Les Sept Soeurs, tome 5 : La Soeur de la Lune

Au loin, je distinguais des nuages gris suspendus au-dessus d'un autre terrain montagneux. De temps à autre, nous croisions une maison en pierre d'où s'échappaient des volutes de fumée. Le crépuscule tombait rapidement et les nids-de-poule étaient de plus en plus nombreux. La suspension de la vieille Land Rover était quasi inexistante tandis que Cal nous conduisait à travers un certain nombre de ponts étroits en dos d'âne qui chevauchaient des torrents, signe que nous grimpions de plus en plus.

Un an plus tard, ayant connu les quatre saisons dans les Highlands, je savais qu'à l'arrivée du printemps, la bruyère illuminerait les collines d'un doux violet et que le loch brillerait d'un bleu tranquille sous un soleil bienveillant.

L'étendue urbaine disparut bientôt et nous nous retrouvâmes sur une route sinueuse entourée de collines couvertes de touffes de bruyère et piquetées de conifères calédoniens. Le sommet des collines était voilé d'une épaisse brume grise et, au détour d'un virage, un loch apparut sur notre droite. Sous la bruine, il me faisait penser à une immense flaque grise.

- La vie est une question d'intuition, avec un soupçon de logique. Si tu apprends à utiliser les deux dans les bonnes proportions, toute décision que tu prendras devrait être la bonne, avait-il ajouté un soir que nous regardions la pleine lune s'élever au-dessus du lac Léman, dans son jardin privé à Atlantis.

Fais confiance à tes instincts, Tiggy, ils ne te décevront jamais.

Cela ne sert à rien de regretter ce que l'on perd, il faut accueillir ce qui nous attend.

Peut-être que là-bas tu commenceras à comprendre que tu ne peux pas sauver toutes les créatures qui croisent ton chemin. Et cela vaut également pour les représentants de l'espèce humaine, ajouta-t-elle avec un sourire ironique. Tu dois apprendre à accepter que les animaux et les hommes doivent suivre leur propre destin. La seule chose que tu puisses faire, c'est de les aider de ton mieux.

- Etant donné votre parcours, je suis certain que vous savez comment l'équilibre de la nature écossaise a été détruit par l'homme. Il n'y a plus de prédateurs naturels, tels que les loups et les ours, pour maintenir la population des cervidés sous contrôle. Désormais, cette tâche nous incombe. Au-moins nous pouvons l'accomplir aussi humainement que possible.

Cela ne sert à rien de regretter ce que l’on perd, il faut accueillir ce qui nous attend.

- C'est si paisible ici, si beau. Je l'avais oublié. Peut-être que je ne me rendais pas compte de ce que j'avais.
- C'est la même chose pour tout le monde, querida mia, jusqu'à ce qu'on le perde. J'ai appris que le secret du bonheur était d'essayer de vivre pleinement l'instant présent.