Ce qu'il reste d'Alice, selon
T. R. Richmond, ce sont 393 pages composant un roman original mais malheureusement, selon mes critères, un peu bourratif. 100 pages de moins n'aurait nui ni au déroulement, ni à la compréhension de l'intrigue une fois assimilée par le lecteur la méthode choisie par l'auteur.
Alice est retrouvée morte noyée dans un ruisseau après une soirée de bamboche et la police se perd en hypothèses. L'un de ses anciens professeurs d'anthropologie décide de rédiger une « documentation raisonnée d'Alice », de reconstruire sa vie à partir des traces numériques laissées sur internet ou de documents personnels comme son journal intime, ses courriers, ou encore des témoignages de ses amis car depuis que la communication a davantage changé en 25 ans qu'au cours des millénaires précédents, chacun, mort ou vif laisse une empreinte indélébile de son passage sur facebook ou sur Babelio. Jeremy Cooke collige les différentes miettes d'Alice glanées ici ou là pour en faire la somme, plonge dans les détails de sa courte existence, vérifie, authentifie, justifie, sépare les faits glissants comme des anguilles des fables montées de toutes pièces, analyse les mensonges, infidélités, obsessions, subterfuges, amours ou trahisons. le roman n'est donc constitué que de ces bribes d'informations qui finissent par s'emboîter comme des pièces de puzzle. J'ai beaucoup aimé ce parti-pris risqué jusqu'à l'épilogue inattendu.
Le point horripilant de cette lecture a été pour moi de supporter la personnalité bouffie d'égocentrisme et de corporatisme de l'universitaire, imbu de lui-même, condescendant, dédaigneux, incapable de s'exprimer autrement que par épigrammes, oxymores et autres prétéritions. Toujours à chercher un poil sur un oeuf, il ramène tout à lui, geint et pleurniche en permanence, considère son épouse comme une bonniche, la trompe comme s'il souffrait le martyr et au final empoisonne autant l'existence de sa femme que celle de sa maîtresse qui accepte mal ses jérémiades narcissiques. Bien sûr, le personnage est parfait dans son rôle, et c'est une réussite de l'auteur de m'avoir autant énervée.
Au final, un bonne expérience littéraire, qui aurait gagné en puissance en perdant quelques pages.