AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Climats de France (29)

Je laisse derrière moi cet endroit dont on apprend plus tard qu'il se dit cité-dortoir. (...) Où vis-tu ? Meudon-La-Forêt. pour moi, mon frère, les amis de mon frère, quelques amis, il y a toujours dans cette réponse un mélange de fierté et de silence. Ce lieu d'où nous ne cesserons de partir pour grandir, nous ouvrir , aller au cinéma, découvrir des musées, a une identité propre dont nous nous réclamons quand nous n'y sommes pas, sans être en mesure d'en dire grand-chose. (...) Rentrer, c'est marcher vers les arbres. c'est faire l'expérience de toutes les perspectives y menant. (p. 68)
Commenter  J’apprécie          180
Fernand Pouillon imagine s'élever bientôt ici les immeubles d'une cité qui accueillerait dignement, et dans le mélange le plus complet, des êtres humains...pour longtemps, rajoute-t-il dans ses pensées. Au contraire de l'urgence qui préside à la réalisation d'autres grands ensembles, mais complètement dans le sillon de ceux-ci, non seulement il entend que l'on puisse s'y projeter, y installer sa vie, tout comme il l'a fait à sa plus grande surprise, dans sa maison d'Alger. (...)
Un immeuble est une musique. (p. 86)
Commenter  J’apprécie          160
- Le livre, tu vas le faire comment ?
-Je ne sais pas encore. Je voudrais raconter ça. Ces immeubles où j'ai grandi. Ce que c'est que vivre sur le même palier que quelqu'un. Je voudrais raconter comment l'Algérie s'est soudainement rappelée à moi. (...) Comment d'une vie sans lien entre les rives on passe à un tissu cousu serré. (...) je ne connais personne qui m'ait dit quoi que ce soit sur ce pays. Je voudrais raconter comment cet immeuble s'élève pourtant entre autres sur la guerre d'Algérie et l'exil. Et dire que j'y ai passé vingt ans, sur le même palier que toi. Je voudrais dire la puissance d'un palier, qui me fait découvrir un jour que tu es né là-bas. (p. 48)
Commenter  J’apprécie          150
Elle me raconterait l'histoire autrement et me consolerait, peut-être, de n'avoir à entendre que si peu de voix de femmes. A Alger, à Paris, sur le chantier de Meudon-La-Forêt, au ministère du Logement, dans les bureaux de l'architecte, leurs voix me manquent. (p. 122)
Commenter  J’apprécie          140
Fernand Pouillon dit avoir eu l'idée d'un monument, et c'est un monument qui naît sur les plans. "L'inverse du mépris. l'élévation. " On reconnaît cela aux premiers calculs, aux premiers dessins. alors le travail allège les poids qui affaissent ses épaules. (...)
Il en va des choses comme avec les gens. Ceux dont on sent qu'ils nous accompagneront nous accompagnent. ( p.61-62)
Commenter  J’apprécie          130
UNE NUIT DE CHANT, quarante jours de deuil. Des prières et des notes pour guider l'âme du mort. Le mot "islam" n'a aucun sens, le mot "musulman" n'est jamais prononcé. " Arabe" à peine,"Rebeu", "ramadan", oui. Et "jure-sur-le-coran" aussi. (p. 11)
Commenter  J’apprécie          130
Plusieurs fois, je rêve que l'ascenseur mène aux étages cachés, par-delà le dixième, dans un monde qui a ses propres règles, sa lumière et sa pesanteur. En fermant les yeux et sans concentration, je retrouve les coordonnées de ce monde rêvé. l'ascenseur dépasse les étages connus, et l'on dépasse du même coup les frontières de sa connaissance. Je me réveille de ces aventures oniriques le coeur rempli d'exaltation: c'est le signe que l'immeuble, la Cité heureuse, la ville et le monde n'ont pas les limites qui se laissent voir. (p. 133)
Commenter  J’apprécie          50
Fernand Pouillon, Paris-Alger, mai 1953

" Les maisons sont des pains, je suis un bon boulanger. Je vais devenir un très bon boulanger, et cela dans la seule idée de rendre les gens heureux. Les humbles, il faut les loger comme des rois. Voilà ce qu'il faut faire" (p. 23)
Commenter  J’apprécie          51
Fernand Pouilllon, chantier de Climat de France, Alger, Printemps 1955

" Avoir un chez soi est une minable aspiration. Humaine, certes, mais insuffisante, pense Fernand Pouillon en quittant le chantier presque désert de Climat de France. C'est à nous, à moi, l'architecte, de transformer ce besoin primaire en autre chose. Et plus la cellule sera chiche, et plus il me reviendra d'y faire rayonner quelque chose de grand. Il faut cesser de revoir à la baisse le désir d'habiter. Chez soi n'est pas suffisant. Il faut vivre dans plus grand que chez soi. Il faut des palais pour les humbles. Mes palais. " (p. 59)
Commenter  J’apprécie          52
"Vous allez parler de Climat de France, mais vous allez dire que cela a raté, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas vous arrêter au chantier. Il faut absolument dire que ça a raté ! Les gens n'ont pas été heureux dans cet endroit. Le projet, c'était de changer les vies. Je crois qu'il faut dire que cela n'a pas eu lieu, les vies n'ont pas changé !" ... J'ai lu tant de fois que Pouillon songeait au bonheur des gens qui habitent les endroits qu'il dessinait. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois qu'il y pensait vraiment. Avec ses filtres, avec ce qu'il était, mais il y pensait assurément. Je continue d'écouter ces deux femmes âgées qui connaissent Alger pour y avoir passé leur vie, je me dis que le bonheur des uns et des autres est une mesure bien difficile. p.252 et 253
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (107) Voir plus




    {* *}