Citations sur Le chant pour celui qui désire vivre, tome 1 : Heq (12)
On lui avait raconté que beaucoup de femmes Kutchin tuaient leurs filles à la naissance pour leur épargner une vie d'esclavage.
Mais ces chants semblaient peu convaincants aux oreilles de Shanuq, elle voyait bien qu'ils étaient sans magie.
La terre était leur mère et personne ne pouvait la posséder.
Les ancêtres l'avaient raconté et c'est pour cela que c'était vrai.
Les pensées s'accommodent mieux de la solitude.
Ôter nos oripeaux, ouaip qu’on était tenté de dire, afin de laisser la lecture prendre corps dans les nôtres.
Nous sommes une grande famille, dit-il, et nous avons un sang d'un fort mélange. Mais tout sang a la même couleur et rien ne se transforme. Nous sommes insignifiants, comme Heq nous l'a toujours dit, nous ne sommes rien. Aucun d'entre nous n'est capable de transformer en obscurité la lumière d'une nuit d'été. Nous ne vivons que parce que les esprits le souhaitent et lorsque nous mourrons, nous irons là où cela a été décidé.
La mort demande la vie et elle reçoit soit un refus soit un accord. La mort n'est pas tragique. Elle a de la dignité.
« Dans mon peuple, commença-t-elle, il est inha-
bituel qu'une femme prenne la parole. Chez nous,
seuls les hommes parlent, parce qu'on considère
qu'une pauvre femme n'a rien à dire d'intéressant.
[…]
Je voudrais vous parler du loup,
qui est l'animal qui ressemble le plus à l'homme. Je
connais le loup, puisque Manito, qui est le Grand
Esprit de mon peuple s'est montré à moi sous la
forme d'un loup blanc lorsque j'étais toute jeune.
Les loups sont commes les hommes, eux aussi ils
s'entre-tuent, chassent en groupe et ramènent de la
viande aux plus âgés et aux faibles. Comme nous, ils
tuent les vieux et les malades, non par méchanceté
mais par nécessité. Mais peut-être le loup est-il un
peu plus sage que l'homme, car si parfois nous mou-
rons de faim, cela m'arrive presque jamais aux loups.»
pp.274-5.
« […] Nous
sommes insignifiants, comme Heq nous l'a toujours
dit, nous ne sommes rien. Aucun d'entre nous n'est
capable de transformer en obscurité la lumière d'une
nuit d'été. Nous ne vivons que parce que les esprits
le souhaitent et lorsque nous mourrons, nous irons
là où cela a été décidé.»
pp. 257-8.