Incipit
– Laure, si tu voyais comme c’est magnifiiiique ! Je suis au cinquante-et-unième étage de la Mori Tower face à une forêt de gratte-ciels, une forêt qui scintille de mille feux ! Un peu comme les guirlandes lumineuses d’un sapin en version XXXL.
J’ai la gorge nouée par l’émotion, je ne peux pas parler. J’essaie d’imaginer Justine, ma Best Friend, en haut de cette tour immense, si loin de moi et de Paris…
– Tu ne peux pas rêver mieux pour ton premier séjour.
– C’est clair, continue Justine. Je viens à peine d’arriver à Tokyo et j’en ai un aperçu incroyable, de nuit.
– Tu m’enverras un selfie ? je lui demande.
– Promis, mais là, je dois te laisser, Laure. Sayonara !
Je soupire en reposant mon portable. Justine a quitté la France il y a quatre jours et elle me manque déjà.
Dans l’heure qui suit, je prends un cours d’écriture japonaise. Justine se joint à nous. Pour m’aider à écrire sur le dessin, Sakura nous explique le principe de l’alphabet japonais. Il est constitué de trois alphabets qui se complètent : les hiragana, les katakana et les kanji.
– Ce sont les caractères chinois, appelés aussi kanji en japonais, qui sont les plus utilisés pour écrire, nous dit Sakura. Il est difficile d’apprendre TOUS les kanji existants puisqu’il y en a environ 40 000. Au long de notre scolarité, on en apprend environ 2 000 « officiels ». Combinés entre eux, ils forment plus de 10 000 mots…
– Dans l’immédiat, on va essayer d’en retenir deux ou trois, bougonne Justine. Et pas d’interro en fin de séance, steuplaît, Sakura !
– Certains kanji sont plus explicites que d’autres, donc plus faciles à retenir. Par exemple, le Japon s’écrit Nihon avec les deux kanji « origine » et « du jour », ce qui peut être lu comme « Pays du Soleil levant ». Karaté, lui, est composé de deux kanji qui signifient « main » et « vide » ; c’est logique pour un art martial qui se pratique sans armes. Tebuki signifie « poignet » et il s’écrit avec les deux kanji « cou » et « de la main ». Pour la cheville, on peut lire « cou » « du pied ».