace est tout sauf un âne, il aurait fait le mariole 2-3 mois et ensuite serait devenu doux comme un agneau, subjugué, transporté, hypnotisé par l'excellence de la belle Clarisse, en un mot la fonction aurait créée l'organe chez le demi-libertin qu'est Lovelace, pourquoi demi-libertin? car il l'a dit il ne draguait jamais les femmes d'autrui, donc il n'est pas dénué de morale, au contraire, donc le terreau était présent, plus qu'à cultiver.
En conclusion: l'histoire aurait pu finir comme un conte de fée si les protagonistes avait pris la vie moins au sérieux; mais Montherlant est né bien après eux, qui disait: La vie est délicieuse sitôt qu'on arrête de la prendre au sérieux.
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Citations et extraits (233) Voir plus Ajouter une citation
Vous croyez que dans les arrangements qui subsistent, c’est une nécessité pour moi de devenir madame Solmes. Je ne crois pas, ma chère, qu’il y ait de la témérité de ma part à vous protester qu’il n’en sera rien. Je pense que c’est ce qui ne peut et ne doit jamais être. On compte sur mon caractère : mais je vous ai déjà dit que je tiens un peu de la famille de mon père, aussi bien que de celle de ma mère. D’ailleurs suis-je donc encouragée à suivre implicitement l’exemple de ma mère, dans sa résignation continuelle aux volontés d’autrui ? Ne la vois-je pas obligée à jamais, comme elle a bien voulu me l’insinuer elle-même, de prendre le parti de la patience ? Elle ne vérifie que trop votre observation, que « ceux qui souffrent beaucoup auront beaucoup à souffrir ». Que n’a-t-elle pas sacrifié à la paix ? C’est elle-même qui le dit. Cependant a-t-elle obtenu, par ses sacrifices, cette paix qu’elle est si digne d’obtenir ? Non, je vous assure ; et le contraire est tout ce que j’appréhende. Combien de fois ai-je pensé, à son occasion, que par nos excès d’inquiétude pour conserver sans trouble les qualités que nous aimons naturellement, pauvres mortels que nous sommes ! nous perdons tout l’avantage que nous nous proposons d’en tirer nous-mêmes ; parce que les intrigants, qui découvrent ce que nous craignons de perdre, tournent leurs batteries vers ce côté faible ; et se faisant une artillerie (si vous me passez toutes ces expressions) de nos espérances et de nos craintes, ils la font jouer sur nous à leur gré.
La fermeté d’âme, qualité que les censeurs de notre sexe lui refusent (je parle de celle qui porte sur une juste conviction, car autrement c’est opiniâtreté ; et j’entends aussi, dans les affaires essentielles), est, suivant le docteur Lewin, une qualité qui donne du poids à celui qui la possède, et qui, lorsqu’elle est connue et bien éprouvée, le rend supérieur aux atteintes des vils intrigants. Ce bon docteur m’exhortait à la pratiquer dans les occasions louables. Pourquoi ne croirais-je pas que le temps de l’exercice est arrivé ? J’ai dit que je ne puis et que je ne dois jamais être à Solmes. Je répète que je ne le dois pas : car sûrement, ma chère, je ne dois pas sacrifier tout le bonheur de ma vie à l’ambition de mon frère.

Lettre 19 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
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Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.

lundi, à minuit. Il m’arrive une aventure fort bizarre, qui me cause de la peine et du regret. Madame Sinclair me quitte à ce moment ; et fort mécontente, je crois, de n’avoir point obtenu de moi ce qu’elle m’a demandé. Sa maison se trouvant remplie de quelques femmes arrivées pour ses nièces, et la nuit, qui est fort avancée, ne permettant guère à Miss Partington de s’exposer dans les rues de Londres, elle est venue me prier d’accorder à cette jeune personne la moitié de mon lit. Sa demande peut avoir été fort simple, et mon refus lui aura paru dur et peu obligeant : mais, pendant qu’elle s’expliquait, il m’est venu subitement à l’esprit que je suis ici comme étrangère pour tout le monde ; que je n’ai pas un seul domestique que je puisse dire à moi, ou dont j’aie grande opinion ; qu’il y a, dans la maison, quatre hommes d’un caractère fort libre ; partisans déclarés de M Lovelace ; lui-même d’un esprit entreprenant ; tous, autant que j’en puis juger par le bruit éclatant de leur joie depuis que je les ai quittés, dans la chaleur actuelle du vin ; que Miss Partington elle-même n’est pas une personne aussi timide qu’on me l’a représentée ; qu’on a pris des peines officieuses pour me donner bonne opinion d’elle, et que Madame Sinclair a mis plus de recherche dans son compliment qu’une prière de cette nature n’en demandoit. Un refus, ai-je dit en moi-même, ne peut avoir qu’un air singulier, pour des gens qui me croient déjà un peu singulière : un consentement m’expose à de fâcheuses aventures. J’ai trouvé si peu de proportion entre les dangers de l’alternative, que je n’ai pas balancé sur le choix. J’ai répondu à Madame Sinclair que j’avais une longue lettre à finir ; que je ne quitterais pas la plume sans être fort pressée du sommeil ; que Miss Partington serait gênée, et que je le serais moi-même. Il serait bien fâcheux, m’a-t-elle dit, qu’une jeune fille de cette distinction fût obligée de partager, avec Dorcas, un lit fort étroit. Mais elle avait encore plus de regret de m’avoir fait une proposition dont je pusse recevoir la moindre incommodité. Rien ne serait plus éloigné de ses intentions ; et Miss Partington attendrait volontiers avec elle que j’eusse fini ma lettre. Alarmée de ces instances, et moins embarrassée à persister dans mon refus, qu’à le donner d’abord, j’ai offert mon lit entier, et de me renfermer dans mon cabinet pour écrire pendant toute la nuit. Cette pauvre miss, m’a-t-on dit, serait effrayée de coucher seule : d’ailleurs, elle ne consentirait jamais à m’incommoder jusqu’à ce point. Je me suis crue délivrée, sur-tout lorsque j’ai vu Madame Sinclair qui se retirait civilement. Mais elle est revenue ; et m’ayant demandé pardon de son retour, elle m’a dit que Miss Partington était tout en larmes ; que jamais elle n’avait vu de jeune dame pour laquelle elle eût conçu autant d’admiration que pour moi ; que cette chère fille se flattait de n’avoir laissé rien échapper dans sa conduite qui m’eût inspiré du dégoût pour elle. Trouvais-je bon qu’elle me l’amenât ? J’étais fort occupée, lui ai-je répondu. La lettre que j’avais à finir était importante. J’espérais de voir demain Miss Partington, et de lui faire agréer mes excuses. Alors Madame Sinclair, hésitant et paroissant reprendre le chemin de la porte, n’a pas laissé de se tourner encore vers moi. J’ai pris un flambeau pour la conduire, en lui recommandant de prendre garde à ses pieds. Elle s’est arrêtée au haut de l’escalier : mon dieu ! Madame, quelle peine vous prenez ! M’a-t-elle dit. Le ciel connaît mon cœur ; je n’ai pas eu dessein de vous offenser ; mais puisque vous n’approuvez pas une demande trop libre, je vous supplie de n’en rien dire à M Lovelace. Il me croirait trop hardie et trop impertinente. Ne trouvez-vous pas, ma chère, cet incident fort particulier ; soit en lui-même, soit dans le tour que mes réponses lui ont fait prendre ? Je n’aime point à me rendre coupable d’une incivilité. Cependant, si l’on ne se proposait rien, mon refus mérite ce nom. D’un autre côté, j’ai marqué des soupçons auxquels je ne puis m’imaginer qu’il y ait le moindre fondement. S’ils sont justes, je dois tout craindre ; je dois fuir et cette maison, et l’homme, comme ce qu’il y a de plus infecté. S’ils ne le sont pas, et que je ne puisse me purger moi-même de les avoir formés, en donnant quelque raison plausible de mon refus, quel moyen de demeurer ici plus long-temps avec honneur ? Je me sens irritée contre lui, contre moi-même, et contre tout le monde, excepté vous. Ses compagnons sont de choquantes créatures. Pourquoi, je le répète, a-t-il pu souhaiter de me voir en si mauvaise compagnie ? Encore une fois, je ne suis pas contente de lui.
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Hélas ! ma chère, il s’ouvre une triste perspective devant mes yeux. Tout succède au gré de mon frère et de ma sœur. Ils ont trouvé un nouvel amant pour moi. Quel amant ! Cependant il est encouragé par tout le monde. Ne soyez plus surprise qu’on m’ait rappelée au logis avec tant de précipitation. On ne m’a donné qu’une heure, sans autre avis, comme vous savez, que celui qui m’est venu avec la voiture qui devait me ramener. Je n’en ignore plus la raison. C’était la crainte, indigne crainte ! que si j’eusse pénétré les motifs qui me faisaient rappeler, je ne fusse entrée dans quelque complot avec M. Lovelace, parce qu’ils ne peuvent douter de mon dégoût pour celui qu’ils me proposent.
Ils pouvaient bien y compter ; car sur qui vous imaginez-vous qu’est tombé leur choix ? Ce n’est pas sur un autre que M. Solmes. L’auriez-vous cru ? Ils sont tous déterminés, et ma mère avec les autres. Chère, chère et excellente mère ! Comment s’est-elle ainsi laissé séduire ! Elle, comme je l’ai su de bonne part, qui eut la bonté de dire, lorsque M. Solmes fut proposé la première fois, que quand il serait en possession de toutes les richesses des Indes et qu’il me les offrirait avec sa main, elle ne le croirait pas digne de sa chère Clarisse.

Lettre 7 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
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Il a toussé cinq ou six fois, qui ont produit une phrase complète : Je devais, a-t-il dit, m’apercevoir de sa confusion. Cette phrase en a produit deux ou trois autres. Je m’imagine qu’il avait reçu des leçons de ma tante ; car son trouble, a-t-il repris, ne venait que de son respect pour une personne… aussi parfaite assurément… et dans cette disposition, il espérait, il espérait, il espérait… (il a espéré trois fois avant que d’expliquer de quoi il était question) que je serais trop généreuse, la générosité étant mon caractère, pour recevoir avec mépris de si… de si… de si véritables preuves de son amour.

Lettre 75 : Miss Clarisse Harlove à Miss Howe.
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En vérité nous devrions mépriser souverainement ces messieurs-là. Que ne laissent-ils en repos nos pères et nos mères au lieu de les venir tourmenter par leurs offres dorées, par leurs protestations, par leurs belles peintures d’établissement, et par toutes leurs ostentations ridicules, qui ne tournent qu’à notre propre tourment ? Vous et moi, ne pourrions-nous pas mener ensemble la plus charmante vie du monde et ne les voir tous qu’avec mépris ? Pourquoi prêter l’oreille à leurs flatteries, et nous laisser prendre au piège, comme les plus sots de tous les oiseaux, pour tomber dans un état d’esclavage ou de vile subordination ? Le bel avantage, d’être traitées en princesses pendant quelques semaines, pour l’être en esclaves pendant tout le reste de notre vie !

Lettre 27 : Miss Howe à Miss Clarisse Harlove.
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