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Citations sur Les Blasphèmes (33)

Les vrais savants.

Cet aveugle béat sous sa porte cochère,
Ce môme qui d'un pas rhythmé suit les tambours,
Ce gas de ferme qui, tout suant des labours,
Au revers d'un fossé culbute une vachère,

Ce gniaffe dans son trou, ce prêtre dans sa chaire,
Ce chaudronnier errant qui va de bourgs en bourgs,
Ce joueur de piquet qui fait des calembours,
Tous ces simples dont la cervelle est en jachère,

Comme ils ont l'air heureux de n'avoir rien compris !
Sans doute, être idiot, c'est payer d'un bon prix
Ce bonheur-là. Mais quoi ! Si l'instant les enivre,

S'ils ont l'art d'en jouir sans se mettre en émoi,
Au moins ont-ils goûté la volupté de vivre ;
Et c'est eux les savants ; et l'idiot, c'est moi.
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La tour de Babel.

Plus haut ! Dressons toujours plus haut ces hauts piliers !
Après les tours, encor des tours! Sur la terrasse,
Des terrasses ! Vieux ciel dont l'infini m'embrasse,
Déjà ma main t'insulte en gestes familiers.

Des rampes, des arceaux, des piliers par milliers !
Plus haut ! Montons toujours ! Chaque homme ! Chaque race !
Et bientôt Ton verra pour y laisser leur trace
Sur la vitre d'azur les clous de nos souliers.

Mais en vain notre orgueil armé de patience
Entasse sans repos et l'art et la science.
A mesure que nous montons, le ciel s'enfuit !

Et nous retombons las, vaincus, meurtris, exsangues,
Sous Babel qui s'écroule et sous fhorrible nuit
Où nous nous égorgeons dans le chaos des langues.
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Les idées.

O rêves, bulles d'or qui brusquement vidées
Se crèvent en eau sale au bout des chalumeaux !
On part tout amoureux, soûlé du vin des mots,
Au pays chimérique où. dansent les Idées.

Mais, ô belles Houris, célestes llaydées,
Quand on pense à deux mains tenir vos seins gémeaux.
On n'a plus sous les doigts que d'antiques chameaux
Dont la tétasse pend sur des cuisses ridées.

Pouah ! de quelle nausée alors on se sent pris !
On est comme un puceau qui la veille, étant gris.
Raccroché, monte avec quelque fille trapue.

Se croit don Juan auprès d'Elvire, et, le matin.
Parmi l'air fade et lourd d'une chambre qui pue,
S'éveille en vomissant dans un lit de putain.
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Reprise d'espoir.

Non, non, cela n'est pas possible, je vous dis !
Je ne me sens pas fait pour la plainte éternelle.
Car le soleil est bon, réjouit ma prunelle,
Sourit dans les matins, flambe dans les midis ;

Car l'amour plane encor par les cieux attiédis ;
Car la Terre est joyeuse, et douce, et maternelle ;
Car je suis son enfant, j'ai foi, j'espère en elle,
Je veux dans son giron trouver mon paradis.

C'est les Dieux qu'on a mis dans chacun de ses antres
Qui me font peur, avec leurs yeux fous, leurs gros ventres,
Leurs foudres, et leur tas de dévots prosternés.

Mais ces faux appétits, cette soif téméraire
D'infini, d'idéal, je les leur crache au nez,
Et je vas leur souffler au cul pour me distraire.
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Alors ?

Si les doux souvenirs d'enfance, si les larmes
Exquises de l'amour, siTorgueil du devoir,
Si le désir furtif de voler le savoir,
Si l'âpre volupté de la lutte et des armes,

Si le sommeil épais, ignare, exempt d'alarmes.
Si le bonheur d'avoir des yeux pour ne point voir,
Si le rire, si rien enfin n'a de pouvoir
Sur nos cœurs, si la mort elle-même est sans charmes,

Si nous allons toujours de tourments en tourments,
A la fois dégoûtés de tout, de tout gourmands,
Affamés et bavant sur la table servie,

Si le néant ne peut nous consoler non plus,
Alors, que devenir, où se prendre à la vie,
Et faut-il donc se fondre en des pleurs superflus ?
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Le marquis.

Avec des princesses royales
Et des princesses d'Opéra
Buvons des rasades loyales,
Tradéridéra !
La France est riche. Elle paiera.

Ainsi que nos troupes défaites,
Rendons ce que nous avons pris.
La France est en deuil : nous en fêtes.
Landriry ! j'en ris.
Je vois rose quand je suis gris.

Narguant sa colère future,
Au nez du peuple fatigué
Je chante la bonne aventure
Et ma mie au gué.
La France est triste, et je suis gai.

Je suis cocu ; mais je m'en vante.
Marquise, faisons notre jeu :
Toi mon laquais, moi ta suivante !
Lanturlu ! quel feu !
Croisons les races, sarpejeu !

Un gazetier à mine épaisse
Hier devant moi haussait le ton
J'ai fait bâtonner cette espèce.
Tontaine et tonton !
Je m'amuse. Que me veut-on ?

Messieurs du Tiers pleins de faconde
Disent que tout ça finira.
Baste ! Après moi la fin du monde !
Qui vivra verra !
Lanturlu tradéridéra !
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Le flibustier.

Ho ! les flibustiers, à la prise !
Tombe la nuit. Fraîchit la brise.
La côte est loin. La mer est grise.
Sabre au poing et poignard aux dents !
A l'abordage ! Droit au centre
Du galion chargé qui rentre !
Accrochons-nous à son gros ventre !
Montons voir ce qu'il a dedans.

Ho ! les flibustiers, à la noce !
Pour ripailler que l'on s'embosse !
Cargue la toile ! Bitte et bosse !
Fête aujourd'hui, combat demain !
Pas de prisonniers ! Qu'on les noie !
Quant à leur vaisseau, qu'il flamboie,
Allumé comme un feu de joie
Pour éclairer notre chemin !

Ho ! les flibustiers, à la voile !
Largue les ris, largue la toile !
Ce soir le ciel est sans étoile ;
Enfuyons-nous dans le brouillard.
Les gas morts à la découverte
Et qui s'en vont la gueule ouverte,
Ont les flots à crinière verte
Pour chevaux de leur corbillard.
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Le philosophe.

Évitant tout scandale et fuyant tout dommage,
Dans la Hollande, ainsi qu'un rat dans un fromage.
Je me suis retiré philosophiquement
Pour suivre en paix le fil de mon raisonnement,
A me cacher ainsi je n'ai point de vergogne.
Chacun à sa façon doit faire sa besogne,
Et je n'ai de valeur dans le combat humain
Qu'à coups de syllogisme, une plume à la main.
Or, je brave d'ici le Pape et la Sorbonne ;
Je suis calme; le poêle est chaud; la chère est bonne
Je peux penser à l'aise, et, sans danger aucun,
Démontrer que le Tout et le Rien ne sont qu'un.
Aussi, poussant plus loin que Descartes mon maître,
En un style élégant et net de géomètre
Je refais l'univers du bout de mon compas
Et je prouve par a + b que Dieu n'est pas.
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La forgeronne.

Forge le fer, forgeronne,
Sœur des Kobolds au poil roux.
Sur ton enclume qui grone
Forge des clous pour les trous.

Les Normands dans leurs mains blanches
N'ont plus les secrets anciens.
Mais la race aux jaunes hanches
Garde le trésor des siens.

Forge le fer, forgeronne,
Sœur des Kobolds au nez tors.
Sur ton enclume qui grone
Forge le fer pour les forts.

Pour avoir la moisson drue
Il faut l'acier sans défauts
Dans le soc de la charrue
Et dans le fil de la faulx.

Forge le fer, forgeronne,
Sœur des Kobolds au pied fin.
Sur ton enclume qui grone
Forge le fer pour la faim.

Ceux qui vont dans les batailles.
Avec quoi pour s'égorger
Se feraient-ils des entailles,
Si tu ne savais forger ?

Forge le fer, forgeronne,
Sœur des Kobolds à l'œil clair.
Sur Ion enclume qui grone
Forge le fer pour la chair.
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Quelle dèche, mon empereur !

Le Père dit au Saint-Esprit :
" Ça ne va plus, ça ne va guère,
Et notre splendeur de naguère
Finit son temps. C'était écrit.

L'homme a poussé son cri de guerre.
Et voici que l'audacieux
Nous flanque à la porte des cieux.
Ca ne va plus, ça ne va guère. »

Le Saint-Esprit lui répondit :
« Faudra-t-il que je déménage,
Moi, pauvre colombe, à mon âge ?
Mais c'est donc vrai, tout ce qu'on dit ?

Tu n'es donc plus millionnaire ?
Qui, toi, pané, sans un radis !
Qu'as-tu fait de ton paradis,
De ton sceptre, de ton tonnerre ?

Et ton azur, où nous trempons
Les pans de tes chemises bleues,
Et tes comètes et leurs queues,
Et ton auréole à trois ponts ?

- Rien, plus rien ! Tout est sur la terre,
Reprit le vieux. Tout est flambé.
L'homme a prouvé par a + b
Qu'il en était propriétaire ;

Et moi, l'empereur des filous.
Dépouillé par ce coupe-bourse,
Je n'ai plus même la ressource
De remettre mon Fils aux clous. »
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